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Bonne Fête de Saint-Jean le Baptiste !

La fête de la Saint-Jean, célébrée dès le milieu du IVe siècle, a lieu le 23 juin, la nuit précédant la fête de la nativité de st Jean-Baptiste.

Jean le Baptiste baptise les croyants dans l’eau ; on peut dire qu’il travaille « de ses mains », il est un « opératif », en Maçonnerie, Jean le Baptiste est l’Initiateur, celui qui, grâce à l’épreuve de l’eau, prépare le chemin vers la réalisation de la Beauté, de la Force et de la Sagesse.

A cette occasion de la St Jean le Batptiste, les paysans de l’Europe entière allumaient des feux dans les rues ou sur les places et sautaient par dessus. Ces feux recevaient parfois la bénédiction d’un prêtre.

Franchir 9 feux donnait du bonheur et la certitude de se marier dans l’année pour la fille qui ne brûlait pas son jupon.

Le feu de la Saint-Jean protégeait aussi des rhumatismes.

On répandait les cendres dans les potagers pour en chasser les insectes et les chenilles.

J.G. Frazer rapporte qu’à Draguignan (Var), des gousses d’ail étaient grillées sur les feux de la Saint-Jean et que les familles se les partageaient.

Les Bretons croyaient que les tisons du feu de la Saint-Jean, placés près de leur lit, entre un buis béni le dimanche des Rameaux et un morceau de gâteau des Rois, les préservaient du tonnerre.

En Bretagne, on se disputait également, avec beaucoup d’ardeur, la couronne de fleurs qui dominait le feu de la Saint-Jean.

Ces fleurs flétries étaient des talismans contre les maux du corps et les peines de l’âme ; les jeunes filles les portaient suspendues sur leur poitrine par un fil de laine rouge.

En France, c’est dans quelques localités seulement, et surtout dans les campagnes, que se sont perpétués la Saint-Jean et ses feux de joie.

C’était le jour de la Saint-Jean, à minuit, qu’il fallait récolter les herbes magiques pour qu’elles aient la plus grande efficacité. Au même moment, l’eau des fontaines se changeait en vin.

On croyait que la fougère, cueillie entre minuit et une heure du matin la nuit de la Saint-Jean, protégeait des maléfices et procurait fortune et amour.

Celui qui s’étendait dans les fougères avec une bougie allumée à la main pouvait même parler aux saints et aux anges.

Le millepertuis, cueilli la même nuit, en allant à reculons, soignait les plaies, les brûlures, les maladies de peau, les piqûres d’insectes et les morsures de serpent. De plus, il éloignait les sorcières et chassait les mauvais esprits. On sait aujourd’hui que le millepertuis agit efficacement contre les états dépressifs.

La nuit de la Saint-Jean donnait le plus de chance de découvrir un trésor et de se réconcilier avec son conjoint.

Si une fille à marier place dehors, la nuit de la Saint-Jean, un verre d’eau contenant un blanc d’oeuf, elle pourra voir, le lendemain, dans le dessin formé, l’outil du métier de son futur époux.

La veille de la Saint-Jean, les Italiennes en mal de mari semaient du blé dans un pot placé dans l’obscurité. Neuf jours plus tard, elles venaient constater le résultat : si le blé avait germé avec des pousses vertes, elles auraient mari beau et riche ; si le blé était chétif et racorni, il allait leur falloir attendre des jours meilleurs pour trouver époux à leur guise.

Autrefois, la Saint-Jean se célébrait dans les villes comme dans les campagnes : à Paris même, elle ne disparut qu’à la Révolution.

On dressait sur la place de Grève un arbre qu’on appelait l’arbre du feu de la Saint-Jean. C’était le roi qui venait (quand il se trouvait à Paris) mettre lui-même le feu à cet arbre. Louis XI le fit en 1471, François I en 1528, Henri II et Catherine de Médicis en 1549, Charles IX en 1573, Henri IV en 1596, Louis XIII en 1615 et 1620, Anne d’Autriche en 1616 et 1618. Louis XIV fut le dernier roi qui prit part à cette cérémonie à laquelle il ne figura qu’une seule fois : les prévôts des marchands et les échevins furent alors chargés de mettre le feu.

Quand l’arbre était totalement consumé, les Parisiens recueillaient avec soin les tisons et les cendres et les portaient dans leurs maisons, persuadés que ces restes du feu portaient bonheur.

En 1789, la Révolution mit un terme à la fête, du moins à Paris et dans les villes les plus importantes. A Douai, où la population allumait un feu dans chaque rue, tous les soirs du 23 au 29 juin, la police interdit les feux en 1793 ; ils furent rallumés en 1795 et les années suivantes jusqu’en 1806, malgré une nouvelle interdiction en 1797.

Dans des temps plus anciens, on suspendait à l’arbre du feu de la Saint-Jean un tonneau, un sac, ou un panier rempli de chats.

On lit dans les registres de la ville de Paris : « Payé à Lucas Pommereux, l’un des commissaires des quais de la ville, 100 sous parisis pour avoir fourni, durant trois années finies à la Saint-Jean 1573, tous les chats qu’il fallait audit feu, comme de coutume, et même pour avoir fourni, il y a un an, où le roi y assista, un renard, pour donner plaisir à Sa Majesté, et pour avoir fourni un grand sac de toile où estoient lesdits chats. »

Ces holocaustes de chats n’étaient peut-être qu’une survivance des sacrifices gaulois.

La Saint-Jean est l’héritière des fêtes païennes et des rites célébrant la fertilité agricole au moment du solstice d’été.

Augustin d’Hippone s’éleva contre la fête solsticiale : « Habeamus solemnem istum diem, non sicut infideles, propter hunc solem, sed propter eum qui fecit hunc solem » (Solennisons ce jour, non comme des infidèles, à cause du soleil, mais à cause de celui qui a fait le soleil).

 Dans l’antiquité, les fêtes de la Lumière se déroulaient au solstice d’hiver et au solstice d’été.

Le christianisme conserva ces pratiques qu’il masqua sous les noms de fête de saint Jean l’évangéliste (au moment de l’hiver) et fête de saint Jean le baptiste (au moment de l’été), selon un cycle annuel que nul n’ignorait depuis l’aube de l’humanité : phase ascendante de la Lumière pour Apollon, remplacé par Jean l’évangéliste, phase descendante pour Dionysos, remplacé par Jean le baptiste.

La première, fêtée au moment de la plus longue nuit de l’année, marque le début de l’hiver ; la seconde, fêtée le jour le plus long de l’année, marque le début de l’été.

Y-a-t-il une relation entre les deux Jean et le dieu Janus au double visage qui marquait la fin et le début d’une année ?

La Saint-Jean-Baptiste est le jour de la fête nationale du Québec.

A.S.: