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GLNF / SCPF-REAA : la Lettre de Servel aux Frères du REAA de la GLNF

Suite de l’affaire « GLNF / SCPF-REAA.. ».

Jean Pierre Servel, Grand Maître de la Grande Loge Nationale Française (GLNF) a tenu à clarifier, à nouveau, la situation face aux déclarations de Jean-Luc Fauque, Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil pour la France du REAA (SCPF-REAA).

Le Grand Maître juge que la  « vision « européenne continentale » du SCPF-REAA est très différente de la situation rencontrée dans le reste du monde » et met les frères de la GLNF devant un choix :

  • une maçonnerie régulière et reconnue fonctionnant sur les basic principles ou standards of recognitionque chaque Grande Loge Régulière a fait siens
  • et l’aventure – que l’on ne peut reprocher aux Frères de la Confédération de trouver exaltante – que constitue la création d’un conglomérat principalement écossais, réuni autour des Suprêmes Conseils qui contrôlent plus ou moins directement les obédiences qui y sont rattachées

Voir le courrier de Jean Pierre Servel  aux Frères du REAA de la GLNF :

Très Chers et Bien Aimés Frères,

C’est avec tristesse que j’ai pris connaissance de la déclaration du Souverain Grand Commandeur Jean-Luc Fauque aux membres du Suprême Conseil pour la France.  

Croyez que ma seule préoccupation en la circonstance est de rendre la situation que nous traversons la moins pénible possible pour tous et, en particulier, pour nos Frères de la GLNF membres du Suprême Conseil pour la France. Il est essentiel pour cela de garder en toute circonstance une attitude fraternelle et respectueuse des options de chacun.

Il serait souhaitable que le Souverain Grand Commandeur Jean-Luc Fauque prenne un peu de hauteur et veille à modérer le ton de ses propos. Sans porter de jugement de valeur, personne n’ignore la part active que les instances dirigeantes du Suprême Conseil ont prise à la situation que nos Frères du REAA sont aujourd’hui contraints d’affronter. On peut en juger à travers l’histoire de la création de la GL-AMF et l’historique des propres discours et déclarations de Jean-Luc Fauque (ci-joint, pour mémoire et en copie, les textes de son discours de décembre 2011 et de sa déclaration d’avril 2012). Ces textes montrent à l’évidence qu’il n’ignorait rien des considérations conduisant le Suprême Conseil à être aujourd’hui en contradiction avec ses propres constitutions et règlements.

Depuis 2012, le Suprême Conseil argue avec constance de la régularité des Frères de la GL-AMF au motif que ces derniers ont été initiés dans une Grande Loge Régulière, la GLNF. Au sens où les Grandes Loges Régulières et reconnues l’entendent, la « régularité » d’un Frère n’est pas un « label ». Elle est tout simplement liée au fait qu’il soit membre d’une obédience régulière et reconnue officiellement comme telle. Jean-Luc Fauque en fait lui-même la démonstration dans son discours de décembre 2011.

D’ailleurs, s’ils étaient si sûrs de la régularité des Frères de la GL-AMF aux yeux des Grandes Loges Régulières, on peut se demander pourquoi les dignitaires du Suprême Conseil ont pris la précaution d’être membres de Grandes Loges Régulières reconnues et non de la GL-AMF. Il y a ce que les dirigeants du Suprême Conseil ontfait… et ce que qu’ils ont dit aux Frères qui leur ont fait confiance.

Pour désagréable que soit, pour le Suprême Conseil, le fait de considérer lucidement les conséquences de l’erreur commise en participant activement à la création de la GL-AMF, tout le monde sait bien que l’issue de la situation ainsi créée était devenue inéluctable. En effet, qu’en est-il aujourd’hui ?

Ne parlons pas des « cicatrices » encore fraîches qui émaillent encore, hélas pour des années, les relations entre les Frères de la GLNF et de la GL-AMF. Quel que soit notre élan fraternel, quel que soit le désir de vouloir concilier les contraires, laisser la situation perdurer aboutirait à entraîner les Frères du Suprême Conseil de notre obédience dans une voie que ne nous jugeons pas régulière, avec un effet de flou sur les principes qui conditionnent cette régularité : primauté donnée à la liberté de conscience sur toute autre considération, conception devenue de ce fait ambiguë du vocable de « Grand Architecte de l’Univers », principes d’inter-visite laissés à la liberté de chaque Loge et de chacun.

Ces choix sont ceux de l’obédience que le Suprême Conseil a directement suscitée, ce dernier les cautionne. Nous avons tout lieu de les respecter, je les respecte et vous engage à les respecter. J’engage les Frères qui les adoptent à les assumer sereinement et sans agressivité. Je considère néanmoins de mon devoir de ne pas vouloir y associer les Frères de la GLNF.

Croyez bien que je suis le premier à me soucier du climat difficile qui risque de s’installer durant le moment que nous sommes contraints de traverser. Essayons de vivre ce moment sereinement et de nous tourner, les uns et les autres, vers l’avenir. Les positions sont claires désormais et je m’engage à ne pas les troubler par des postures agressives. Il serait souhaitable que le Souverain Grand Commandeur fasse de même. Il convient en effet de laisser les Frères de nos corps maçonniques respectifs se déterminer en paix, sans attiser des sentiments néfastes par des attitudes peu fraternelles.

Le choix de tous les Frères issus de la GLNF se situe entre :

  • une maçonnerie régulière et reconnue fonctionnant sur les basic principles ou standards of recognitionque chaque Grande Loge Régulière a fait siens
  • et l’aventure – que l’on ne peut reprocher aux Frères de la Confédération de trouver exaltante – que constitue la création d’un conglomérat principalement écossais, réuni autour des Suprêmes Conseils qui contrôlent plus ou moins directement les obédiences qui y sont rattachées, sous la forme que Jean-Luc Fauque traduit très bien dans son discours de décembre 2011, lorsqu’il parle « d’une continuité spirituelle homogène, depuis le premier degré jusqu’au dernier », affirmant également que « la plénitude du Rite écossais ne peut se ressentir que dans un climat serein et homogène du premier au dernier degré. La progression scalaire de son développement s’inscrivant dans une unité-totalité. »

Cette vision « européenne continentale » est très différente de la situation rencontrée dans le reste du monde. Les Frères des Suprêmes Conseils américains ou anglais n’abordent le Rite Écossais Ancien et Accepté que dans les Loges de perfection, à partir du 4ème degré, pour le poursuivre dans les degrés capitulaires et au-delà. D’une rive à l’autre de l’Atlantique ou de la Manche, nos points de départ sont certes différents, mais quel que soit notre cheminement, si l’on appartient à une Grande Loge Régulière, l’ambition initiatique de chacun doit être la même. Elle doit le conduire dans la Lumière à une communion dans la compréhension personnelle et partagée qu’il a du Grand Architecte de l’Univers et de lui-même.

Pendant presque 50 ans, notre obédience a permis à des Frères de plus en plus nombreux de pratiquer le REAA avec bonheur et de se perfectionner dans une Juridiction parfaitement souveraine. Ce dispositif global est donc possible et réaliste. Croyez que je serai pour ma part attaché à ce que nos Frères du REAA puissent tous très vite à nouveau pratiquer leur Rite dans la sérénité et la qualité et, selon leur désir, trouver une voie sereine de perfectionnement initiatique les conduisant à l’aboutissement d’eux-mêmes.

Chacun a une construction personnelle à vivre. Conformément aux principes de régularité, il ne m’appartient pas d’intervenir dans le processus qui conduirait à la construction d’une Juridiction régulière pour le REAA mais sachez qu’avant de rentrer en relation amicale avec une Juridiction qui se serait constituée et qui respecterait les principes de régularité, notamment dans la composition de ses effectifs, je serai très attentif à la qualité de son projet, tout en m’interdisant, bien évidemment, toute ingérence dans son entière indépendance et autonomie.

Il ne m’appartient pas de vous en dire plus et je vous souhaite courage, lucidité, mais aussi sérénité dans le choix que vous devez faire.

Recevez, Très Cher et Bien Aimé Frère, l’assurance de ma fraternelle affection.

Jean-Pierre Servel, Grand Maître

ADDENDUM AU MESSAGE DU GRAND MAITRE // PRÉCISION QUANT À L’INTERRUPTION DES CONVERSATIONS AVEC JL FAUQUE

Dans le courrier qu’il a adressé au Grand Maître, le Souverain Grand Commandeur prétend que « des structures écossaises de hauts grades sous l’égide de la GLNF » auraient utilisé les rituels du SCPF grossièrement modifiés.

Déjà au mois d’avril, sans prendre la peine de téléphoner au Grand Maître dans l’esprit fraternel de leurs rencontres d’alors pour s’assurer de la véracité de ce qu’il supposait, Jean-Luc Fauque a fait parvenir secrètement au Suprême Conseil anglais et sans en avertir Jean-Pierre Servel, les documents incriminés. De cet envoi, il essayait, avec le succès que l’on sait, de tirer argument contre la reconnaissance de la GLNF, précisant en outre qu’une période d’hostilité s’ouvrait avec la GLNF.

Cette démarche, qui a profondément choqué nos amis anglais, nous a définitivement convaincus, si besoin était, de ne pas prolonger avec le Suprême Conseil des conversations qui nous sont apparues dès lors comme manquant singulièrement de sincérité. À l’instar des structures de hauts grades écossais dont il était fait mention, le document transmis et dont elle a appris l’existence lorsqu’il lui a été retransmis, échappait totalement au contrôle de la GLNF, étant le fait d’une maison d’édition indépendante (Les Éditions de l’Édifice) dont le dirigeant, Max Bougrier est un frère de la Grande Loge de France, qui avait pris l’initiative de l’éditer en mentionnant la GLNF sans en référer à quiconque. Un courrier recommandé a été adressé à Monsieur Bougrier, lui intimant de cesser immédiatement l’édition de ce document.

A.S.: