Franck Fouqueray nous offre dans Les illustrissimes blogueurs : « Les empêcheurs de maçonner en rond », un billet tout en humeur et humour intitulé :
Conseils inhabituels pour la taille de la Pierre du Maçon
Le vieux Confucius avait déclaré : « Mieux vaut être un diamant avec un défaut qu’être un caillou parfait. »
Cela m’a donné l’idée de vous parler aujourd’hui de la taille de notre Pierre. Tout le monde le répète à longueur de blagues, ce n’est pas la taille qui compte… c’est la qualité.
J’entends à chaque Tenue qu’il faut « Tailler sa Pierre ». J’avoue qu’en voyant l’attitude de certains « tailleurs », je constate sans aucun doute qu’ils « sont ailleurs » mais pas ici.
Le principe de cette taille dont on me parle est certainement plus proche de la révélation interne que dans la transformation avec les outils. Je veux dire par là qu’on ne fera pas un diamant avec un caillou. Faut-il donc se résigner ? Ah non, certainement pas !
Cela veut uniquement dire que chaque Pierre doit trouver sa juste forme et sa juste fonction. Il serait stupide de préparer des diamants pour construire un mur ou encore de se faire un collier avec de beaux cailloux.
Le problème de la juste place nous amène immanquablement à celui de la comparaison. « Le caillou qui voulait devenir plus brillant que le diamant » eut pu être une fable d’Ésope. « Le maçon sur les colonnes qui voulait absolument devenir Vénérable pour exister » eut pu être une autre fable qui ressemble à ce qu’on voit dans beaucoup de Loges.
La difficulté que chacun de nous vient expérimenter dans son atelier est précisément d’abandonner la comparaison et la compétition. Ce que Confucius aurait pu dire, s’il eut été maçon, c’est : « La Fraternité est une qualité que l’abondance de savoir ne remplacera jamais ». En d’autres termes, ce n’est pas en accumulant les grades ou les lectures, qu’on s’améliore.
Le diamant est bien associé au maçon qui progresse dans ses vertus intérieures, mais certainement pas grâce à sa brillance externe. Le caillou parfait quant à lui, est sans aucun doute le maçon qui se sent assez merveilleux pour changer le monde extérieur au lieu de chercher à révéler le diamant qui sommeille dans son cœur.
Pour cela, il est absolument inutile de prendre la température du dehors. Entrer en compétition avec l’autre ou avec soi même c’est déjà se perdre sur le chemin de la sagesse. Comme le dit justement le très sage Thich Nhat Hanh : « Il existe 3 complexes, le complexe de supériorité, le complexe d’infériorité et le complexe d’égalité ».
Le piège de la Fraternité est de croire que se rendre l’égal des autres nous donne raison. Cela nous ramène à l’enseignement de Krisnamurti qui affirmait : « Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale d’être bien adapté à une société malade ». Le maçon qui veut révéler le diamant en lui doit devenir « lui-même », avec ses particularités et surtout accepter ses différences et ses défauts. Est-ce qu’un parent pourrait moins aimer son enfant, sous prétexte qu’il aurait un « défaut » de création ? C’est justement le contraire, les parents s’attachent particulièrement à leur enfant différent, car ils ressentent son besoin d’amour accru et surtout l’authenticité de cet enfant pas pareil. Et pourquoi ne le ferions-nous pas avec nous-même dans la Loge ? Pourquoi, le dimant impur que nous sommes ne pourrait-il pas s’aimer sans jugement et sans comparaison ?
Il me semble que le chemin maçonnique est précisément le contraire de la compétition et du dépassement pour l’amélioration. Cela n’exclut évidement pas le travail permanent sur son savoir maçonnique, car il ne nuit jamais de s’instruire. Mais cela ne conduit jamais à la sagesse. Combien d’érudits sont connus pour être de vils individus sans aucune morale. En revanche, la liste des prophètes est éloquente quant à leur modeste condition. Adam était : laboureur, Noé : menuisier, Abraham : agriculteur, Jésus : charpentier, Idris : couturier, Moïse et Mahomet bergers… Il n’y avait aucun érudit ni personnage fortuné. La voie de la sagesse passe par la paix de l’intérieur, jamais par la flamboyance des ors.
Cette simple réflexion peut prendre quelques années avant d’infuser. Alors, serez-vous capable d’aimer sans condition ce diamant avec ce petit défaut qui sommeil dans votre cœur ?
A bientôt…