Cette conférence sera animée par Bruno Le Gall, archiviste à Quimper. Ses recherches permettent de lever le voile sur les loges qui se sont succédé à Quimper.
Présentation :
Quelles circonstances vous ont amené à vous intéresser à la franc-maçonnerie au XVIIIesiècle?
À l’occasion du salon du livre sur la franc-maçonnerie en mai2009, la municipalité nous a demandé de réaliser une page internet sur l’histoire de la franc-maçonnerie à Quimper. Jean Kerhervé, vice-président de la société archéologique du Finistère, m’a demandé, depuis, de donner une conférence sur ce thème. Avec Jean-Paul Péron, un enseignant retraité, nous travaillons aussi sur un projet d’article pour la société archéologique.
Le travail de recherches a-t-il été facile?
Une des principales difficultés pour appréhender l’histoire des loges maçonniques à Quimper est qu’il y a très peu de documents. Au XVIIIesiècle, trois loges sont apparues successivement. La première, «La Consolante maçonnique», de 1763 à 1768, a été victime d’un vol. À la suite d’un conflit entre membres, toutes les archives ont été volées par Coroller du Moustoir. Il s’était opposé au vénérable Mathurin Derenière. Il a également emporté les bijoux, c’est-à-dire les insignes de la loge. Les maçons démunis ont créé une deuxième loge en 1768, «L’heureuse maçonne». Ils ont obtenu une patente de la grande loge de France dirigée alors par le prince Bourbon de Condé. Celle-ci connaît rapidement des difficultés et une partie de ses membres fonde «La Parfaite union de Quimper». Un conflit oppose les deux loges. Il est réglé par la justice maçonnique. La Chambre des provinces du Grand Orient de France rend un arrêt interdisant «L’Heureuse maçonne» en 1776. Ses papiers sont remis à la 3e loge «La Parfaite union» apparue en 1768. C’est la loge la plus importante numériquement et celle qui va durer le plus longtemps jusqu’en 1790. Girondistes, ils sont victimes de la Terreur. Les archives ont été mises à l’abri, détruites ou perdues. Heureusement, nous avons deux sources complémentaires. La bibliothèque nationale de France qui a reçu toutes les pièces administratives du Grand Orient au moment de la Seconde Guerre mondiale car Vichy avait confisqué tous leurs papiers. Nous avons aussi obtenu des éléments qui montrent le fonctionnement des loges de Quimper grâce aux documents qu’Antoine de La Hubaudière et ses deux fils ont transmis à la loge de Brest.
Qui était membre de ces loges?
On a pu retrouver la trace de 173francs-maçons ayant appartenu aux trois loges. C’étaient des hommes d’âge mûr, recrutés par parrainage. En 1763, sur les 173 maçons, 31 appartiennent à la noblesse et onze à la grande bourgeoisie. On dénombre ainsi 25% de militaires, 5% de magistrats, 4% d’officiers de la Marine marchande, 12% d’avocats, avoués et notaires, 11% de cadres de l’administration royale, 9% de médecins et chirurgiens, 20% de négociants, 5% de rentiers et 3,5% de membres du clergé.
Quel but poursuivaient ces loges?
La franc-maçonnerie est née en Grande-Bretagne, à Londres, en 1717. Le but était de réunir en un endroit secret des gens de différents horizons pour travailler dans un esprit de tolérance par des questions humanistes ou philosophiques de manière à faire progresser l’homme dans la société. Il est difficile de savoir ce que les membres faisaient réellement dans les loges. Ils n’ont pas laissé de traces.