La rumeur du scandale se répandit dans la ville et au-delà. Le maître perdit sa réputation ne plus personne ne vint le voir. Mais cela ne le dérangea pas. Il resta impassible. Quand l’enfant vint au monde, les parents le menèrent à Hakuin en disant : « vous êtes le père, alors occupez vous en! » Le maître prit grand soin de l’enfant. Un an plus tard, prise de remords, la jeune fille confessa à ses parents que le véritable père de l’enfant était le jeune homme qui travaillait chez le boucher. Alarmés et affligés, les parents se rendirent chez Hakuin pour lui faire des excuses et lui demander pardon. « Nous sommes réellement désolés. Nous sommes venus reprendre l’enfant. Notre fille a avoué que nous n’étiez pas le père ». La seule chose qu’il dit en tendant le bébé aux parents fut : « ah, bon? ».
Le maître réagit de façon identique au mensonge et à la vérité, aux bonnes nouvelles et aux mauvaises nouvelles. Il permet à la forme que prend le moment, bonne ou mauvaise, d’être ce qu’elle est. Ainsi, il ne prend pas part au mélodrame humain. Pour lui, il n’y a que ce moment, ce moment tel qu’il est. Les événements ne sont pas personnalisés et il n’est la victime de personne. Il fait réellement un avec ce qui arrive et ce qui arrive n’a aucun pouvoir sur lui… Il a pris soin de l’enfant avec beaucoup d’amour. L’adversité se transforme en félicité grâce à son absence de résistance. et répondant encore à ce que le moment présent exige de lui, il rend l’enfant quand c’est le moment de le faire.
Imaginez un instant comment l’ego aurait réagi au cours de ces divers événements.
Cité par Eckhart Tolle dans Nouvelle Terre