Message de Jean-Pierre Rollet, Grand Maître de la Grande Loge Nationale Française (GLNF), aux Frères d’origine arménienne
A quelques heures de l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian et de son épouse Mélinée, j’ai une vive pensée pour nos frères d’origine arménienne.
Manouchian et ses compagnons d’infortune, fusillés il y a quatre-vingt ans le 21 février 1944 au Mont Valérien, symbolisent ces combattants étrangers engagés dans la Résistance.
Dans notre mémoire, ce jeune Arménien demeure l’un des hommes visés par l’“Affiche Rouge”, qui désignait dix des combattants qu’il dirigeait, membres du mouvement “Francs-tireurs et partisans – Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI) “. Ils étaient étrangers, juifs, honnis par le régime de Vichy et l’occupant, et ont fait don de leur vie à la France.
Missak (Michel) Manouchian incarne les valeurs universelles, tellement bafouées aujourd’hui. Lui, le survivant du génocide de 1915, n’a manqué ni de foi, ni d’espérance, se battant pour un pays qui lui avait refusé la nationalité. En entrant au Panthéon, appelé au XIXe siècle Temple de la gloire, il reposera, avec son épouse, aux côtés de “grands hommes“ et de “grandes femmes“ auxquels la France marque sa reconnaissance. Et, en ce sens, comme l’a écrit Paul Valéry, l’histoire n’est jamais que l’avenir de notre passé.
Nos frères arméniens se reconnaîtront dans les actes de cet humaniste, eux qui connaissent parfaitement le sens du mot “souffrance”. Un grand moment d’Histoire, que cette entrée au Panthéon. Et de puissants instants d’émotion, pour tous les Arméniens.