L’occasion de découvrir une personnalité trop longtemps oublié…
Frédéric DESMONS (1832-1910) fut, concuremment,.ou tour à tour, pasteur de l’Eglise Réformée (1856-1881), député puis sénateur du Gard (1881-1910), et dirigeant de plus en plus important de la Franc-Maçonnerie de 1873 à 1910. DESMONS fut un homme politique de premier plan, et, bien qu’il ne fut jamais ministre, il inspira largement la politique de Défense Républicaine et le Combisme.
Frédéric Desmons est initié le 8 mars 1863 aux mystères maçonniques au sein de la Loge « L’Echo » du Grand Orient de FranceDevenu un personnage de premier plan, Frédéric Desmons est élu Président du Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France à cinq reprises : de 1889 à 1891, de 1896 à 1898, de 1900 à 1902, de 1905 à 1907, et en 1909… jusqu’à son décès en 1910. fondée à Nîmes quelques années plus tôt en 1857 par un certain Firmin Fatalot, cadre aux chemins de fer. Il y obtient tout à fait régulièrement les trois degrés symboliques.
La conférence sur Frédéric Desmons présentée par Walter Bloch membre de l’association Maison Frédéric Desmons, s’est tenue devant une quinzaine de personnes dont très peu de brignonnais. On pouvait toutefois noter la présence du maire et de son épouse, de la première adjointe et de deux figures locales dont les origines ne sont pourtant pas du village.
Cependant il y avait de quoi apprendre de ce personnage gardois. Walter Bloch s’est dit très ému, de pouvoir parler de Frédéric Desmons dans les murs mêmes où celui-ci était né et de montrer sa bibliothèque en attente d’inventaire.
« Pourquoi Frédéric Desmons est-il tombé dans l’oubli, Pourquoi ici même dans le Gard à part dans son village natal, aucune rue ne porte son nom ? ». Il y eut plusieurs réactions à cette question. Certains mirent en évidence le fait que Frédéric Desmons avait retiré sa robe de pasteur pour entrer en politique, ne voulant pas être le représentant d’une seule communauté. Il avait demandé également d’avoir des obsèques civiles et sans doute sa propre communauté ne le reconnaissait-elle plus.
« Pouvait-il en être autrement alors qu’il avait œuvré auprès des anticléricaux. N’a t’il pas agi par pure honnêteté intellectuelle ? Cela ne signifiait – il pas qu’il avait perdu la foi. Faut-il penser que sa propre communauté l’ait rejeté ? Son entrée dans la franc-maçonnerie en est-elle la cause ? ». Autant d’interrogations qui traduisaient l’intérêt du public présent laissant entendre qu’il y avait encore beaucoup à découvrir de ce personnage.
Mais ce que l’on peut retenir dès à présent c’est qu’il a participé aux grandes mutations de la fin du XIXè/s et du début du XXè/s, celles notamment des avancées sociales et de la laïcité de l’enseignement, un engagement qui dans le contexte social actuel mérite d’être valorisé.
Ce qu’il faut connaître de Desmons : *(par l’association maison Frédéric Desmons)
Frédéric Desmons est né à Brignon le14 octobre 1832. il fait ses études au collège d’Alais, à la pension Lavondès à Nîmes, puis à Genève et Strasbourg. Reçu docteur en théologie protestant en 1885 il est pasteur à Vézénobres, Vals-les-bains et St Geniès de Malgoires. Il entre en franc-maçonnerie le 18 janvier 1863 à Nîmes. Il accède aux plus hautes fonctions maçonniques. Frédéric Desmons a été Grand maître du Grand Orient de France. Il devient Conseiller général de Vézénobres en 1877. Député, sénateur du Gard en 1894, Frédéric Desmons participe activement à la vie politique du pays. Dans ses trois engagements, spirituel, maçonnique, politique, Frédéric Desmons militera sans relâche pour la liberté absolue de conscience.
Desmons Pasteur*
Après ses études secondaires, Frédéric Desmons est reçu docteur en théologie à Strasbourg. En 1846 il est pasteur remplaçant à Vézénobres et St jean du Gard. Il est consacré pasteurs à Ners. De l’Ardèche à la Gardonnenque, il exerce son ministère dans de nombreux villages : St Chaptes, Sauzet, Dions, Brignon entre autres. Frédéric Desmons conteste l’attitude autoritaire de certains pasteurs orthodoxes. Afin de couper court à l’amalgame malveillant à son encontre, il abandonne son ministère pastoral quand il brigue son mandat de député. « Bien que ma robe de pasteur, et c’est pour moi un devoir de le proclamer ici, ne m’ait jamais empêché de remplir mes devoirs de citoyen et ne m’ait dans aucune circonstance obligé à une capitulation de conscience…Bien que j’eusse désiré, puisque cette robe avait été à la peine, de la voir également à l’honneur…. A partir de ce jour je cesse d’être pasteur » (Extrait du discours du 1er juin 1881.)
Desmons Franc-maçon* (d’après l’allocution de bienvenue au Congrès internationnal de 1889)
« On raconte qu’un jour au Nord de l’Ecosse, par une matinée brumeuse, un fermier sortit de sa ferme pour se rendre au travail des champs. Mais à peine a-t-il mis le pied hors de sa ferme, qu’il aperçoit devant lui, à une certaine distance un être bizarre, informe qui se dirige vers lui.
Un sentiment de frayeur le saisit aussitôt. Il s’arrête. Le monstre redouble de vitesse. Mais quand il a franchi une certaine distance, la brume poussée par le vent et atténuée par un rayon de soleil discret, commence à se dissiper, il reconnaît que celui qui vient vers lui est un homme. Rassuré il marche maintenant au devant de lui. Un nouveau souffle, un rayon de soleil plus chaud font disparaître le brouillard complètement. Quel n’est pas alors son étonnement ! Cet homme, qu’il avait d’abord pris pour un monstre, c’était son frère qui venait lui rendre une visite matinale.
N’est ce pas là l’image saisissante de nos divisions, et de nos luttes ? ne sommes nous pas souvent les adversaires les uns des autres, parce que les brouillards épais des préjugés, des malentendus, de l’égoïsme nous obscurcissent la vue et créent devant nous des fantômes imaginaires. »
Desmons homme politique*
Dès 1871, Frédéric Desmons s’engage en faisant partie d’une délégation qui rencontre Thiers à Versailles pour éviter le bain de sang de la Commune. A partir de 1877, il est successivement conseiller général, député puis sénateur. C’est en tant que député que de 1881 à 1894, il s’occupe de l’enseignement primaire et de la laïcité. Elu sur la liste des radicaux du Gard, Frédéric Desmons soutient les mouvements sociaux et les lutte ouvrières : Fourinies, Carnaux, La grand Combe. Il plaide auprès du gouvernement pour que celui-ci trouve une issue à la révolte des vignerons en 1907.
Vice-président du Sénat, il accompagne Bartoldi à New-York pour l’inauguration de la statue de la Liberté. « La République sera démocratique et sociale ou elle périra »/ Conclusion de son premier discours au Sénat.
Voir aussi : Conférence sur Frédéric Desmons dans sa maison natale