Céline Bryon-Portet, co-auteur avec Daniel Keller, de « L’Utopie maçonnique, améliorer l’homme et la société« , a publié dans le magazine numérique francophone « Mondes Sociaux » un article intitulé « La Franc-Maçonnerie, un objet délaissé par les sciences humaines et sociales? » .
Extrait : La franc-maçonnerie est un objet de recherche particulièrement riche pour les sciences humaines et sociales. Tout d’abord, parce que cette organisation s’est dotée d’une multitude de rites (Français, Ecossais Ancien et Accepté, Ecossais Rectifié, Emulation, de Misraïm…) et qu’elle est composée de nombreuses obédiences, aux sensibilités philosophiques et politiques différentes. L’Hexagone compte ainsi des obédiences telles que le Grand Orient de France, la Grande Loge Nationale Française, la Grande Loge de France, la Grande Loge Féminine de France, la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra, le Droit Humain…
Ensuite, parce que l’organisation maçonnique se distingue par la variété des champs thématiques qu’elle traverse et des questions qu’elle suscite. On pourrait d’ailleurs la considérer comme un « fait social total », au sens où Marcel Mauss entend cette expression , c’est-à-dire un système composé d’éléments de différente nature mais reliés entre eux, et qu’il convient donc d’appréhender de façon globale et interdisciplinaire, en prenant en compte les interactions qui s’y jouent.
Il soulève des problématiques relevant aussi bien de l’histoire (origines, emprunts culturels et invention d’une tradition propre, évolution des obédiences et des rites…), de l’anthropologie et de la sociologie (efficacité des mythes et des pratiques rituelles, modes de recrutement des futurs initiés, sociabilité fondée sur le secret, l’entre-soi et la fraternité…), que de la philosophie (schèmes de pensée ternaires invitant à un dépassement des oppositions dualistes, approche constructiviste de la réalité, quête d’une connaissance de type gnostique…) ; mais aussi de la psychologie (mécanismes psychologiques à l’œuvre dans le processus initiatique), de la sémiotique (production de signes verbaux et non-verbaux singuliers), des sciences de l’éducation (forme d’apprentissage reposant principalement sur une méthode inductive et un travail herméneutique), ou des sciences de l’information et de la communication, ce dont nous donnerons un aperçu dans cet article.
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Céline Bryon-Portet est Maître de conférences habilitée à diriger des recherches à l université de Toulouse. Docteur ès lettres, elle est l auteur de nombreux articles sur les médias et la franc-maçonnerie, et a publié un ouvrage intitulé Sociologie des sociétés fermées : Imaginaire symbolique et sacralité en milieu clos.