Ce « conte » ou cette histoire se présente actuellement en la forme de 7 lettres adressées à un dénommé « Ludwig » ….Très intéressant pour les profanes comme pour les initiés.
Présentation :
La Franc-Maçonnerie demeure pour beaucoup de profanes un objet d’interrogation, d’étonnement ou d’inquiétude. Jadis société secrète, elle subit, au travers de ses multiples obédiences, l’évolution et l’influence des techniques d’information. Il lui arrive aussi de contribuer malgré elle, voire délibérément, à une mise en scène médiatique, sans doute préjudiciable à sa nature. Heureusement, la Franc-Maçonnerie est multiple et si certaines obédiences s’exposent un peu trop, d’autres parviennent à conserver leur caractère si ce n’est secret, du moins discret. Le jeune Ludwig s’interroge sur elle dans sa pluralité. Il a le bon âge pour le faire. Nous essayons de lui répondre.
1er lettre à Ludwig :
Ta question, cher Ludwig, ne manque pas d’intérêt. Il serait bien qu’au même âge de très nombreux jeunes s’interrogent de la même façon. Je ne suis pas certain d’avoir toutes les qualités requises pour satisfaire ta curiosité. Mais comme j’ai eu l’occasion de lire de nombreux textes sur la question et de fréquenter un certain nombre de francs-maçons (des deux sexes), je vais essayer néanmoins. Ne t’étonne pas cependant s’il m’arrive parfois d’avouer ma méconnaissance.
Comme tu le dis justement, “la franc-maçonnerie existe, tout le monde le sait, mais quelle est-elle ?”. Sur ce point j’ai quelques idées. Vaillamment et obstinément, la maçonnerie tisse depuis plusieurs siècles sa toile de par le monde au service de l’humanité ! Elle a trouvé en France un accueil significatif, digne du pays des Droits de l’Homme. Des hommes et des femmes en quête de vérité l’ont donc rencontrée et adoptée. Des intégrismes et des dictatures l’ont persécutée et interdite. Mais comme le phénix elle renaît toujours de ses cendres. C’est pourquoi des journalistes font état régulièrement de son existence, de ses difficultés, de son renouveau et de son intérêt. Trop souvent, leurs multiples articles, enquêtes ou commentaires n’ont pas pour objectif principal l’information convenable et juste du public. Mais le caractère supposé sensationnel du sujet fait « vendre du papier », comme l’on dit dans ce milieu. Ce n’est pas ce qui nous intéresse. Plus simplement, nous serons tous les deux, toi par tes questions, moi par mes réponses, les explorateurs d’un milieu dont nous allons essayer de dépeindre les mœurs, us et coutumes.
Vouée aux gémonies depuis ses origines modernes, la franc-maçonnerie honnie, abhorrée, méprisée, travestie, vilipendée, continue, contre vents et marées, à mobiliser des énergies mentales et à fertiliser les esprits les mieux préparés. Forte de son expérience, elle encourage, exalte et inspire les humains dans leurs aspirations humanistes. Elle contrecarre les assauts des intolérances, des intégrismes et des divers dangers que colporte notre monde moderne en proie au doute, au renoncement ou à la violence. La franc-maçonnerie existe. Elle continue même d’exercer son pouvoir d’attraction sur ceux qui cherchent à faire de leur vie une œuvre utile, à défaut d’un grand œuvre.
La maçonnerie rend la chose possible en ouvrant à ses adeptes l’accès à une vie intérieure différente et plus féconde. Elle tend ainsi à les rendre plus aptes pour mieux appréhender le déroulement inexorable de l’existence. Mais la franc-maçonnerie reste méconnue, voire inconnue pour la plus grande partie de la multitude. Sa condamnation par les églises et les courants fondamentalistes religieux, voire laïcs, entretient autour d’elle des relents sulfureux. Savamment distillée par ses ennemis de toujours, la calomnie brouille son image. Ces odeurs et ces clichés empêchent encore de l’approcher en toute franchise et sans arrières pensées. Pourquoi le nier ? La franc-maçonnerie incommode, embarrasse, empoisonne et gêne beaucoup de beaux esprits. Aujourd’hui, l’assimilation au diable, aux messes noires ou autres grotesques absurdités ont fait long feu. Mais la bêtise, la niaiserie, la sottise ou la stupidité ont la peau dure. Et si le procès en sorcellerie n’est plus de mise, les esprits forts continuent de la moquer, voire de la diffamer pour en réduire l’efficacité. Ses contempteurs, ses censeurs et détracteurs la critiquent, la dénigrent, la déprécient et s’efforcent de la ridiculiser, ou pire de la discréditer aux yeux de l’opinion publique. Il est vrai que certaines obédiences maçonniques de France leur facilitent souvent la tâche en adoptant des comportements qui n’ont rien à voir avec l’esprit maçonnique mais plutôt avec les mœurs de la IVe République, voire de celles des républiques bananières. Je ne veux pas te noircir le tableau, mais j’aurai l’occasion de revenir sur ce point.