MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard
En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.
Chronique 75 – 1717 – Étienne Morin, cet inconnu
Longtemps, on s’est demandé qui était cet homme, à qui l’on doit d’avoir constitué et réglementé le premier des rites maçonniques actuellement pratiqué dans le monde maçonnique, savoir le Rite écossais ancien et accepté.
D’éminents historiens maçonniques l’ont fait naître en maints endroits, voire en Haïti ou à la Martinique. On l’a doté de parents huguenots, vu créole de sang mêlé, de souche africaine ou Français expatrié.
On l’a même enfermé, pour cause inconnue, à la Bastille.
Ceci jusqu’au jour où sa signature a été relevée sur un registre du port de Bordeaux signalant le départ, en mars 1762, pour l’île de Saint-Domingue, d’un certain « Étienne Morin, âgé de quarante-cinq ans, de taille moyenne, cheveux noirs, portant perruque, natif de Cahors en Quercy ».
Il est vrai, il y a lieu de le reconnaître, que c’est là tout ce que l’on connaît de cet homme et de sa vie profane…
C’est à Bordeaux que se manifeste Étienne Morin, en 1744, en sa qualité de maçon, titulaire, déjà, de hauts grades écossais. Il y fonde une Loge des Élus Parfaits de Saint-Jean d’Écosse, qui essaimera bientôt à Toulouse, Montpellier, Marseille, Avignon, sans oublier les îles de Saint-Domingue et de la Martinique.
Installé à Saint-Domingue, à partir de 1763, Étienne Morin y construit un « rite écossais », d’abord en onze, puis en vingt-deux degrés « supérieurs », dont il rédige les rituels en collaboration avec un assistant hollandais du nom de Henry Andrew Francken – qui implantera le REAA en terre américaine.
Étienne Morin meurt en 1771 sur l’île de la Jamaïque, sans avoir jamais revu sa terre natale.
© Guy Chassagnard – Auteur de La France-Maçonnerie en question (Éditions Dervy – 2017) & du Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (Éditions Segnat, 2016).