Discours prononcé au Chevalier de La Barre 26 Juin 2021 – Fête de la laïcité interobédientielle
Discours prononcé par le Premier Vice-Président de la Fédération française LE DROIT HUMAIN : Amande Pichegru, le samedi 26 juin à Paris
LE DROIT HUMAIN est né en 1893 d’une transgression : celle de supprimer une injustice en permettant aux femmes d’accéder à la Franc-Maçonnerie, à égalité avec les hommes. Toutes les Loges du DROIT HUMAIN sont mixtes depuis sa création en 1893.
Ce principe fondateur, que les hommes et les femmes sont égaux et qu’ils peuvent avoir une démarche spirituelle et initiatique ensemble, est traduit dès la 1ère phrase de l’article 1 de sa Constitution : « L’Ordre Maçonnique Mixte International LE DROIT HUMAIN affirme l’égalité de l’homme et de la femme. »
Si l’égalité est dans le 1er art de la Constitution, « le principe de laïcité et le respect de la liberté absolue de conscience de chacun » sont dans le 3ème art. C’est cette liberté de conscience que nous fêtons aujourd’hui et, rendre hommage au Chevalier de la Barre, décapité et brûlé à Abbeville le 1er juillet 1766, c’est rendre hommage à son geste d’homme libre. En refusant de saluer une procession, il a affirmé sa liberté de conscience publiquement, il a revendiqué pour tout homme la liberté d’expression. En 2021, on harcèle et on assassine encore des êtres humains libres transmettant cet idéal de liberté, d’égalité et de fraternité qu’est la laïcité. En France même, Samuel Paty a été tué pour avoir transmis l’idéal de la laïcité, la jeune Mila est harcelée et menacée de mort.
La laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres, ni une simple conviction mais un principe qui autorise toutes les convictions dans le respect de la liberté de conscience et d’égalité des droits.
Le combat laïque est celui pour la mise en place d’institutions qui établissent les règles du respect mutuel dans une société en mouvement et marquée par la diversité grandissante des convictions et des croyances.
Ce n’est pas à la laïcité de s’adapter aux religions, mais l’inverse, parce que la laïcité se définit comme un cadre de conditions qui rend possible la coexistence des diverses options spirituelles.
Je cite Delphine Horvilleur “La laïcité française n’oppose pas la foi à l’incroyance. Elle est fondée sur la défense d’une terre jamais pleine, la conscience qu’il y reste toujours une place pour une croyance qui n’est pas la nôtre. La laïcité empêche une foi ou une appartenance de saturer tout l’espace. Elle affirme qu’il existe toujours en elle un territoire plus grand que ma croyance, qui peut accueillir celle d’un autre venu y respirer.”
Quelle que soit la religion, la donne reste la même : les conditions spirituelles n’engagent que leurs adeptes ; la République, elle, vise l’universel et l’émancipation.
L’affaire de Lyon, la marche contre l’islamophobie, l’Erasmus des religions, la diffusion de l’idéologie woke, tout cela vient nous rappeler que 245 ans après le bûcher d’Abbeville, 116 ans après la loi de 1905, le combat contre le communautarisme et les séparatismes, et pour l’Universalisme, est une nécessité constante.
Un point sur la laïcité dans l’Union européenne (source : site myeurop.info )
L’idéal de laïcité et d’émancipation est grandement menacé dans le monde.
En Pologne, comme en Irlande, l’Église exerce depuis des siècles une influence très forte. En Pologne, elle bénéficie de privilèges fiscaux et elle dispose, comme en Irlande, de propriétés foncières considérables.
Les clergés polonais et irlandais sont rémunérés directement par une Église opulente.
La très catholique Croatie est le pays européen qui finance le plus le culte juste derrière la Hongrie.
En Allemagne, tous les contribuables doivent indiquer leur religion. L’État prélève l’impôt ecclésiastique – 8 ou 9% de l’impôt sur le revenu- et le reverse aux Églises.
L’exception française : si l’Église et État ont été strictement séparés en 1905, deux territoires, l’Alsace et la Moselle, font exception : ils étaient allemands à cette époque. Après 1918, ils ont gardé leur spécificité en matière de gestion des cultes et curés, pasteurs, rabbins sont fonctionnaires. Par ailleurs, tous les écoliers suivent des cours de religion ou de morale. Si le cas de l’Alsace Moselle est connu, il ne faut pas oublier celui de nos territoires ultra-marins.
Dans presque tous les pays à majorité catholique, bien qu’il y ait séparation officielle entre l’État et les églises, les conditions d’exercice de la religion dominante sont réglées en vertu d’un accord formel entre l’État concerné et le Vatican.
En revanche, dans plusieurs pays à dominante protestante, il existe une « religion d’État », l’Église anglicane en Angleterre, nos voisins européens, et l’Église luthérienne au Danemark et en Finlande.
En Grèce, la constitution stipule que la religion dominante est celle de l’Eglise orthodoxe orientale qui bénéficie d’exemptions fiscales, et les religieux ont un statut de fonctionnaires payés par l’État.
Si la place des Églises reste importante dans le cadre des institutions de la plupart des pays européens, la place et surtout les privilèges de l’Église sont de plus en plus contestés. Des débats surgissent partout en Europe et les relations entre sphère publique et sphère religieuse se complexifient. Les principes de la laïcité font toujours l’objet de débats car diversement interprétés.
En conclusion, je souhaite rappeler que les francs-maçons de la Fédération Française LE DROIT HUMAIN, fidèles à l’esprit de leurs fondateurs Maria Deraismes et Georges Martin, réaffirment leur attachement à la République Laïque, Démocratique et Sociale.