Le Grand Orient de France a proposé une conférence publique le 6 mai 2023 aux Archives départementales, à Rodez, animée par Hervé Garnier, grand maître adjoint. Entretien.
Source : Franc-maçonnerie : « Il faut démystifier, expliquer ce que l’on fait », pour le grand maître adjoint de la loge du Grand Orient de France – Centre Presse Aveyron
Pourquoi être franc-maçon en 2023 ? Telle est la question posée à cette conférence publique. Vous, pourquoi êtes-vous devenu franc-maçon ?
J’étais engagé dans la vie associative et politique et j’étais en recherche d’un lien pour travailler sur moi. Une quête philosophique, personnelle et collective, que j’ai trouvée au sein du Grand Orient de France dans ma loge à Vienne (Isère).
On peut parler librement avec des gens de tout horizon que l’on n’aurait jamais rencontré, des entrepreneurs, avocats, médecins, personnes en recherche d’emploi, du public comme du privé, sans avoir le même avis. On ouvre notre carte du territoire et les représentations enrichissent.
Comment comptez-vous partager cet enrichissement ?
Je vais présenter succinctement le Grand Orient de France, plus importante obédience maçonnique de France, qui a mis en place la démocratie. Les trois points importants pour nous sont la liberté absolue de conscience, la laïcité et le travail en loge. Quand tu deviens franc-maçon, on te permet de dire « je ».
Les idées reçues perdurent sur la franc-maçonnerie qui serait « aux manettes » du pouvoir. Que répondez-vous ?
Nous ne sommes ni un parti politique, ni un syndicat, ni un groupe de pression. Nous sommes sollicités comme cela vient d’être le cas sur la fin de vie, pour donner un avis consultatif. On n’est plus sous la IIIe République avec une majorité de ministres franc-maçon.
Plein de choses circulent car nous sommes discrets mais non secret. L’histoire en France nous a conduits à être discret car nous étions notamment interdits sous Pétain. Il faut démystifier, expliquer réellement ce qu’on fait car il y a une distorsion entre la perception publique et la réalité.
Il y a une quête de sens avérée, sans doute accélérée par le Covid, sur le plan spirituel avec un poids plus important du fait religieux. Est-ce que vous le constatez sur le plan maçonnique ?
La société a mis des gens au bord du chemin, seul et sans moyen. Une forme de communautarisme s’est créée. Ce qui inquiète, c’est la récupération du Rassemblement national (RN) qui se sert de la laïcité pour exclure. Chez nous, on ressent cette quête de sens avec une augmentation du nombre de demandes qui s’accompagne d’un rajeunissement. C’est la pyramide de Maslow qui va des besoins psychologiques à l’accomplissement de soi.