Dans quelle mesure la Franc-maçonnerie at-elle influence le développement du sport : l’organisation des sports, la création de clubs, le développement de certaines pratiques sportives, etc. ? Originaire des îles britanniques, où elle s’est structurée au cours du XVIIe siècle, la franc-maçonnerie est une société initiatique, une école de perfection morale individuelle et collective, dans laquelle ses membres étudient des thèmes sociaux, philosophiques et symboliques de rituels ( et au-delà !), qui ils pratiquent et qui marquent leur progression initiatique (Dachez, 2008). Ses fondements éthiques, moraux et spirituels reposent sur un ensemble de valeurs (coexistence pacifique, tolérance, respect, fraternité universelle entre les peuples), dans cette ère mondiale.
Au XVIIIe siècle, le succès de la French-maçonnerie est fulgurant. Elle occupe une grande partie de l’espace social (Beaurepaire, 2013). Les francs-maçons ne pratiquent pas seulement les mystères de l’Art Royal, terme qui désigne la Franc-maçonnerie. Dans le passé, ils se défendaient également pour des moments sociaux, avec des chasses parties, des danseset des fêtes, des pratiques musicales et théâtrales amateurs ou professionnelles, etc. Ses Ordres sont au cœur de la vie de la société. Il n’est donc pas étonnant que les Frères s’intéressent aux jeux de société.
Le tir à l’arc était particulièrement visé. D’abord pratiqué par les nobles, il s’émancipe peu à peu et entre dans le monde des confréries (Saint Sébastien pour le tir à l’arc, au point qu’il fut tué, transpercé de flèches. On retrouve également Santa Bárbara pour les chevaliers arbalétriers et Saint Georges pour ses confrères arbalétriers) et les milices urbaines comme l’arc ont perdu sa capacité militaire.
Plusieurs rencontres entre loges maçonniques et jeux d’arc nobles ont eu lieu. En 1784, à Clermont-Ferrand (France), la plus importante des trois Loges de la ville, Saint-Maurice, rejoint les chevaliers du jeu à l’arc. La bonne société que l’on retrouve dans les colonnes officielles du temple Saint-Maurice fréquente l’assidûment du jardin des arches, où se pratique le tir, et conduit à la nécessité d’élaborer des statuts et des règlements. Deux ans plus tard, à Dunkerque, pays de prédilection du tir à l’arc, le Grand Orient de France (GOdF), l’une des principales Obédiences de France, reçoit une lettre de la confrérie des chevaliers arbalètes (arbalète, arbalète) sous le nom de Saint Georges de cette ville, qui souhaite légitimer ses œuvres maçonniques, fonde une Loge du même nom. La mère année 1786, le noble tir à l’arc de Paris est rénové par le duc de Montmorency-Luxembourg, qui n’est autre que l’administrateur général du GOdF.
Au Royaume-Uni, où est née la franc-maçonnerie, le golf est une autre activité récréative et sportive adoptée par les francs-maçons. Comme le tir à l’arc et ses variantes, c’est un jeu d’étiquette et un lieu de sociabilité festive (Webb, 1995).
Au milieu du XVIIIe siècle, le golf était en crise en raison du désintérêt de la dynastie régnante (Hanovre). Comme ce n’est pas à la mode, il voit les élites s’éloigner et souffrir d’un déficit de cadre réglementaire et organisationnel. Les règles ne sont pas figées et le golf ne se pratique pas au sein de sociétés bien établies. C’est, dans ce contexte, que les francs-maçons vont s’intéresser à cette pratique sportive. Ils essayent de s’amuser entre eux, en jouant au golf et en organisant des agapes (banquets) dans les clubs à la fin du travail à Loja. Le premier club authentique est l’Honorable Company of Edinburgh Golfers, fondée en 1744. La première pierre fut posée par William St. Clair de Roslin, en présence du Comité de la Société des Francs-Maçons. Le discours cérémoniel désignant tous les membres de la commission et ses statuts sont influencés par ceux de la franc-maçonnerie. William n’est ni plus ni moins que le Premier Grand Maître de la Grande Loge d’Écosse, élu en 1736. La fondation du club revêt donc une importance particulière. D’autres clubs prestigieux sont également d’origine maçonnique, comme la Royal Burgess Golfing Society of Edinburgh (1735) et le St. Andrews Club (1754).
En 1743, David Deas, Grand Maître de la Grande Loge de Caroline du Sud (USA), décide de créer un club de golf à Charleston. Il s’inspire des clubs britanniques et commande des balles de golf à Leith, en Écosse. Il convient de noter que cet exemple d’existence d’une authentique communauté maçonnique atlantique traverse d’importantes chaînes d’échanges, propices aux médiations culturelles.
Dans les golfs clubs, l’accueil des nouveaux membres s’effectue selon le modèle maçonnique, avec parrainage, acceptation qui est ensuite soumise à un vote par boules (blanches pour le vote pour ; noires pour le vote rejeter). Les candidats doivent passer des épreuves initiatiques et le club chante fréquemment des toasts et des salutations avec les tambours maçonniques « trois fois trois ».
Comme les golfeurs doivent se présenter en uniforme au club, les membres de la Royal Burgess Golfing Society décident d’acheter des tabliers maçonniques et de les décorer pour ces occasions. Aujourd’hui, la Friendly International Golf Fraternity maintient cette tradition.
Plusieurs francs-maçons jouèrent également un rôle actif dans la promotion des Jeux Olympiques de Londres en 1908. William Henry Greenfell, baron Desborough, Grand Surveillant de la Grande Loge Unie, présida à l’organisation des Jeux Olympiques et donna plus tard son nom à le rejoindre. Loge : « La Greenfell Lodge n° 3077. » Sportif de renom, il s’est illustré en nageant aux chutes du Niagara et dans la Manche, ainsi qu’aux championnats organisés dans la Tamise sous les couleurs de l’Université d’ Oxford contre Cambridge.
Il existe une relation entre la production de masse française et le sport. Une étude approfondie sur ce sujet au Portugal était nécessaire.
Victor Rosa