Un conte de philosophique de Michel Piquemal :
Un jour, un élève qui avait bu un verre de trop s’était montré bruyant et fantasque. Aussitôt, les autres élèves l’avaient banni, de crainte que son exemple ne fasse d’eux des débauchés.
Lorsque Sophios l’apprit, il nous raconta la fable des deux amis
Les deux amis
II y eut, dans les temps anciens, un homme qui était un véritable ermite. Il ne buvait que de l’eau, ne se nourrissait que de pain agrémenté de quelques fruits, et fuyait la compagnie des femmes. Un jour, son meilleur ami lui dit:
– Comment peux-tu rejeter ce que tu ne connais pas ? Pour ma part, si je ne vis pas dans la débauche, je ne refuse pas de temps en temps un bon repas ni un verre de vin.
Cette réflexion plongea notre jeune ermite dans la perplexité. Il savait que cette remarque était fondée. Pour rejeter le mal, il fallait au moins le connaître, sinon le combat était trop facile. À compter de ce jour, il décida de goûter à tous les plaisirs de ce monde, participant aux banquets, finissant ivre et entouré de jolies femmes. Il connut les plus sombres vices, jusqu’au jour où il reçut la visite de son ami.
– Alors, lui demanda celui-ci, te plais-tu à cette nouvelle vie ? Le jeune noceur s’interrogea sincèrement et dut reconnaître que non, il n’avait pas trouvé le bonheur. Parfois même, au lendemain des pires excès, son apparence le dégoûtait! Il décida donc de revenir à une vie plus sobre et plus chaste. Tout joyeux, il retourna au bout de quelques mois auprès de son ami.
– Regarde, lui dit-il, j’ai retrouvé le chemin de la sagesse
– Tu ne bois donc plus, tu ne participes plus aux banquets, tu ne goûtes plus aux plaisirs de la chair…
– Si, parfois…
– Eh bien, lui dit son ami, tu auras mis la moitié de ta vie pour trouver le chemin que la plupart des gens de ce monde empruntent naturellement…