Quelle est la différence entre la pâque juive et chrétienne ? Qu’est-ce qui distingue Pessa’h de Pâques ? Voici la signification de ces fêtes.
La pâque juive, ou Pessa’h, est une fête hébraïque fixée à la date du 14 nissan (calendrier hébraïque) à la tombée de la nuit, ce qui en fait une date variable dans le calendrier grégorien. Elle est indissociable de la fête des Azymes qui dure les sept jours suivants de la semaine sainte.
La fête de Pâques pour les chrétiens est célébrée le premier dimanche après la première pleine lune qui suit le 21 mars : sa date est donc comprise entre le 22 mars et le 25 avril de chaque année. C’est la fête la plus importante du christianisme.
- Source : site www.jepense.org
Certaines années, la pâque juive et Pâques coïncident.
Le mot pâque vient du latin pascha, lui-même issu de l’hébreu pasah qui signifie « passer au-dessus », en référence au fait que Dieu soit « passé au-dessus » des maisons des juifs pour leur éviter la dixième plaie d’Egypte, à savoir la mort de tous les nouveaux-nés (Livre de l’Exode, voir plus bas).
Voyons la différence entre la pâque juive et chrétienne.
La différence entre la pâque juive et chrétienne : origine et signification.
La pâque juive et Pâques pour les chrétiens sont liées mais possèdent une signification différente :
- La pâque juive (Pessa’h) consiste à commémorer un événement biblique particulier : l’évitement par les hébreux de la dixième plaie d’Egypte (la mise à mort de tous les premiers-nés par la volonté de Dieu) et leur libération d’Égypte,
- Pâques chez les chrétiens commémore les derniers jours de la vie du Christ, notamment la Cène, la Passion et la résurrection, événements décisifs qui se sont déroulés lors des festivités de la pâque juive à Jérusalem.
La différence entre la Pâque juive et chrétienne est donc claire : pour les chrétiens, Pâques est le souvenir de la mort du Christ et de sa résurrection, ce qui n’est pas le cas pour les Juifs.
La pâque juive dans la Bible (Ancien Testament).
L’Ancien Testament correspond à la Bible hébraïque. Le deuxième livre de l’Ancien Testament est le Livre de l’Exode, qui fait état de la réduction des Juifs en esclavage par la volonté du nouveau pharaon d’Egypte.
Dieu apparaît à Moïse et lui commande de libérer son peuple. Moïse tente de négocier avec Pharaon, mais ce dernier se montre de plus en plus dur. Dieu inflige alors dix plaies aux Égyptiens, qui sont autant de châtiments dont le but est de contraindre Pharaon à laisser fuir le peuple d’Israël.
La dixième plaie est intimement liée à Pessa’h, la pâque juive : Dieu commande à chaque famille juive de sacrifier un agneau, et, avec son sang, de badigeonner les linteaux de sa porte d’entrée. Ce signe permettra à Dieu d’identifier les maisons sur lesquelles ne doit pas s’abattre le dixième châtiment (la mort de tous les nouveaux-nés).
Enfin, Dieu commande qu’on mange l’agneau avec des pains sans levain et des herbes amères.
Livre de l’Exode, chapitre 12 :
1/ Dans le pays d’Égypte, le Seigneur dit à Moïse et à son frère Aaron :
2/ « Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois, il marquera pour vous le commencement de l’année.
3/ Parlez ainsi à toute la communauté d’Israël : le dix de ce mois, que l’on prenne un agneau par famille, un agneau par maison.
4/ Si la maisonnée est trop peu nombreuse pour un agneau, elle le prendra avec son voisin le plus proche, selon le nombre des personnes. Vous choisirez l’agneau d’après ce que chacun peut manger.
5/ Ce sera une bête sans défaut, un mâle, de l’année. Vous prendrez un agneau ou un chevreau.
6/ Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour du mois. Dans toute l’assemblée de la communauté d’Israël, on l’immolera au coucher du soleil.
7/ On prendra du sang, que l’on mettra sur les deux montants et sur le linteau des maisons où on le mangera.
8/ On mangera sa chair cette nuit-là, on la mangera rôtie au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères.
(…)
11/ Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur.
12/ Je traverserai le pays d’Égypte, cette nuit-là ; je frapperai tout premier-né au pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’au bétail. Contre tous les dieux de l’Égypte j’exercerai mes jugements : Je suis le Seigneur.
13/ Le sang sera pour vous un signe, sur les maisons où vous serez. Je verrai le sang, et je passerai : vous ne serez pas atteints par le fléau dont je frapperai le pays d’Égypte.
14/ Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous la fêterez.
15/ Pendant sept jours, vous mangerez des pains sans levain. Dès le premier jour, vous ferez disparaître le levain de vos maisons. Et celui qui mangera du pain levé, entre le premier et le septième jour, celui-là sera retranché du peuple d’Israël.
16/ Le premier jour, vous tiendrez une assemblée sainte ; vous ferez de même le septième jour. Ces jours-là, on ne fera aucun travail, sauf pour préparer le repas de chacun ; on ne fera rien d’autre.
17/ Vous observerez la fête des Pains sans levain car, en ce jour même, j’ai fait sortir vos armées du pays d’Égypte. D’âge en âge, vous observerez ce jour. C’est un décret perpétuel.
18/ Le premier mois, du quatorzième jour au soir jusqu’au vingt et unième jour au soir, vous mangerez du pain sans levain.
(…)
21/ Moïse convoqua tous les anciens d’Israël et leur dit : « Prenez un agneau par clan et immolez-le pour la Pâque.
22/ Puis vous prendrez un bouquet d’hysope, vous le tremperez dans le sang que vous aurez recueilli dans un récipient, et vous étendrez le sang sur le linteau et les deux montants de la porte. Que nul d’entre vous ne sorte de sa maison avant le matin.
23/ Ainsi, lorsque le Seigneur traversera l’Égypte pour la frapper, et qu’il verra le sang sur le linteau et les deux montants, il passera cette maison sans permettre à l’Exterminateur d’y entrer pour la frapper.
24/ Vous observerez cette parole comme un décret perpétuel pour vous et vos fils.
25/ Quand vous serez entrés dans le pays que le Seigneur vous donnera comme il l’a dit, vous conserverez ce rite.
(…)
29/ Au milieu de la nuit, le Seigneur frappa tous les premiers-nés de l’Égypte, du premier-né de Pharaon qui siège sur le trône, jusqu’au premier-né du captif dans sa prison, et tous les premiers-nés du bétail.
(…)
31/ Pharaon convoqua Moïse et Aaron en pleine nuit, et leur dit : « Levez-vous ! Sortez du milieu de mon peuple, vous et les fils d’Israël. Allez ! Servez le Seigneur comme vous l’avez demandé.
32/ Même votre bétail, le petit et le gros, prenez-le comme vous l’avez demandé, et partez ! Appelez sur moi la bénédiction ! »
33/ Les Égyptiens pressèrent le peuple d’Israël de quitter le pays au plus vite, car ils se disaient : « Nous allons tous mourir ! »
34/ Le peuple emporta la pâte avant qu’elle n’ait levé : ils enveloppèrent les pétrins dans leurs manteaux et les mirent sur leurs épaules.
(…)
42/ Ce fut une nuit de veille pour le Seigneur, quand il fit sortir d’Égypte les fils d’Israël ; ce doit être pour eux, de génération en génération, une nuit de veille en l’honneur du Seigneur.
Remarque : Depuis la destruction du Second Temple de Jérusalem, le sacrifice de l’agneau n’est plus pratiqué à Pessa’h. En effet, il est écrit que, sans Temple, il ne peut y avoir de sacrifice. L’agneau est aujourd’hui remplacé par un simple os.
Pâques pour les chrétiens : le sacrifice de Jésus.
Dans le Nouveau Testament, Jésus fête Pâques le 14 nissan (c’est la Cène) avant d’être crucifié le 15 nissan.
Mais selon l’Evangile de Jean, Jésus est arrêté et crucifié le 14 nissan, au moment-même où l’on prépare la pâque juive :
C’était la préparation de la Pâque, et environ la sixième heure. Pilate dit aux Juifs : Voici votre roi. Jean 19, 14
Cette dernière datation transforme Jésus en l’agneau pascal : Jésus se sacrifie lui-même pour la fête de la pâque juive. Il verse le sang de la nouvelle alliance et annonce le rachat de tous les péchés : c’est la libération des hommes.
Différence entre la pâque juive et chrétienne dans le déroulement des festivités.
La différence entre la pâque juive et chrétienne apparaît aussi dans le déroulement de la fête en elle-même.
Pour les Juifs, la semaine sainte de Pessa’h et des Azymes se déroule ainsi :
- dans la semaine qui précède la fête, on fait la chasse au h’amets (graines et pain levé à base de blé, orge, avoine, seigle ou épeautre). On procède à un grand nettoyage de printemps pour s’assurer que plus rien ne contient du h’amets. Le h’amets symbolise l’ego, qui, s’il n’est pas maîtrisé, gonfle dangereusement. Il s’oppose au matza, pain non levé qui symbolise la foi et l’humilité.
- le 14 nissan est férié. La pâque commence à la tombée de la nuit avec le seder. Le seder est un rituel majeur qui consiste à réciter l’histoire de l’accession à la liberté des enfants d’Israël par leur sortie d’Egypte. Le seder consiste aussi en la préparation d’un plat spécifique composé de six aliments rituels au minimum, dont de l’herbe amère. Des prières et des chants suivent le repas. Pour les Juifs résidant en dehors d’Israël, le seder est répété le lendemain soir.
- les jours suivants ne sont pas fériés mais restent solennels ; ils donnent lieu à des prières et des lectures,
- le dernier jour de la fête des Azymes est férié et donne lieu à différents rituels selon les communautés.
Pour les chrétiens, la semaine sainte de Pâques est ponctuée par des messes et des célébrations :
- le dimanche des Rameaux (7 jours avant Pâques) commémore l’arrivée de Jésus à Jérusalem, six jours avant la pâque juive : la foule l’acclame lors de son entrée dans la ville en couvrant le sol de manteaux et de rameaux verts, comme pour former un chemin d’honneur,
- le jeudi saint (3 jours avant Pâques) commémore la Cène, c’est-à-dire le dernier repas du Christ avec les douze apôtres : c’est la célébration par Jésus et ses compagnons de la pâque juive,
- le vendredi saint (avant-veille de Pâques) commémore la Passion du Christ, notamment le chemin de croix et la crucifixion ; c’est un jour de deuil et de tristesse,
- la veillée pascale du samedi annonce la résurrection prochaine. On célèbre en particulier la messe de la Vigile pascale,
- le dimanche est le jour de la fête de Pâques : on célèbre la résurrection, qui est donc intervenue au « troisième jour » suivant la crucifixion,
- enfin, le lundi de Pâques est le plus souvent férié.
A noter que le Samedi Saint, veille de Pâques, marque la fin du Carême de 40 jours. Le Carême est une préparation à la commémoration de la mort et de la résurrection du Christ. Il comporte jeûne, prière et aumône.
Voilà donc la différence entre la pâque juive et chrétienne.