Reprochant à de trop nombreux auteurs de la Franc-maçonnerie de recopier, sans les vérifier, les erreurs de leurs prédécesseurs, l’auteur, remontant aux sources de la Franc-maçonnerie, présente le contexte historique, social et religieux dans lequel la Franc-maçonnerie spéculative moderne est née.
Aux origines de la Franc-maçonnerie : Issac Newton et les newtoniens
de Alain Bauer (Editions Dervy – Juin 2023 – 126 pages)
A l’inverse des hypothèses considérant que la Franc-maçonnerie spéculative était l’héritière directe de la Franc-maçonnerie de métier, dite opérative, l’auteur émet l’hypothèse, étayée par de nombreux documents inédits ou redécouverts, que la Franc-maçonnerie spéculative a été, en fait une « invention » des amis d’Isaac Newton, scientifique célèbre et alchimiste méconnu. Ceux-ci auraient inventé la Franc-maçonnerie autour d’un projet idéologique novateur. En fait, il se serait agi de faire sortir la société du débat religieux dans une Angleterre ravagée par les guerres civiles pour lui substituer le progrès scientifique comme moteur. Loin d’être une affirmation dogmatique de la vérité, ce livre, œuvre de chercheur et d’historien, ouvre des pistes inexplorées sur l’histoire de la Franc-maçonnerie européenne.
Comme un parfum de doxa dans l’air. Même l’empruntiste Jean-Michel Mathonnière écrit « la transposition d’un tel mythe bâtisseur à la sphère purement spéculative semble difficilement pouvoir s’opérer sans qu’à l’origine de ce processus, tout ou partie de ses acteurs ne possède une connaissance intime du métier »
Or effectivement Le leg de John Cadeby nous montre que le « spéculatif » est en maçonnerie depuis 1450 et sans doute avant. La continuité de l’opératif au spéculatif de la Loge St Mary’s Chapel d’Edimbourg est indiscutable. « L’acceptation » est selon toutes vraisemblances la branche « spéculative » (et élitiste) de la maçonnerie opérative, celle qui accepte des hommes comme Elias Ashmole FRS ou Robert Moray FRS. C’est bien à l’ombre du chantier de la toute première Cathédrale Anglicane que se construit la Maçonnerie d’origine anglaise (L’oie et le Grill à « St Paul Churchyard »). Le fils de l’architecte Sir Christopher Wren FRS, celui qui pose la dernière pierre de l’édifice, est l’un des 14 signataires des constitutions Maçonnique. Les « constructeurs » de la Cathédrale Saint Paul comme Wren, Strong, Hawksmoor, Thornhill sont parmi les premiers FF de la « nouvelle » Maçonnerie. C’est encore l’emblème des maçons opératifs qui orne la constitution des Moderns en 1738, et l’Ahima Rezon des Ancients. Ce sont bien des Franc-Maçons de la RL Edinburgh Lodge No. 8 qui taillent opérativement les pierres qui fondent la Maison Blanche de Washington, sous la direction d’un architecte Franc-Maçon. Ce sera encore un architecte Franc-Maçon, John Loughborough Pearson, qui bâti la seconde cathédrale anglicane d’Angleterre -Truro- (il a déjà construit plusieurs Temples Maçonniques à ce stade de sa carrière).
Ces quelques indices d’une continuation naturelle ne sont pas exhaustifs.