Anne Guyaux, ancienne journaliste et professeure de philosophie est entrée dans une loge maçonnique à l’âge de 50 ans. Elle démystifie cette communauté.
ÊTRE FRANC-MAÇONNE AU DELÀ DES RUMEURS par Maëlle Ceola paru le 16 janvier 2023 sur le site Mammouth Media
Comment êtes-vous entrée dans la franc-maçonnerie ?
J’avais connaissance de ce milieu, car mon père avait beaucoup d’amis francs-maçons. Lorsqu’on m’a « approchée » pour me proposer de devenir franc-maçonne, j’avais 35 ans, des enfants et un boulot qui me prenait beaucoup de temps. Ce n’était pas le bon moment. Puis, j’ai rencontré les amis francs-maçons de mon mari et ça m’a complètement dégoûtée. J’y ai vu des machos comme je n’en avais jamais vu nulle part ailleurs. Après cela, j’ai attendu 15 ans avant de me décider à entrer dans la franc-maçonnerie.
Qu’est-ce que la franç-maçonnerie représente pour vous ?
Au départ, c’était une expérience parmi d’autres. Intéressante, mais sans plus. Puis, j’ai fait deux trois expériences d’une belle solidarité. C’est une aventure humaine. On apprend à connaître les gens d’une manière différente.
Comment s’organise la franc-maçonnerie en Belgique ?
Il y a différentes obédiences. Historiquement, la première est le Grand Orient de Belgique (GOB). Il s’agit de loges d’hommes qui sont très désireux de rester entre eux. Ensuite, il y a Les Droits Humains, c’est une obédience mixte. Il y a une majorité de femmes, car les hommes se dirigent souvent vers le GOB. Puis, il y a la Grande Loge Féminine de Belgique (GLFB), qui est constituée de loges exclusivement féminines. Au sein d’une même obédience, le fonctionnement diffère un peu d’une loge à l’autre.
Est-ce qu’avoir des loges uniquement constituées d’hommes ce n’est pas un peu contradictoire ?
C’est complètement crétin. Ils disent travailler au progrès de l’humanité, mais en en excluant la moitié de celle-ci. C’est une approche très rétrograde.
Comment évolue la place de la femme dans la franc-maçonnerie ?
Historiquement, on vient de loin, mais comme dans tous les secteurs de la société, il faut du temps. Les femmes sont confrontées à un plafond de verre. Dans l’obédience des Droits Humains, qui est constituée de loges uniquement mixtes, plus on monte dans la hiérarchie, plus il y a d’hommes. Pourtant, 75% des francs-maçons sont des femmes. Et même dans les médias, l’image de la franc-maçonnerie reste très masculine. Quand on parle des francs-maçons, on parle du GOB et des hommes. C’est très rare de voir des femmes. Ceci contribue à véhiculer cette image d’une franc-maçonnerie exclusivement masculine, blanche, riche et machiste.
Vous avez des rituels… À quoi servent-ils ?
Les rites, ça permet de sentir qu’on n’est pas dans la vie profane. C’est comme un sas de décompression. Ils permettent de faire la transition avec le monde extérieur. Tu n’es pas en train de discuter à une table de bistro. Il y a des règles. On doit demander la parole et ne jamais couper l’autre. On ne peut prendre la parole qu’une fois. Cela nous oblige à réfléchir. On ne dit pas ce qu’on pense, on pense ce qu’on dit.
Comment devient-on franc-maçon ?
Généralement, un franc-maçon de ton entourage se dévoile et te propose de le devenir, car il pense que cela te correspond. Il y a des personnes qui entendent une émission sur le sujet, qui se documentent et que ça attire. Dans ce cas-là, ils écrivent aux obédiences via internet. L’entrée de chaque candidat est soumise à un vote au sein de la loge.
Qu’est-ce qui est demandé au franc-maçon ?
On lui demande d’être un homme probe et libre. Il est droit, il fait les choses bien et il n’abuse de personne. Il n’impose pas ses convictions personnelles à la société. Sinon, il devient dogmatique. On ne peut pas être franc-maçon et être opposé à l’avortement, mais on peut se dire qu’à titre personnel, on ne voudrait pas y recourir.
Il y a une cotisation à payer lorsqu’on est franc-maçon. Quel est son montant et à quoi sert-elle?
Elle est de 22 euros par mois. Ça permet de louer les locaux et de payer les frais d’administration. Il y a une organisation nationale et des salaires à payer. Au-delà de cela, cela nous permet de faire des dons, un peu comme à l’église. On est une société philosophique et philanthropique. Nous sommes dirigés vers l’humain. Il y a des aides accordées à des associations pour des personnes qui ne font pas partie de la franc-maçonnerie et il y a des aides au sein même de la communauté.
Qu’est-ce qui vous différencie d’une secte ?
On dit toujours que dans une secte on entre très facilement parce qu’on se fait enrôler. On est endoctriné. En franc-maçonnerie, la liberté de pensée et la liberté d’expression sont primordiales. Lorsque tu es dans une secte, tu en sors difficilement. Alors que quand tu es franc-maçon, si tu n’as plus envie d’y aller, tu n’y vas plus. Puis, il n’y a pas un gourou qui dirige. Il y a une personne qui est élue pour trois ans. Elle n’a pas de pouvoir, mais un devoir de fédération.
Vous avez conscience de l’image que vous avez dans la société, pourquoi ne pas la changer ?
La question revient chaque fois. Pourquoi ce secret ? La justification est historique. Pendant la guerre, il y a eu des listes de francs-maçons qui ont circulé et qui ont valu à certains d’être déportés ou exécutés. C’est un argument qui ne tient plus trop, car pour beaucoup, la guerre c’était il y a longtemps.
Puis, il y a une image déformée de la franc-maçonnerie, ce qui fait qu’on a pas toujours envie de dire qu’on en fait partie. Par exemple, quand ma fille était à l’ULB, on lui a dit que les enfants de francs-maçons réussissaient tous. C’est complètement idiot et cela participe au mythe. D’un autre côté, l’aspect secret aide à propager ce genre de fausses informations. Puisqu’on veut que cela reste secret, certains pensent qu’on doit faire des choses qui doivent rester secrètes tellement elles sont horribles.
C’est un grand débat, mais ça commence à bouger. En 2015, pendant les manifestations pour Charlie Hebdo, j’ai vu pour la première fois des francs-maçons manifester ouvertement avec leur tablier.
Que l’auteur se rassure il y a des mysogines dans le monde profane également.
Il y a fes loges mixtes, mais aussi des loges féminines et masculines ne recevant pas ou recevant des visiteurs d’autred sexe.
Le GOB comme le GODF… Etc ont d’abord ete masculin avant d’évoluer a leur vitesse vers la mixité… Les loges feminines n’ont pzs commencé cette évolution .
J’ai apprécié de lire cet interview.
Parce que je le considère comme un devoir de femme libre, de maçonne libre et de bonnes moeurs, je vais revenir sur cette égalité hommes/femmes et la mixité…
De vouloir exiger des hommes francs-maçonnes d’être reçues dans leurs Loges est absurde… Tout comme en GLFB, acceptez-vous les hommes? C’est bien, qu’il y ait des Loges féminines, masculines et mixtes comme cela tout un chacun trouve son bonheur… Mon mari et moi sommes francs-maçons mais travaillons chacun dans notre Loge. Les partages sont enrichissants. A la GLFS, nous sommes des maçonnes libres dans une Loge libre, ce qui veut dire que chaque Loge s’organise selon ses sensibilités. Dans ma Loge, sont les bienvenus tout Franc-maçon régulièrement initié! J’ai dit!