GLDF ET LE DÉISME : UN DOCUMENT HISTORIQUE  

          GLDF ET LE DÉISME : UN DOCUMENT HISTORIQUE  

Le Conseil Fédéral de la GLDF a examiné la demande du SCDF d’entériner dans les textes fondamentaux et les rituels de l’obédience, sa décision de caractériser de « Déiste » le REAA  Nous allons découvrir à l’aide du document « historique » ci-dessous, comment le Conseil Fédéral a  répondu à cette demande en toute liberté et souveraineté.

                     Procès-verbal du Conseil Fédéral

                Tenue extraordinaire du 27 mars  2018 

Présents : 25 –  Absents : 8

Excusés : les TTRRF anciens GM et GM honoris causa

Communication du Très Respectable Grand Maître

« Le Suprême Conseil a décidé unilatéralement que le REAA était « déiste ». Le Très Puissant Grand Commandeur du Suprême Conseil de France m’a adressé un courrier me demandant de traduire cette décision dans la Constitution et les  Règlements Généraux de la Grande Loge de France. Par ailleurs il propose que la Commission mixte des Rituels se réunisse afin d’adapter les rituels à cette nouvelle définition du REAA, notamment dans les invocations et dans les serments. J’ai donc décidé de cette réunion exceptionnelle du Conseil Fédéral afin d’examiner cette demande de la Juridiction en vue de décider du principe de saisir les Loges de l’examen  des demandes de la Juridiction. Je vous prie de vous exprimer franchement en toute liberté. Je donne la parole au TRF Grand Orateur,  pour répondre à toutes les questions que vous  lui poserez. »

TRF Grand Orateur : « La parole circule ».

Le TRF Thomas : « Je pense que les premières questions que nous devons nous poser sont la suivantes : s’il y a déisme, c’est qu’il y a Dieu ! Alors de quel Dieu s’agit-il ? Ce déisme est-il du théisme dilué  dans de la « spiritualité écossaise « ? « Définissez-moi d’abord ce que vous entendez par Dieu et je vous dirai si j’y crois » …disait  Albert Einstein »

Le TRF Grand Orateur : « Je pense traduire fidèlement la pensée du Suprême Conseil en disant que l’on n’a pas à donner de contenu au concept de Dieu qui figurera dans une formule future de « Grand Architecte de l’Univers qui est Dieu «. Bien entendu tous les adhérents devront traduire cette croyance  dans leur prise de serment. Ceux qui n’adhéreront pas auront l’intelligence et l’honnêteté de démissionner. »

Le TRF Samuel : « Et  s’ils refusent, on leur demande de démissionner ou l’on fait prononcer leur exclusion par le Jury Fraternel de la GLDF en grande partie composé de membres de la Juridiction ? »

Le TRF Paul : « TRF Grand Orateur permets moi de te dire que cette affaire n’est pas aussi évidente que cela. En effet, tant que l’on se referait au GADLU en disant que c’était un symbole et que chacun pouvait mettre le contenu qu’il voulait cela passait assez bien. Mais à partir du moment où l’on met un signe d’égalité entre les deux éléments  « GADLU = Dieu » on détruit le GADLU qui n’est plus un symbole car il a un contenu unique qui est Dieu. Si ce déisme est flou, profanes et maçons n’y adhéreront pas.

Le TRF Grand Orateur : »  Une réponse à la définition du déisme est donnée dans notre présentation sur notre site internet.  Je lis : « La Grande Loge de France est attachée au principe de la liberté absolue de conscience. Elle ne suscite s’immisce dans aucune controverse touchant à des questions religieuses. Ainsi, la foi en un dieu révélé, personnel et transcendant n’est ni critiquée ni imposée. C’est à cette conception de la laïcité, respectueuse des convictions religieuses et spirituelles de chacun, que la Grande Loge de France invite ses membres. Se référant volontiers à la tradition déiste des Lumières, celle de Newton ou de Leibnitz, sa démarche n’est ni théiste ni athéiste, non plus qu’anticléricale. »

Gardons cette présentation et cela suffit.

Le TRF Samuel : Cela ne convient pas car c’est alambiqué à souhait et  hypocrite à pour ne fâcher personne ! Alors que maintenant il devrait être  clairement dit que le REAA est déiste ! Par ailleurs faire référence à Newton et Leibnitz en même temps est proprement stupide car ces deux penseurs n’ont pas la même conception de Dieu. Newton conçoit un dieu qui a fait le monde comme il l’entend et continue à agir sur lui comme le Dieu de la Bible l’avait fait pendant les six premiers jours de la Création. Leibnitz lui conçoit la liberté des hommes hors influence de Dieu qui a créée un monde parfait et qui depuis reste inerte.

Par ailleurs dire que « La Grande Loge de France est attachée au principe de la liberté absolue de conscience » devient ridicule car cette liberté ne s’applique plus dès que l’on se définit comme déiste. Enfin la « laïcité » qui à même sa Commission au sein de l’obédience  n’a plus de sens !

Le TRF Thomas : La référence à Dieu exclurait les  agnostiques et les athées. Mais cela exclurait aussi, les hindous qui sont polythéistes. Dans ce cas, adieu au « Centre de l’Union » et bonjour au communautarisme. Moi, qui suis le seul agnostique dans cette noble assemblée je serai aussi exclu !  Pour nombre d’entre vous qui êtes juifs ou catholiques, et donc théistes, ça ne vous gène pas d’être qualifié de déistes ? ».

Le TRF Grand Orateur : « TCF Thomas nous te reconnaissons bien là, à douter de tout, et à poser  de mauvaises questions ! »

Le TRF Marc : « Je suis d’accord avec ces analyses ! En effet il faudrait dans ce cas définir la liberté de conscience en précisant que c’est la liberté de pratiquer la religion de son choix, mais d’en pratiquer obligatoirement une et monothéiste,  et si c’était la religion catholique serait le nec plus ultra. Si comme l’a dit Protagoras « l’homme est la mesure de toute chose », c’est parce qu’il injecte du sens dans le monde. C’est aussi notre vocation de maçon humaniste. Si le divin prend la place de l’humain  la conscience disparaît, le monde est détruit.

Le TRF Pierre : «  Il y a bien de l’ambiguïté dans tout cela. Si le déisme se définit par l’absence de dogme or nous jurons sur un ouvrage porteur de la Révélation. Nous avons la Bible ouverte au Prologue de Jean qui pour les catholiques évoque « La Lumière » qui émane de Dieu et éclaire tout homme, son chemin et son salut. Si un profane ne veut pas prêter son futur serment sur la Bible il peut choisir un autre ouvrage sacré mais d’une autre religion dont on lui donne la liste dont les Védas des indous polythéistes. Et tous ceux qui ont fréquenté les hauts grades ont bien constaté qu’au 18^ème les Frères vivent le rituel de façon réellement christique voire mystique et non symbolique comme on veut toujours nous le faire croire. Dans ces conditions le  Grand Commandeur qui nous enjoint de croire en Dieu  aurait été bien inspiré de nous en donner une définition claire pour alimenter le débat. S’il n’y a pas de définition inutile d’insister !

Le TRF Grand Orateur : « il n’y a aucune ambiguïté dans tout cela, le REAA a des sources chrétiennes que l’on retrouve  logiquement dans ces rituels mais utilisées symboliquement. »

Le TRF Marcel : «  Comment TRF Orateur peux-tu te référer à la tradition déiste des Lumières et en même temps aux sources chrétiennes du Rite alors que tous les écrits de l’obédience suinte de religiosité ?»

Le TRF Samuel : L’exemple du 18^ème est bien choisi car c’est à ce niveau que les Frères vivent le rituel en chrétien et non en maçon et c’est bien parce que j’ai fait ce constat, que moi,  juif, n’étant pas  à l’aise, j’ai très vite démissionné ! D’ailleurs c’est depuis sa création par le marquis de Tilly énonçant la formule « Ordo Ab Chao, Ad Majorem Dei Gloriam » qu’on  travaille  à la gloire de Dieu au SCDF. Et il s’agit en plus, d’un Dieu trinitaire ce qui ne me convenait pas du tout. Alors je renvoie ces grands prêtres du REEA  à la grogne de l’Éternel qui dit dans le Talmud : «Si vous êtes sortis de votre grotte pour détruire mon monde, retournez-y ! ».

Le TRF Alain : « Afin de compléter ce que dit notre TRF Samuel souvenons nous qu’il fut introduit une prière à Dieu,  officielle, dans le REAA dès 1804. Et devinez par qui ? Alors le prochain ukase du Suprême Conseil va-t-il être de nous demander de réciter une prière de matines à laudes, et de complies à minuit plein?

Le TRF Marcel : Voltaire disait «  Le dieu du déisme c’est un dieu sans « attributs ». Et savez vous comment à la GLNF qualifie le déisme ? Je lis ce que j’ai relevé sur le site de l’obédience « Dans le déisme, Dieu est un concept qui répond à des formes académiques dont on se contente de reconnaître l’existence en tant qu’être suprême, mais sans révélation. Dans ce contexte, Dieu est neutre, indifférent, méconnaissable. Il est Eternel, et Immuable, excluant tout rapport avec le changement et le devenir. ». Et savez vous comment Le Figaro définissait ce mercredi la GLDF dans un article consacré au Frère Beltrame ? Il la qualifiait de « théiste » !

Le TRF Grand Orateur : « Si maintenant au sein du Conseil Fédéral de la GLDF on va chercher des textes de la GLNF ou au Figaro pour alimenter le débat Je suis surpris de ne pas entendre  les nombreux conseillers présents que je rencontre parfois en escalade dans la Juridiction ».

Le TRF Jacques : « Je suis l’un de ces membres que tu évoques TRF Grand Orateur et si tu veux que j’intervienne je vais le faire en tant que conseiller fédéral, ce qui est mon statut dans ce Conseil. J’estime que le Suprême Conseil  n’a pas à imposer à la GLDF  l’obligation de se caractériser comme « déiste ». C’est une ingérence inadmissible. Est-ce clair ? Je rappelle  que la GLDF peut parfaitement se détacher du marquage du REEA dans son identité comme elle le fit à plusieurs reprises au cours de son histoire. Ainsi le Grand Maître Richard Dupuy en 1964, lors de la crise avec le Suprême Conseil, fit remplacer la formule « Rite Écossais Anciens et Acceptés « par « Francs-Maçons Écossais Anciens Acceptés » montrant que notre Grande Loge était libre et insoumise.

Le TRF Grand Orateur : » Le Suprême Conseil n’impose rien à l’obédience mais qualifie le REAA ce qui est son droit puisqu’il est le garant du Rite pour la France et l’obédience a admis cette tutelle. »

Le TRF Paul : « N’ayons pas des pudeurs de presbytère ! L’obédience  dit qu’elle est mono-rite avec le REAA et donc quand on dit que le Rite est « déiste »  on qualifie  de fait la Grande Loge de « déiste ». C’est logique. Ensuite je ne me reconnais dans cette servitude volontaire envers ce que décide un samedi matin sur un coin de table, dans les étages de  Puteaux, un groupuscule de 33^ème se croyant seuls détenteurs du morceau de la vrai croix du REEA pour la France. Vous savez ce que disait Montesquieu : « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ». C’est ici, en ce moment que nous constituons ce pouvoir à opposer à l’arbitraire. »

Le TRF Grand Orateur : « TRF Paul tu n’as pas le droit de contester les décisions du Suprême Conseil qui s’impose à nous !».

Le TRF Paul : « Dans ces conditions cela a servi à quoi que des Frères se rebellent en 1894 et engendrent la Grande Loge  pour échapper au joug des religieux du Suprême Conseil si c’est pour se retrouver en servitude religieuse en 2018 avec un Ordre Écossais qui veut nous soumettre à sa religion. Est-ce qu’il faudra aussi supprimer la présence de l’équerre et du compas sur l’autel des serments afin d’effacer toute trace de Franc-Maçonnerie au profit de l’Ordre Écossais ? Je ne connais pas d’obédience maçonnique qui se réfère au déisme à partir du REEA.

Je n’en connais pas non plus qui font référence à une « spiritualité écossaise «  comme cela fut écrit dans une plaquette de présentation de l’obédience. Par ailleurs si le REAA est très répandu à travers le monde c’est au niveau des degrés latéraux, les « side degrees » et non des loges symboliques. Et les Juridictions théistes du REAA du monde anglo-saxon affirment que le rite est théiste et c’est bien pour cela qu’elles ont refusé le Manifeste du Convent de Lausanne.

Le TRF Thomas : «  Puisque nous mettons tout sur la table soyons tous francs sur toute la ligne. Quand un profane frappe à la porte du GODF  il est motivé soit par une démanche initiatique et par l’action pour le progrès de l’humanité. On ne lui demande pas  de glorifier Dieu ou le GADLU.

Quand le profane recherche les moyens d’une démarche à caractère mystique il va à la GLNF. Quand il est Maître à la GLDF et qu’il recherche lui aussi une démarche mystique, il va au SCDF où on lui propose de glorifier Dieu et Jésus. Mais comme l’écrivait Alain Graesel sur le blog de JLT « ceux  qui veulent travailler « A la Gloire du Très Haut » et ce n’est pas possible dans les loges de la Grande Loge de France ». Or on nous propose encore une formule de troisième voie basée sur une  spiritualité écossaise aux sources chrétiennes avec un dieu du Siècle des Lumières.

Le TRF Grand Orateur : « Je ne comprends pas cette intrusion du mysticisme dans notre débat. La GLDF propose des outils pour une démarche initiatique qu’elle ne qualifie pas de mystique !

Le TRF Jean : «  Tout ce qui a été dit  montre que la Grande Loge  est le cul entre un prie-Dieu et une chaise lorsque  elle veut se présenter comme une troisième voie entre celle de la GLNF et celle du GODF surtout si l’on se rappelle que certains de ses dirigeants penchent du côté du modèle GLNF, obédience théiste,  comme cela fut flagrant avec Bâle.

Le TRF Jacques : Les profanes qui viennent à la GLDF pour une démarche mystique peuvent vivre dans leur Loge avec cette motivation qui leur est personnelle. C’est alors une démarche intime et non collective. Encore une fois le mysticisme qui n’a rien à voir avec une démarche initiatique maçonnique, implique la communication personnelle avec Dieu et une croyance d’une  vie après la mort. Souvenons nous qu’en 1877 le GODF abandonne la formule de la croyance en Dieu et l’immortalité de l’âme » car les deux concepts sont indissociablement liés.

Le TRF Grand Orateur : « Si maintenant au sein du Conseil Fédéral de la GLDF on va chercher des textes du GODF pour alimenter le débat !

Le TRF Marcel : «  Quand le  Suprême Conseil  définit le Maçon  de la façon suivante : «  La devise « Deus Meumque Jus »  lui signale sa double nature  humaine et divine, relevant de l’Être universel dont il procède»

On a bien l’affirmation que Dieu a créée l’homme et que la spiritualité écossaise est théiste et légèrement créationniste !

Le TRF Claude : J’étais député au Convent en juin 2014 et avec la majorité des députés, à propos du GADLU, nous avons voté  la libre interprétation du symbole avec la liberté absolue de conscience. Les députés de la GLDF ne vont certainement pas se renier quatre ans plus tard parce qu’un groupuscule d’inconnus autoproclamés Grands Prêtres qu’il fallait imposer à tous un REAA déiste ! Le Convent verra dans ce déisme  un cache-sexe du  théisme et la clef de voute d’une spiritualité écossaise, religion de substitution qui ne veut pas dire son nom!! Dans ces conditions espérer voir les Députés voter pour un Rite « déiste » autant  espérer voir une yourte voler mais je vous dit tout de suite qu’aucun Mongol ne l’a observée à ce jour ! Convenons qu’on ne peut  soumettre la majorité des 34000 Frères à l’exigence dictatoriale de 8000 adeptes d’escalade dans les grades latéraux. Si l’obédience se porte bien depuis plus d’un siècle  avec le symbole  du GADLU maintenons le statu quo.

Je ne serai donc pas de la partie pour envoyer ce projet  « gadlucide  » du Suprême Conseil à l’examen des Députés !

Le TRF Thomas : « Quand c’est flou c’est qu’il y a un loup. Je dirai même que dans ce cas, c’est pas un  loup mais c’est une cohorte de « colins froids » comme  J-L Maxence qualifiait les membres du Suprême Conseil ».

Fou rire général

Le TRGM : « Merci TRFF pour vos contributions qui montrent que cette affaire me semble bancal. Merci à notre TRF Grand Orateur  d’avoir défendu le mieux possible la position du Suprême Conseil dont il est l’un des dignitaires connu et reconnu. Le TRGM en décembre 2014  a suspendu le processus de la CMF en avouant ultérieurement qu’il ne voulait pas risquer la perte de 5 à 10% des effectifs de l’obédience. Je ne veux pas, 4 années plus tard, en tant que Grand Maître de la Grande Loge de France,  risquer la perte de milliers de membres de notre obédience avec ce qui est au pire une nouvelle « chimère »,  au mieux un projet mal ficelé. Je ne peux envisager que l’on puisse exclure des Frères pour leur liberté de conscience qui est garantie par la Constitution depuis 1894. Je respecte trop nos Députés pour leur envoyer un projet qui claudique.

Je vous propose donc de voter pour la suspension de la démarche de présentation du projet du Suprême Conseil aux députés en Convent.

Résultat du vote : Pour : 24 – Contre : 1

Le TRGM : « Je vous remercie pour l’approbation de ma proposition. Ce sera finalement à mon successeur,  à partir de juin,  de reprendre cette affaire, puisque je descends de charge. J’aviserai le Très Puissant Grand Commandeur de la décision prise par le Conseil Fédéral de la deuxième Puissance Maçonnique de France, Libre et Souveraine,  et lui conseillerai fraternellement de revoir sa copie.

Je déclare close, la réunion extraordinaire du Conseil Fédéral de la GLDF.

Se non è vero è molto ben trovato – Giordano Bruno

VABADUS

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