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ÇA S’EST PASSÉ UN 15 AOÛT…PIERRE DAC


Dans l’esprit de rappeler quelques dates marquantes de l’histoire de la Franc-Maçonnerie, Pierre MARECHAL avait commis (en fin 2020) un petit livre (de 140 pages – 148 x 210 mm) intitulé  »365 jours en Franc-Maçonnerie’‘ qui mentionnait un événement pour chacun des jours d’une année (ouvrage épuisé).


Le 15 août de Pierre DAC

Quel embarras du choix pour retenir un des événements ayant eu pour date le 15 août, tant ils sont nombreux ! Etant membre du Droit Humain, j’aurais pu souligner celle d’août 1828, jour de la naissance de Marie Adélaïde Deraismes (1), plus connue sous le nom de Maria Deraismes, pionnière dans le combat pour le droit des femmes et, surtout, co-fondatrice (avec Georges Martin) de l’ordre maçonnique mixte international ‘’Le Droit Humain’’.

Mais, aujourd’hui, 15 août 2022, étant un ‘’homme libre et de bonne humeur’’, j’ai opté pour l’alliance de l’histoire et de l’humour. De plus, comme je pense qu’il est ‘’possible d’améliorer l’Homme et l’humanité tout en souriant, voire en riant ’’(2), faisons en sorte ‘’que la joie soit dans les cœurs’’ malgré certaines circonstances parfois compliquées.

Alors, ce 15 août ? Celui de l’année 1893, à Châlons-sur-Marne, naissait André, fils de Salomon Isaac et de Berthe Khan. Plus tard, cet André sera connu comme humoriste et comédien sous le pseudo de Pierre Dac.

Grandissant au sein d’une famille modeste, de son père tenant commerce de boucherie à Paris, le jeune homme doué pour les farces hérite d’une forme d’humour inhabituel.

Son frère aîné Marcel meurt durant le conflit de 14-18 et lui-même est blessé pendant les combats. Sorti de cette guerre, il vit de petits métiers (coursier, chauffeur de taxi, homme-sandwich). Puis, il se produit en qualité d’artiste chansonnier dans des cabarets.

En octobre 1922, il a 29 ans, il débute à La Vache enragée, l’un des plus célèbres cabarets de Montmartre et se produit également à La Muse Rouge.

L’année suivante, il rencontre le chansonnier Roger Toziny (né le 24 septembre 1883, à Blaye) qui le force à auditionner pour vaincre sa timidité et lui trouve son pseudonyme « Dac » en référence à ses dons de chansonnier d’actualités (3).

Dans les années 30, il crée des émissions de radio dont La Société des Loufoques qui connaît un réel succès. En 1938, il lance un hebdomadaire satirique, L’Os à moelle, qu’il doit interrompre en 1940 à cause de ses positions anti-allemandes.

En 1943, réfugié à Toulouse, place Jeanne d’Arc, recherché en raison de ses origines juives, avant de tenter le passage par la frontière espagnole pour se rendre ensuite en Angleterre, il est allé accrocher un panneau aux grilles de la Kommandantur place du Capitole, panneau portant l’inscription : « Il est interdit de donner à manger aux animaux » !

Malgré plusieurs interpellations, Pierre Dac parvient enfin à rejoindre Londres. En 1943, Il devient chroniqueur pour Radio Londres et, au micro de la BBC, il est un des « Français qui parlent aux Français ».

En France, Philippe Henriot, éditorialiste au service de la propagande allemande, attaque Pierre Dac au micro de Radio-Paris le 10 mai 1944, en évoquant ses origines juives et en rappelant qu’il s’appelle en réalité André Isaac et qu’il est le fils de Salomon et de Berthe Kahn :

« … Dac s’attendrissant sur la France, c’est d’une si énorme cocasserie qu’on voit bien qu’il ne l’a pas fait exprès. Qu’est-ce qu’Isaac, fils de Salomon, peut bien connaître de la France, à part la scène de l’ABC où il s’employait à abêtir un auditoire qui se pâmait à l’écouter ? La France, qu’est-ce que ça peut bien signifier pour lui ?… »

Le lendemain, oubliant le profond sentiment d’écœurement qui l’habite, Pierre Dac lui répond au micro par un texte titré Bagatelle sur un tombeau (cliquez sur le lien ci-après) : https://youtu.be/TvsTWIOJf4o

La conclusion de Pierre DAC, sous forme d’épitaphe, aura été prémonitoire ; quinze jours après la diffusion de son texte à la radio, Philippe Henriot était abattu par la Résistance.

Après la guerre, l’artiste reprend ses spectacles de chansonnier et forme un duo avec Francis Blanche devenu légendaire. Ils créent alors des feuilletons radiophoniques à grand succès comme Malheur aux barbus, Signé Furax ou encore Bons baisers de partout.

Il a aussi été Franc-maçon, accepté en 1926, dans la Loge Les Inséparables d’Osiris, de la Grande Loge de France. Mais, du fait de ses nombreuses activités professionnelles, il a dû renoncer provisoirement à son parcours maçonnique. Après la guerre, il renouvelle sa demande et il est reçu en mars 1946 dans la Loge Les Compagnons Ardents. Un an après, il passe Compagnon. On ne sait pas grand-chose de son cheminement sauf qu’il a sans doute démissionné de la Franc-maçonnerie en 1952 (4).

En 1949, sa rencontre avec Francis Blanche sera décisive pour la suite de sa carrière. Pouvez-vous me dire… pouvez-vous me dire … si vous vous souvenez, entre autre, du sketch Le Sar Rabindranath Duval ?

On se souvient également de son célébrissime ‘’Rituel des voyous’’, librement adapté des rituels de travaux maçonniques, très probablement co-écrit avec ses complices de la scène, Francis Blanche et Léo Campion.

Inlassable créateur, auteur d’un humour pince-sans-rire et de jeux de mots savoureux, surnommé le « roi des loufoques », il est l’inventeur du Schmilblick.

Dans son ‘’Os à Moelle’’ n°66 (le 15 août 1939), il écrivait :
‘’Même assommé par le soleil de l’été, le plus endormi des Français a maintenant compris que tout ce que les hommes politiques affirment depuis plus d’un an n’est que tromperie et mensonge. En France, les masques (à gaz), offerts à la population pour se protéger en cas d’attaque surprise, deviennent payants…’’ (5).

Toute ressemblance avec des faits plus actuels n’est que pure coïncidence !

Malgré son succès incontestable, Pierre Dac était resté un homme timide et modeste, presque effacé. Souvent plongé dans la déprime, il avait fait quatre tentatives de suicides durant sa vie.

Il meurt le 9 février 1975, à Paris, dans la plus grande discrétion.

Au dernier souffle de ses 81 ans, avait-il seulement pensé à sa propre citation

« La mort, c’est un manque de savoir-vivre » ?

Pierre MARECHAL le 15 août 2022

Le 15 août de Pierre DAC

  • 1) 365 jours en Franc-maçonnerie – Pierre Maréchal – 2020
  • 2) Le sourire sous le tablier – Alain Mothu – Dervy 2008
  • 3) Pierre Dac, mon maître 63. Des débuts difficiles à la vache enragée, et réciproquement – Jacques Pessis – 1992.
  • 4) Des humoristes sous le bandeau – F-M magazine n° 87 – Denis Lefebvre – Juillet-août 2022.
  • 5) L’Os à Moelle – Pierre Dac – compilation d’écrits depuis le n° 1 du 13/05/1938 jusqu’au n° 109 du 7/06/1940 – 1197 pages – Omnibus – 2007
A.S.: