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Colloque « Abdelkader, musulman et franc-maçon »

Colloque « Abdelkader, musulman et franc-maçon »

Ce colloque se déroulera le 14 mai en la présence de Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, et Guy Arcizet, Grand Maître du Grand Orient de France. L’occasion de se remémorer les enseignements de ce descendant du prophète Mahomet et de tirer les conséquences actuelles qui s’imposent…

La conférence de Guy Arcizet aura lieu le 14 mai, à 14 h 00, au Minotaure, rue César, à Vendôme.

Renseignements : Julie Massault – LP Conseils – Tél. 01 53 26 42 10

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Emir Abdelkader est un descendant du prophète Mahomet. Mort le 26 mai 1883 à Damas, c’est un homme politique, chef militaire et « ifrenide » qui résista quinze ans au corps expéditionnaire des Troupes d’Afrique lors de la conquête de l’Algérie par la France. Il fut écrivain, poète, philosophe et théologien soufi. Considéré comme étant à l’origine de la nation algérienne, il est le symbole de la résistance contre le colonialisme et  l’oppression française. En juillet 1860, alors que les troubles confessionnels  du Mont-Liban se sont étendus à Damas, il reçut la grand-croix de la Légion d’honneur en remerciement de la protection qu’il offrit aux chrétiens de Syrie.

Il y a 150 ans, il demande son adhésion au Grand Orient de France, à la loge Henri IV.

Biographie :

Abd el-Qadir Nasr-Ed-Din naît le 6 septembre 1808, dans la région de Mascara, à la Guetna de l’oued al-Hammam. Il est le quatrième fils de Zohra bint Sidi Omar Doukha et d’Abd el-Kader Mehi-Ed-Din. Ce dernier, qui est le moqaddem de la confrérie soufie des Qadiriyya, un chef religieux donc, destine l’enfant à lui succéder. Aussi Abd el-Kader reçoit une éducation religieuse, à Arzew en 1822, puis à Oran dans l’école de Si Ahmad ben Khodia, un grand intellectuel. A l’âge de quinze ans, il se marie à sa cousine, Leila Kheira bint Abu Taleb. Avec son père, le jeune musulman effectue en 1828 un pèlerinage à La Mecque, en Arabie, marqué également par un séjour à Damas, Bagdad et Jérusalem.

A leur retour, ils doivent faire face aux troupes françaises. En 1830, Abd el-Kader succède à son père à la tête des tribus de la région d’Oran et de Mascara et s’engage dans la lutte armée face à l’occupant. Le chef de guerre refuse de s’allier avec le bey d’Oran, qui est aussi le symbole de l’autorité turque, et reconnaît l’autorité du sultan du Maroc. Déçu par celui-ci, Mehi-Ed-Din proclame la Djihad, la guerre sainte, contre les Français, avant qu’une assemblée des tribus, le 22 novembre 1832, ne proclame son fils sultan. Abd el-Kader, qui préfère le titre d’émir, ambitionne dès lors de créer un État algérien. Alors que son prestige grandi, le général Desmichels accepte de traiter et de conclure avec lui un accord de paix, le 26 février 1834. Celui-ci devait permettre aux Français d’établir un protectorat sur le beylik d’Oran, après qu’Abd el-Kader eut fédéré les tribus rebelles sous son commandement. Aussi reçoit-il le titre de Commandeurs des Croyants.

Les hostilités reprennent rapidement cependant, le général Desmichels étant remplacé par le général Trézel. Abd el-Kader et ses troupes remportent une victoire face aux Français à la Macta, le 28 juin 1835. Ceux-ci mènent une contre-offensive et s’emparent en décembre de Mascara et de Tlemcen. L’année suivante, le général Bugeaud est nommé en Algérie. Le 6 juillet 1836, il remporte au bord de la Sikkak une importante victoire sur les hommes de l’émir. Le gouverneur général, le général Clauzel décide alors d’une expédition vers l’Est, sur Constantine. L’échec de l’entreprise décide de son remplacement par le général Damrémont. Rappelé en Algérie, Bugeaud négocie avec Abd el-Kader et signe le traité de la Tafna, le 20 mai 1837. Dans les mois qui suivent, si les Français s’emparent de Constantine, le 13 octobre 1837, l’émir en profite pour se donner une armée régulière de 10.000 hommes et pour organiser en huit califaliks son territoire.

Au mois d’octobre 1839, le nouveau gouverneur, Valée, décide d’une nouvelle expédition, sur Hamza cette fois-ci. Considérant l’offensive comme une violation du traité, Abd el-Kader et ses soldats gagnent la plaine de la Mitidja et y ruinent les établissements français. Nommé gouverneur général de l’Algérie, le 29 décembre 1840, le général Bugeaud décide d’une nouvelle stratégie face à l’émir, la guerre totale. Les Français s’en prennent en effet aux alliés d’Abd el-Kader, aux populations qui le soutiennent en confisquant les troupeaux, en détruisant les récoltes et les silos à grains. Sur le plan militaire, les effectifs des troupes présentes en Algérie sont renforcés et réorganisés. Afin de leur donner une plus grande mobilité, sont créées des colonnes de 6 à 7.000 hommes, à l’équipement allégé. Abd el-Kader est prêt lui-aussi à soutenir un effort de guerre. Son administration lève l’impôt, frappe une monnaie – le boudiou -, tandis que sont installées des fabriques d’armes.

Après l’incendie de Tagdempt, la cité dont il a fait sa capitale, les villes sous l’autorité Abd el-Kader tombent aux mains des Français. Celui-ci est contraint à la mobilité, ses troupes renouant ainsi avec leur ancienne tradition de nomadisme. Son camp, la smala, dont la défense est assurée par des cercles concentriques de combattants, comptera 20 à 30.000 occupants. Le 16 mai 1843, les troupes du duc d’Aumale, le cinquième fils du roi Louis-Philippe, s’en emparent près du puits de Taguine, au Sud-Ouest de Bouge. L’année suivante, le 14 août, Bugeaud, devenu maréchal, remporte la bataille de l’Isly face aux Marocains. Abd el-Kader ne peut dès lors plus compter sur l’aide d’Abd er-Rahman, qui signe le traité de Tanger, le 10 septembre 1844, avec les autorités françaises. Réduit à opérer par coups de mains, le sultan algéien se rend le 23 décembre 1847 au duc d’Aumale, devenu gouverneur de l’Algérie, et au général Lamoricière, après trois années d’une lutte de guérillas.

Malgré la promesse qui lui est faite d’une captivité en terre d’Islam, Abd el-Kader arrive à Toulon, le 10 janvier 1848, en compagnie de sa famille. Il demeurera près de cinq années prisonnier en France, de janvier 1848 à septembre 1852. Après trois mois passés au fort Lamalgue, à Toulon, l’émir est transféré au château d’Henri IV à Pau, avant d’être installé au mois de novembre 1848 à Amboise. Là, il reçoit le 16 octobre 1852 la visite de Napoléon III, qui l’invite à Paris. L’hôte de l’Empereur des Français, après un séjour dans la capitale, gagne Marseille au cours d’un voyage triomphal, d’où il s’embarque pour la Turquie, le 21 décembre 1852.

A Istanbul, le 7 janvier 1853, Abd el-Kader se rend ensuite à Bursa, au sud de la mer de Marmara. Il y résidera deux années, grâce notamment, à une pension de 150.000 F. versée par le gouvernement français. Après la destruction de la ville par un tremblement de Terre et une visite à Paris lors de l’exposition universelle de 1855, Abd el-Kader s’établit à Damas en novembre 1855, se rapprochant ainsi des Lieux Saints de l’Islam. Toujours aussi influent aux seins des populations musulmanes, il tente de protéger les Chrétiens maronites persécutés par les Druzes de Syrie, en juillet 1860. Ceux-ci ne sont-ils pas des dhimmi, que tout croyant doit respecter. En remerciement, Napoléon III lui décerne peu après la Légion d’Honneur.

Grand connaisseur de la civilisation européenne, Abd el-Kader entretient une correspondance avec les journaux français et anglais. Ceci lui vaut une grande popularité. En 1864, il est initié à la franc-maçonnerie par le Grand Orient de France, avant d’entamer son second pèlerinage à La Mecque. Abd el-Kader figure parmi les invités officiels de la France lors de l’inauguration du canal de Suez, le 17 novembre 1869. Après la chute du Second Empire et la défaite de la France en 1870 face aux armées prussiennes, suivies de la révolte en 1872 en Kabylie et dans les Aurès, sévèrement réprimée, Abd el-Kader se retire de la vie publique et politique. Il se consacre désormais à la méditation et à la publication d’œuvres pieuses.

Abd el-Kader décède à Damas, le 26 mai 1883.

A.S.: