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APRES TOUT, QUEL EST LE SECRET MACONNIQUE ?


Le « secret maçonnique » fait partie de ces choses auxquelles la curiosité de la société, certains médias, et certains secteurs plus « aguerris » ne peuvent résister. La franc-maçonnerie est quelque chose dont on parle ouvertement et sur la place publique depuis peu : elle ne méritait auparavant que des commentaires étouffés, des demi-mots et des regards de mécontentement, invariablement accompagnés de désinformation, hors contexte et criblés de préjugés.Une bonne partie de la responsabilité incombe aux maçons eux-mêmes. Persécutés pendant des années, ils sont restés à partir d’un certain point tellement « clandestins » et discrets qu’ils ne se souciaient même pas de ce qu’on disait d’eux – encore moins soucieux de la réfutation publique des contrevérités, et de la diffusion d’informations correctes sur la franc-maçonnerie. 

Les temps ont changé, les extrémismes du passé ont été endigués, et la franc-maçonnerie commence à pouvoir sortir de dessous la pierre où elle était cachée – et les francs-maçons commencent à vouloir réparer les erreurs résultant de décennies de silence.Cependant, ce faisant, ils sont confrontés à une première ligne d’idées toutes faites, d’arguments fallacieux, d’aveuglement volontaire, de références constantes aux mêmes sources déjà mille fois démasquées, d’insistance sur des questions déjà résolues un nombre incalculable de fois. , et le refus de se déplacer d’un millimètre au-delà des points de vue précédemment acquis.Ce qui, au début, semble être un défi intéressant, commence à devenir une guerre démoralisante et silencieuse d’entêtement et de fatigue. C’est juste qu’après avoir répondu trente fois de suite à la même question, essayant à chaque fois de trouver une réponse plus juste, plus facilement intelligible, plus susceptible de faire rayonner le doute, et face à la répétition incessante de la même question, encore et encore , ils finissent si les idées, l’imagination s’épuisent et la patience s’épuise.En ce qui me concerne, j’ai essayé de considérer chaque question comme un désir sincère d’arriver à la vérité. Même ceux qui, placés de mauvaise foi, n’entendent que passer le tour proverbial, méritent une réponse aussi franche que possible : après tout, les réponses sont là, pour le plaisir et le bénéfice de ceux qui veulent les lire, et peut-être qu’ils va profiter à quelqu’un…Les étrangers ne peuvent pas parler de franc-maçonnerie sans parler de secret. En fait, j’ose dire que le secret est ce dont on parle le plus « de l’extérieur » quand on parle de la franc-maçonnerie. Et je me risquerais aussi à dire qu’on ne parle plus d’un secret « de l’intérieur » car c’est quelque chose de déjà tellement intériorisé qu’il ne mérite (plus) d’être constamment réparé. Je le répète une fois de plus : les « secrets » de la franc-maçonnerie ne sont rien d’autre que le contenu des rituels, les moyens de reconnaître les divers degrés, l’identité des francs-maçons et ce qui se passe dans les séances.

Les deux premiers secrets sont symboliques et rituels. Le contenu des rituels n’a rien de spécial, et je suis sûr que quiconque les lira dans l’espoir de trouver une vérité miraculeuse sera amèrement déçu : ils déterminent simplement qui dit quoi, quand et dans quelles circonstances, un peu comme une pièce de théâtre. Les signes de reconnaissance sont aussi purement rituels, et utilisés presque exclusivement dans une loge ou à l’entrée d’un temple maçonnique. Les francs-maçons ne marchent pas dans la rue en se donnant des « signaux » les uns aux autres…Les deux autres secrets concernent la protection de la vie privée des personnes. L’identité des francs-maçons ne peut être révélée que par eux-mêmes, car beaucoup voient encore la franc-maçonnerie d’un mauvais œil, et la révélation du statut maçonnique de quelqu’un peut, de ce fait, provoquer un malaise professionnel, social ou religieux. D’autre part, en gardant secret ce que chacun dit dans le magasin, on donne aux participants la liberté de s’exprimer sans réserve, avec la certitude que les positions qu’ils révèlent, les idées qu’ils défendent, les attitudes qu’ils adoptent, y resteront .Vous ne pouvez apprendre qu’en faisant des erreurs, et la franc-maçonnerie est une école d’apprentissage. Chacun est invité à donner le meilleur de lui-même, sans crainte de se tromper et sans craindre l’accusation des autres. Loin de là, on apprend que le juge le plus impitoyable d’un homme doit être lui-même, mais que pour cela il faut que les autres s’abstiennent et lui laissent l’espace et le temps pour que cela se produise, toujours dans un climat de confiance et d’entraide.

N’oublions pas que la franc-maçonnerie spéculative est née il y a plus de trois siècles en Angleterre, et qu’elle fut une école de  gentleman,  donc bien imprégnée de la culture et des valeurs de ce pays et de cette époque. Un  gentleman  était, à l’époque (et est encore aujourd’hui…) quelqu’un dont on attend une certaine retenue, une certaine réserve dans les agissements, une dose de circonspection qui évite les conclusions hâtives, les revirements incessants ou, encore, la l’extériorisation de plus de maladresses que les circonstances ne le permettent, ce qui pourrait le discréditer…On dit, parfois en plaisantant, que le grand secret est qu’il n’y a pas de secret ; C’est à peu près ça. 

Au-delà de l’énoncé, il n’y a plus de « secrets » qui peuvent servir à quoi que ce soit. Il n’y a pas d’ingrédients magiques,    de formules secrètes ou  de passages cachés ; juste la mise en évidence d’une caractéristique importante chez un citoyen mature. C’est juste qu’apprendre à se taire est quelque chose qui prend du temps, surtout dans une société où tout est de plus en plus transparent. C’est justement pour apprendre à se retenir, à ne pas dire tout ce qui nous passe par la tête, à réserver ce que l’on entend dire pour le moment le plus approprié, que le « secret » sert. Ce n’est rien de plus qu’un simple outil de travail, un exercice de volonté, dans le sens d’amener les maçons à apprendre à garder pour eux les premières impressions – éventuellement injustes, peut-être erronées, certainement hâtives – de quoi que ce soit.Juste ça.

Paolo M.

A.S.:

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