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FRANC-MAÇONNERIES ET EXTRÊMES DROITES

Voici une belle analyse documentée de Stéphane François, Docteur en sciences politiques et historien des idées, il est maître de conférences à l’IPAG de l’université de Valenciennes sur  « Les Relations entre francs-maçonneries et extrêmes droites » paru sur le site « Fragments sur les temps présents« 

Extrait : 

Pour une proportion importante de la population, les expressions « franc-maçonnerie » et « extrême droite » sont opposés et inconciliables2. Cela est vrai dans une certaine mesure. Si l’opinion publique a gardé en mémoire les campagnes antimaçonniques de l’extrême droite, formulées dès l’apparition des clivages politiques au sens contemporain du terme, c’est-à-dire dès le début du XIXe siècle avec l’apparition de la droite contre-révolutionnaire (avec Augustin de Barruel, Joseph de Maistre ou Louis de Bonald par exemple), elle ne sait pas qu’il existe des exemples, moins connus, de militants d’extrême droite membres de loges maçonniques. Surtout, ces loges ne sont pas forcément des scissions ou des dissidences conservatrices ou d’extrême droite, mais des loges régulières, mêmes si elles sont parfois d’obédiences marginales…

Le mythe du complot maçonnique

L’un des premiers livres à condamner la franc-maçonnerie est celui d’un jésuite conservateur, antidémocrate et rejetant les idées des Lumières, Augustin de Barruel (1741-1820)3. En effet, le prêtre dénonce dans Mémoires pour servir l’histoire du jacobinisme, un ouvrage en 5 tomes paru à Hambourg entre 1797 et 17994, le rôle supposé des francs-maçons dans le déclenchement de la Révolution française. Toutefois, « il est précédé en cela par la brochure du comte Ferrand, publié à Turin en 1790, Les Conspirateurs démasqués. »5. Cependant, Ferrand voit surtout dans ce complot l’action d’un protestant, Necker. Barruel va plus loin : il estime que le complot est à la fois antichrétien, antimonarchique et cherchant à détruire la société d’Ancien régime. Les acteurs changent aussi : il ne s’agit plus d’un complot protestant, mais maçonnique. Cette idée se cristallisera dans les milieux catholiques intégristes. Pour s’en convaincre, il suffit de garder à l’esprit la prégnance du « complot judéo-maçonnique » dans ces milieux, comme le montrent les catalogues des Éditions Barruel, des Éditions Saint Rémi, les Éditions de Chiré et, sur Internet, la Bibliothèque Saint-Libère6. Récemment encore, le Vatican voyait dans la franc-maçonnerie une secte7…

A.S.: