Discours du Grand Maître du Grand Orient de France, Georges SERIGNAC prononcé au Mur des Fédérés le 29 mai 2021
Monsieur le Maire, Grands Maîtres et Dignitaires des Obédiences amies, Mes Très Chers Frères, Passés Grands Maîtres du Grand Orient de France, Mes Très Chères Sœurs, Mes Très Chers Frères, Mesdames, Messieurs, Chers amis, Ici, le 28 mai 1871, 147 Fédérés furent exécutés sommaire ment puis jetés dans une fosse commune ouverte sous le sol que nous foulons ce matin. Dans les jours suivants, les Versaillais y ensevelirent également les dépouilles des autres Communards morts dans les quartiers voisins sous les balles d’un pouvoir assassin. Chaque 1er mai depuis 25 ans à l’initiative du Grand Orient de France, les Francs-Maçons célèbrent leur mémoire en se réunissant au Mur des Fédérés, lieu de recueillement mais aussi d’espoir et d’exigence. Par cette manifestation unitaire, le Grand Orient de France, avec les Sœurs et Frères des principales Obédiences libér ales amies, la Grande Loge de France, le Droit Humain, la Grande Loge Féminine de France, la Grande Loge Mixte de France et la Grande Loge Mixte Universelle, témoignent de la cohérence philosophique, philanthropique et morale de la Franc-Maçonnerie, fille des Lumières, dont la raison d’être est l’édification d’une société meilleure, plus juste, plus fraternelle. Cette manifestation unique dans son expression traduit l’indéfectible attachement de la Franc-Maçonnerie libérale à la République dont l’idéal matriciel inspira ses fondateurs, et que les générations de Sœurs et de Frères qui leur ont succédé, construisent depuis, sans relâche, patiemment et inlassablement. Elle souligne également la dimension prépondérante à la fois spirituelle et politique qu’accorde la Franc-Maçonnerie à la mémoire et au temps long, le temps de la perspective, de la mise à distance, de la durée. Les circonstances sanitaires ont reporté d’un mois notre traditionnel rassemblement mémoriel et c’est donc aujourd’hui, 150 ans et un jour après, que nous sommes réunis à l’endroit même de cette funeste exaction, au pied de ce Mur qui porte à jamais ces stigmates de l’histoire de notre pays. Conclusion tragique de la semaine sanglante, cette infamie reste emblématique de la violence dont est capable le pouvoir qu and il n’a plus pour seul recours que la force des armes face à la remise en cause de l’ordre qu’il veut imposer. En écrasant par le fer et par le feu cette insurrection révolutionnaire, Thiers et les Versaillais, qui pensaient l’anéantir et la précipiter dans l’oubli, lui ont donné l’éternité et la force du mythe. Par leur courage, mais également par leur action législatrice qui sera un déterminant républicain majeur malgré sa brièveté, les Communards se sont gravés en 72 jours dans la mémoire collective. Ainsi, la laïcité et l’égalité entre les hommes et les femmes, clés de voûte de la République universelle, structurèrent prioritairement la Commune. |