Le thriller de l’auteur américain, mondialement connu, pourrait en effet comporter quelques faits réels.
Le célèbre conservateur Jacques Saunière traverse en titubant l’arche voûtée de la Grande Galerie du musée du Louvre. Il se précipite sur le tableau le plus proche qu’il pouvait voir, un Caravage. Ainsi commence le thriller de Dan Brown, The Da Vinci Code, l’un des livres les plus vendus de ce début de ce siècle, sorti il y a 20 ans, le 18 mars 2003.
Source : « Da Vinci Code » : Dan Brown maintient que l’histoire du roman est vraie – Un article de Vanity Fair du 04 avril 2023
L’histoire retrace le parcours d’un « symbolologue » de Harvard pris dans un complot meurtrier visant à dissimuler des informations sur Jésus-Christ et le Saint Graal. Vendu à 80 millions d’exemplaires le livre a inspiré une franchise de films hollywoodiens mettant en vedette Tom Hanks et Audrey Tautou.
Selon l’ouvrage de fiction, l’Église catholique dissimulerait depuis des siècles, que Jésus-Christ et Marie-Madeleine – une femme aux mœurs jugés douteuses pour l’époque, puis devenue l’une de disciples du Christ les plus dévouées – ont eu un enfant. Les descendants de l’enfant seraient les membres fondateurs de la dynastie mérovingienne des rois francs, qui ont régné sur la France entre le Ve et le VIIIe siècle. Le lignée aurait survécu jusqu’à aujourd’hui, par une société secrète appelée le Prieuré de Sion, dont les chefs auraient été Léonard de Vinci, Victor Hugo et Sir Isaac Newton.
Une pyramide fictionnelle audacieuse
Dan Brown a toujours soutenu qu’une grande partie de l’histoire est véridique. Dans une note explicative, il écrit «toutes les descriptions d’œuvres d’art, d’architecture, de documents et de rituels secrets dans ce roman sont exactes». Le Prieuré de Sion, ajoute-t-il, est une «véritable organisation, il existe des documents à la Bibliothèque nationale de France qui le prouvent.»
Une partie de ces affirmations pourraient être effectivement avérés. La fameuse société secrète existe bel et bien, cependant elle n’a pas été fondé en 1099, mais dans les années 1950, par un personnage tout aussi obscur: Pierre Plantuard. Antisémite notoire à ses débuts, il a offert ses services au gouvernement de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale, désireux de lutter contre la conspiration «maçonnique et juive» qui plombait selon lui la France.
Il décide plus tard de fonder sa propre société secrète, n’attirant aucun membre, il l’abandonna et rejoignit à la place ses anciens antagonistes, les francs-maçons.
A la fin des années 1950, il tente de constituer un Comité de salut public, offre ses services, cette fois au général de Gaulle, et revendique des pouvoirs de clairvoyance. Rien ne fonctionne, il décide donc de créer son propre ordre chevaleresque, le Prieuré de Sion. Au début, simple organisation d’habitants dans sa ville natale d’Annemasse, près du lac Léman, Pierre Plantuard espérait y construire une station thermale New Age. Hélas, cela n’a encore une fois, rien donné.
Pour donner du crédit a son organisation, Pierre Plantard fabrique avec l’aide d’un ami, Philippe de Chérisey, de faux documents médiévaux sensés prouver que le Prieuré de Sion était une véritable organisation médiévale. Puis il se rendit à la Bibliothèque nationale de France et, se faisant passer pour un chercheur, les entreposa dans les archives.
Les années passèrent, Pierre Plantard et son ami Gérard de Sède publient en 1962 Les Templiers sont parmi nous : L’Énigme de Gisors. Puis tentent en 1967, de publier un livre présentant le Prieuré de Sion: L’Or de Rennes : La Vie Insolite De Bérenger Saunière curé de Rennes-le-Château.
Rien n’y fait la société tombe dans l’oublie, jusqu’à ce que dans les années 70, un journaliste britannique Henry Lincoln s’y intéresse et persuade la BBC Two d’y consacrer trois documentaires dans la série Chronicle.
Puis dans les années 1980, il s’associe avec Michael Baigent et Richard Leigh pour mener de nouvelles recherches. Cela les conduits à prendre connaissance des Dossiers secrets d’Henri Lobineau (les faux documents médiévaux déposés) à la Bibliothèque nationale de France, alléguant de l’existence de la société secrète. Ne sachant pas que ces documents étaient des faux, ils les utilisent comme source principale pour écrire, en 1982, leur livre L’Énigme sacrée (The Holy Blood and the Holy Grail) dans lequel, ils soutiennent les thèses de Pierre Plantard.
De l’ombre à la lumière
En 2003, Dan Brown fait paraître son quatrième roman, Da Vinci Code. Le livre est largement inspiré par l’essai publié en 1982 par les trois journalistes britanniques Henry Lincoln, Michael Baigent et Richard Leigh, qui lui intenteront sans succès un procès pour plagiat.
Pierre Plantard décédera quand à lui en 2000, sans voir sa chère société secrète faire la fortune d’un autre.