AUTEUR : Georges Minois
EDITEUR : Albin Michel
RESUME: » A-théisme » : la construction même du mot porte la marque de la négativité. Les athées penseraient essentiellement » contre » la religion, et se placeraient d’eux-mêmes en marge de l’histoire de la pensée. Isolés, solitaires, leur parole ferait figure d’anecdote sans postérité. Pour démontrer qu’au contraire, l’athéisme a de tout temps constitué une vision du monde cohérente, fertile et largement partagée, l’historien Georges Minois leur dédie un monumental dictionnaire qui va d’Anaximandre de Milet à Émile Zola en passant par Socrate, Voltaire, Aragon ou encore Woody Allen, ainsi que des dizaines de figures méconnues. Il apporte par là une contribution précieuse à l’histoire de la pensée.
« Il y a plusieurs façons de ne croire en aucun dieu. On peut douter de tous, juger que la question de leur existence est indécidable, ou encore affirmer leur inexistence. Cela définit trois positions différentes : le scepticisme, l’agnosticisme, l’athéisme. Ce qui les rapproche ? De n’être pas religieuses. A la question « Croyez-vous en Dieu ? », les partisans de l’un ou l’autre de ces trois courants peuvent en effet, en toute rigueur, apporter la même réponse : « Non. » C’est ce qui justifie que Georges Minois ait pu les rassembler dans un même et remarquable dictionnaire : tous sont des mécréants, si l’on entend par là, conformément à l’usage, quelqu’un qui ne croit pas en Dieu. L’athéisme n’est pas une doctrine. On serait bien en peine de trouver une seule thèse positive qui soit commune à tous ses partisans, ou même à la plupart d’entre eux. C’est qu’ils ne s’accordent que sur ce qu’ils refusent. Ils n’ont en commun qu’une seule thèse, purement négative, que leur nom résume (athéos : « sans Dieu ») et qui suffit à les définir : ils pensent que Dieu, ou les dieux, n’existent pas. Pourquoi ? Comment ? Avec quels arguments ? Contre quels adversaires ? C’est ce que ce monumental dictionnaire – d’autant plus impressionnant qu’il est l’oeuvre d’un seul auteur – permet d’explorer. (C’est un travail considérable, qui vient à son heure. Il était urgent, face à ce qu’on appelle parfois le « retour du religieux » et qui prend trop souvent la forme d’une montée des fanatismes, de faire entendre d’autres voix, qui sont de liberté, de lucidité, de révolte et d’incroyance. » André Comte-Sponville