Il s’agit d’un interview d’Emmanuel Ratier réalisé par le site « NovoPress Québec » en date du 9 novembre 2009. Emmanuel Ratier, né le 29 septembre 1957 à Avignon (Vaucluse), est un journaliste (depuis 1981), écrivain et éditeur français proche des milieux nationalistes, généralement situé à l’extrême droite.
Dans cet entretien, il se voit poser des questions relatives entre-autres à la Franc-Maçonnerie : en apparence il semble que ses propos sont modérés mais en définitive ils ne le sont guères : l’art du politiquement correcte !
Source : http://qc.novopress.info/6988/entretien-avec-emmanuel-ratier/
GENERATION FA8 : Vous arrivez toujours à présenter à vos lecteurs des informations de première importance, sur des personnalités de premier plan ou non. Comment faites-vous ? De même, avez-vous déjà été traîné devant les tribunaux, pour diffamation ou quelque chose s’en rapprochant, par des individus dont vous aviez dressé le portrait dans votre lettre d’information ? Faites-vous l’objet de menaces ?
Je m’appuie sur une documentation biographique sans égal en France, en tout cas à droite, constituée en une trentaine d’années. Je lis tous les quotidiens nationaux, la plupart des magazines et une foultitude de bulletins, revues spécialisées, livres, etc. Mes abonnés m’envoient des articles de la presse de province. Je n’écris quelque chose que quand je suis en mesure de le prouver. Ce qui fait que je n’ai jamais eu aucun procès et pratiquement aucun droit de réponse. Si j’écris que quelqu’un est franc-maçon, c’est que j’ai une référence, un document. A la différence d’autres qui sont condamnés faute de documentation.
GENERATION FA8 : Selon vous, un homme politique peut-il être affilié à la Franc maçonnerie tout en oeuvrant pour le bien commun et l’intérêt supérieur de la France ? A votre avis, est-ce ou non contradictoire ?
Il y a à boire et à manger dans la franc-maçonnerie, comme dans nombre d’autres réseaux (communautaires, professionnels, etc.). Il est très facile de vérifier que le vote à l’Assemblée n’est pas automatique (c’était différent au XIXe siècle) en raison de l’appartenance aux loges. Sinon, nombre de projets de loi ne passeraient pas puisqu’il y a des dizaines de députés UMP francs-maçons. Plus globalement, j’ai consacré un gros ouvrage au club qui m’apparaît être le principal centre de décisions français, c’est-à-dire Le Siècle. On y trouve la fine fleur de la presse, de la politique, des finances, des banquiers, des militaires. Le tout avec environ 550 à 600 personnes. Il ne s’y trame pas des complots, personne n’a de cagoule mais il s’agit d’un efficace et impitoyable réseau, qui se reproduit largement par endogamie. Depuis 1945, il y a toujours eu au moins la moitié de chaque gouvernement et souvent les Premiers ministres. On y trouve environ 15% de frères, ce qui n’est pas énorme et montre que la franc-maçonnerie n’est pas la voie assurée ou nécessaire du succès à très haut niveau. La FM est plus efficace à niveau moyen (commissaires de police, intendants dans l’enseignement, économes d’hôpitaux, etc.). La FM est également plus influente en province, car avec une cinquantaine de personnes décidées, vous contrôlez une ville moyenne. Pour terminer, la quasi-totalité des hommes politiques agissent exclusivement à court terme et ne peuvent donc oeuvrer réellement au bien commun. Aucune réflexion réelle, avec des mesures adéquates, n’a été conduite depuis des décennies sur des questions aussi cruciales que la démographie ou l’immigration.
GENERATION FA8 : Connaissez-vous les travaux de l’abbé Barruel sur la franc-maçonnerie ? Si oui, qu’en pensez-vous ? Ce genre d’ouvrages, comme ceux de Coston, n’apparaissent-ils pas comme trop datés ou restent-ils malgré tout d’actualité ?
Bien sûr, je les connais, je les ai lus et je les détiens. Sur la franc-maçonnerie, je dois avoir environ un millier de livres et des milliers de revues internes. Ils donnent une bonne idée des objectifs poursuivis dans le secret par la franc-maçonnerie. Ces objectifs ont évidemment évolué dans le temps, car les idéaux de la société française ont également changé. En fait, mais on ne peut faire des généralités applicables à toutes les obédiences, elles sont largement dépassées et vieillissantes. C’est quand même très paradoxal de voir le Grand Orient de France se prétendre progressiste et d’être en même temps l’un des très rares lieux où les femmes n’ont pas droit de cité. J’aimerai bien avoir l’avis de la Halde sur la question… Ces livres sont évidemment historiques (Barruel, c’est la révolution française) mais ils donnent une bonne idée des techniques et des menées souterraines, qu’on ne décrit plus aujourd’hui. Il faut dire que l’échelle a changé. Le pouvoir s’est concentré dans des groupes comme le Forum économique de Davos, la Commission trilatérale ou le Groupe de Bilderberg. Henry Coston demeure un maître pour moi. C’était mon témoin de mariage. A la fin de sa vie, il m’a désigné, dans plusieurs entretiens comme son successeur spirituel. Je suis très fier de cette marque d’amitié. La quantité de travail qu’il a fournie est incroyable. Il a publié des milliers de plaquettes, d’articles de revue et de livres. Ses livres, déjà datés bien évidemment, demeurent une très bonne base, comme ceux de mon ami Yann Moncomble et de quelques autres.