Communiqué en date du 12 janvier 2015 de Jean-Pierre Servel, Grand Maître de la Grande Loge Nationale Française (GLNF) :
AU LENDEMAIN D’UNE JOURNÉE DE FRATERNITÉ EXCEPTIONNELLE, LE MOT DU GRAND MAÎTRE JEAN-PIERRE SERVEL
Très chers Frères, mes bien-aimés Frères,
Après la journée de fraternité extraordinaire et historique que nous venons de partager avec tous nos frères en humanité, ayons une pensée profondément fraternelle et émue pour les victimes des terribles attentats que nous avons subis et pour leurs familles meurtries. Nos cœurs sont d’abord avec les victimes et ceux qui les aimaient.
Entourons tout particulièrement de notre sincère solidarité et de notre profonde affection fraternelle tous nos frères juifs qui, une fois encore, une fois de plus, ont été touchés cruellement par la haine et la violence aveugle dans l’attentat perpétré contre le supermarché casher de la Porte de Vincennes. À tous nos frères juifs, nous disons : vous n’êtes pas seuls dans cette terrible épreuve.
Permettez-moi également de remercier, en votre nom, les Grandes Loges étrangères qui, en grand nombre, nous ont adressé des messages de condoléances, soulignant la très grande émotion fraternelle suscitée par ces événements tragiques et par la réaction de notre pays. Vous pourrez les consulter d’ici quelques jours sur le site de la GLNF.
Mes Frères, personne ne peut rester muet devant de tels actes de barbarie, personne ne peut rester indifférent non plus à ce qui s’est passé hier partout en France. Nous étions sans doute très nombreux à participer, personnellement et de diverses manières, aux manifestations, au miracle de l’extraordinaire fraternité qui a éclos sous nos yeux.
Les images ne trompaient pas. L’égrégore, la compréhension mutuelle, le respect, la bienveillance avaient ouvert leurs portes, pris leur envol et transfiguré les rapports tristement ordinaires de la vie publique.
Tous ces sentiments que nos sœurs et frères en humanité ont vécu hier, nous nous préparons assidûment, dans notre vie de Maçon, à les déchiffrer et surtout à les accueillir et les préserver. Fallait-il, pour qu’ils se ravivent dans le cœur de nos compatriotes, qu’il y ait ces victimes, ces drames ? Nous le savons aussi, c’est souvent au cœur de la détresse et de l’horreur, au cœur de la mort, que naissent les germes d’une vie renouvelée. Pleine d’espérance.
Oui, fragile encore, une espérance est née dans les cœurs. Une espérance qui, au-delà des craintes et des arrière-pensées, traverse les clivages politiques, les confessions religieuses, les appartenances communautaires ou sociales.
Il ne nous appartient pas, mes Frères, de prendre position au nom de notre obédience dans les débats sociétaux et les arbitrages politiques qui vont inéluctablement s’engager.
Il nous appartient en revanche de nous mobiliser, individuellement, pour préserver quotidiennement, la belle espérance de fraternité qui est née dans l’environnement de chacun de nous. Il nous appartient, à notre mesure, par notre bienveillance et notre désir maçonnique, de la faire triompher, comme nous le pouvons, sans mot d’ordre, avec toute la liberté qui est la nôtre et que nous chérissons.
À divers degrés, chacun de nous, nombre de nos amis ou connaissances, ont voulu être frères et sœurs, pour quelques jours… Pour traduire ce désir de fraternité, ils ont voulu être « Charlie ». À chacun de nous, par notre comportement et notre regard sur les autres, de faire en sorte que cette volonté de fraternité se traduise concrètement dans les actes et persiste un peu plus longtemps.
Recevez, très chers Frères, mes bien-aimés Frères, l’assurance de ma fraternelle affection.
Jean-Pierre Servel
Grand Maître.