Communiqué de la Grande Loge Mixte de France (GLMF) à l’occasion du 1er mai 2013 pour l’hommage rendu aux insurgés de Mai 1871 intitulé « Un appel au réveil de nos consciences républicaines » : l’obédience proclame que la République, la Démocratie, la Laïcité et la Femme sont en danger, et appelle avec les obédiences maçonniques françaises à travailler ensemble sur ces fractures, sur ces secousses de l’opinion qui fragilisent un peu plus chaque fois l’édifice républicain !
La Commune de Paris marque un temps fort dans l’histoire nationale comme dans l’histoire de la Franc-maçonnerie Française. C’est pourquoi chaque année, toujours plus nombreux et à l’initiative du Grand Orient de France, nous rendons hommage aux insurgés de Mai 1871.
Laboratoire de laïcité, de solidarité, d’éducation et d’émancipation du peuple ouvrier, la Commune marque une tentative d’avancée sociale sans précédent dans l’histoire de France.
Elle nous inspire encore aujourd’hui.
Mardi 23 avril dernier, l’Assemblée nationale s’est prononcée par un vote solennel pour l’adoption définitive du projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe.
A la Grande Loge Mixte de France, nous avons choisi l’occasion de ce premier mai, à la forte symbolique, pour marquer notre attachement au progrès social, au progrès des libertés individuelles et pour saluer l’avancée que constitue ce pas franchi vers plus d’égalité.
Notre vocation humaniste, notre engagement de tolérance, nos principes de liberté, d’égalité et de fraternité, nous portent chaque jour à déceler, dénoncer et combattre toute forme de discrimination sociale, ethnique, religieuse ou sexuelle. Nos engagements de Francs-maçons nous poussent à porter hors de nos temples le fruit de nos indignations, comme nos Frères communards sont montés aux barricades pour défendre leur idéal de progrès et de concorde.
Face aux polémiques récentes et à la radicalisation des positions parlementaires, face aux discours de haine, aux appels à la guerre civile de personnalités publiques, il est non seulement urgent d’agir et de faire connaître notre point de vue, mais aussi de prendre conscience du danger.
Aujourd’hui nous dénonçons avec force l’homophobie croissante révélée par le débat sur le mariage pour tous. Mais au-delà, nous sommes tous, quelles que soient nos orientations sexuelles et nos conceptions du couple, choqués par l’image que nous renvoie cette France haineuse, obstinée et égoïste.
A la GLMF, nous recevons tous les mois plusieurs dizaines de lettres anonymes qui mèlent homophobie, racisme, antisémitisme et anti-maçonnisme. Elle cristallisent les arguments de cette rue qui ne crie plus son désir d’égalité et de justice sociale, mais un peu plus chaque jour stigmatise, accuse et discrimine.
Certains faits, certains discours témoignent des faiblesses d’une démocratie malade, où la crise de la représentation politique, avivée par les médias, représente un danger croissant dont il faut prendre la pleine mesure.
Oui, la République est en danger quand une grande partie de la droite républicaine adhère aux théories et arguments du Front national,
Oui, la Démocratie est en danger quand des décisions parlementaires sont remise en question par la rue, livrée aux groupuscules d’extrême droite.
Oui, la Laïcité est en danger quand les pouvoirs religieux cherchent à imposer un modèle d’existence nourri par des principes d’un autre âge.
Oui, la Femme est en danger, quand ces mêmes groupes prônent une image archaïsante de la famille et des rôles qui sont dévolus par une soi-disant nature à la Femme, tout juste ravalée au rang de matrice reproductive.
C’est parce que nous pensons que les ennemis du « Mariage pour tous » mènent un combat contre l’égalité et contre la liberté, qu’il convient d’en prendre acte aujourd’hui avec fermeté.
Pour cela nous avons décidé, au sein des obédiences de la Maçonnerie Française et à l’initiative de notre Frère José Gulino, Grand Maître du Grand Orient de France, de travailler ensemble sur ces fractures, sur ces secousses de l’opinion qui fragilisent un peu plus chaque fois l’édifice républicain.
Nous souhaitons tous que cette journée soit une journée de l’Egalité, car la mémoire de la Commune résonne toujours en nous. Mais il faut qu’elle soit aussi une journée d’éveil et de vigilance de nos consciences républicaines.
François Padovani, Grand Maître