La prédisposition des deux courants quant au rôle plus ou moins actif, plus ou moins institutionnellement interventionniste de la franc-maçonnerie dans la société se traduit par des différences notables dans l’intervention politique.
La franc-maçonnerie régulière ne cherche aucune intervention politique en termes institutionnels. Parce que l’intervention politique implique une confrontation d’idées, elle comprend qu’il est normal qu’il y ait dans ses rangs des défenseurs des différentes idées en confrontation et elle ne revendique pas le droit de s’exprimer institutionnellement en faveur de certains de ses travailleurs et contre l’entente. d’autres de ses travailleurs. La franc-maçonnerie régulière est donc politiquement neutre. Chacun de ses ouvriers défend, dans la limite des Valeurs Essentielles de la Franc-Maçonnerie (aujourd’hui, heureusement, consensuelles dans le monde développé), les positions politiques qui lui conviennent. Pour la Franc-Maçonnerie Régulière, il est possible et normal que deux hommes politiques s’affrontent pour défendre des positions politiques divergentes, tous deux étant Francs-Maçons – et peut-être même rejoignant la même Loge ! L’objectif de la Franc-Maçonnerie Régulière est toujours le même : perfectionner ses ouvriers, en voulant qu’ils contribuent à l’amélioration de la Société. Quand vos travailleurs sont des politiciens, vous voulez seulement qu’ils soient de plus en plus de meilleurs politiciens, qui, défendant leurs idées, le font avec dignité, avec élévation, avec honnêteté, avec le sens du devoir et du service public.
La Franc-Maçonnerie Libérale, dans la mesure où elle pratique une intervention politique, défendant une position politique, aura tendance à rassembler des éléments de pensée tendant à être compatibles entre eux et avec le courant de pensée poursuivi par l’Obéissance. Il aura tendance à être plus efficace dans la défense des valeurs de l’institution. Elle est également « liée » aux conséquences des éventuels revers que pourrait subir la position politique activement poursuivie. En ce sens, il ne faut pas oublier l’identification historique de la Franc-maçonnerie avec la Première République et les conséquences subies lors de sa chute…
Je comprends qu’il soit insensé de prétendre, de manière absolue, à la supériorité d’un courant sur l’autre. Chacun des courants a sa propre orientation et sa propre pratique, qui seront certainement les meilleures pour ceux qui les accepteront et se sentiront à l’aise avec eux. Je comprends que, également dans ce domaine, les francs-maçons doivent tenir compte et pratiquer la vertu qu’ils considèrent comme leur prérogative, la tolérance. Chacun doit accepter la position de l’autre, même si (surtout quand) elle est différente de la sienne. L’Autre a autant droit que nous à ses convictions. Nous devons accepter les convictions des autres sans hésitation ni hésitation, tout comme nous avons le droit d’exiger que nos convictions soient respectées par les autres.
En termes d’intervention de la franc-maçonnerie dans la société, la question ne devrait jamais être de savoir qui a raison et qui a tort en matière d’intervention politique. Chacun, chaque courant, agit selon sa tradition. son évolution historique, sa façon de penser. En termes d’intervention de la Franc-maçonnerie dans la Société, le plus productif est de déterminer ce que chacun peut apporter à la Société, pour son bénéfice.
Et il y a beaucoup à faire et il est possible de le faire, dans différents domaines d’intervention : dans l’éducation environnementale et dans l’éducation à la santé, dans la promotion de l’égalité des sexes, ainsi que dans l’intégration de ceux qui, à quelque titre ou pour quelque raison que ce soit, toute condition, sont différents, en coopération avec des entités qui apportent assistance et solidarité à ceux qui en ont besoin, comme la promotion d’un développement juste, soutenu et intégrateur, l’attention aux plus jeunes ainsi que la considération et le soutien aux personnes âgées, la promotion de la formation ainsi que le soutien et profiter des arts. Dans de petites organisations ou actions locales menées par des Loges ou dans des objectifs plus larges coordonnés par des Grandes Loges ou des Grands Orients.
Réduire l’intervention de la franc-maçonnerie dans la société à la politique est, à mon avis, une réflexion trop petite, trop limitée et trop limitée. Il existe tout un ensemble de thèmes, de besoins, d’activités et d’interventions dans lesquels les francs-maçons peuvent apporter leur contribution. Et peut-être contribuer à changer et à améliorer notre Société de manière bien plus profitable qu’en nous mêlant de politique.
Attention, ne vous méprenez pas ! J’ai tout le respect pour tous ceux qui se consacrent à défendre la cause publique. Je ne me joins pas au bruit des dénigrements des politiciens. La politique est une activité noble, extrêmement utile à la société, à condition qu’elle soit menée avec des motivations et des comportements nobles. En ce sens, j’ai tout le respect pour tous les hommes politiques qui se comportent en bons francs-maçons (qu’ils le soient ou non). Ce que je ne veux pas, c’est voir les francs-maçons se comporter comme (certains) hommes politiques…
Rui Bandeira
publié sur le blog « From Stone »