Marianne Blancherie partage dans notre rubrique Les illustrissimes blogueurs : « Les empêcheurs de maçonner en rond », un billet intitulé :
Ami profane, tu as dit Fraternité ?
La part de lumière du monde, votre part de lumière à vous, peut également se transmettre. N’est-ce pas cela la fraternité ?
Non ! Il n’y a pas que les ténèbres et le matérialisme sordide qu’on cherche à nous faire ingurgiter à longueur de temps ; il n’y a pas non plus que le matraquage publicitaire abscons, les guerres et la violence, les medias decérébrants qui se font la vox populi des grands groupes industriels, les traders qui font sombrer le monde dans les ténèbres épaisses d’une crise sans lendemain. Il y a autre chose que ces ténèbres insondables et poisseuses dont on cherche à nous environner constamment. Et cet autre chose, n’allez surtout pas le chercher ailleurs qu’en vous-mêmes et dans le regard de votre prochain.
Vous pouvez faire grandir en vous votre part de lumière par un travail personnel et la faire fructifier chez vos enfants, chez vos amis, par la simple vertu de l’exemple et le rayonnement de l’amour que vous portez en vous. Oui, vous, bien sûr ! J’ai bien dit « vous » ! D’ailleurs, vous le faites déjà… Ce travail, vous l’avez entamé depuis longtemps… vous méditez, vous priez, vous vous sentez solidaire de l’humanité tout entière au travers de ce que vous lui livrez de votre être intérieur. C’est un beau chemin… je dirais même que balayer devant sa porte est un préalable indispensable au travail collectif.
Pourquoi collectif ? Et bien tout simplement parce que, à travailler dans son coin, on finit par se sentir seul ; et que travailler à plusieurs permet d’apprendre plus, d’aller plus loin, plus vite, plus fort ! Tout en considérant avec humilité notre part d’ignorance, au sens où l’entendait Socrate lorsqu’il disait : « je sais que je ne sais rien et c’est là toute ma force ». Et puis ne plus travailler seul, c’est aussi découvrir ce que signifient le partage et la fraternité. Du moins est-ce mon expérience personnelle et celle de nombreux Frères et Sœurs de mon entourage.
Je crois que la fraternité, c’est être solidaire du chemin que parcourt l’autre tout en demeurant attentif à son évolution, comme aux embûches qu’il rencontre. C’est aussi une question de naissance. L’initiation est une renaissance. Celui qui est initié intègre une grande famille. Puis il grandit au sein de cette famille, en passant par tous les âges de la vie.
Je vous vois sourire. Ca n’a rien de ridicule ! Ce sont des étapes nécessaires, vous savez. Prenez patience, vous allez finir par comprendre…
Sur le plan initiatique, la fraternité, c’est comme une expérience d’alpinisme. Elle est indissociable de la solidarité et de l’humilité. N’oublions pas que nous sommes les maillons d’une grande chaîne. En sommes-nous pleinement conscients ?
Il me semble que l’initié doit avant tout le respect à celui qui chemine. Sommes-nous seuls dans la grande chaîne de la vie ? Lorsque nous empruntons un chemin, ne faut-il pas être conscients que ce chemin, d’autres l’ont suivi avant nous… et aussi que d’autres emprunteront cette voie derrière nous ?
Le respect de la règle de la justice à travers les vies, la fameuse loi du karma, implique que chacun connaît l’évolution qu’il est capable de connaître, au maximum de ses possibilités, là ou il se trouve, sans jamais être séparé de la grande chaîne de l’humanité qui le relie à ses semblables et à l’univers tout entier. Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes « possibles ». De ce fait, même s’il m’arrive parfois d’avoir l’impression d’être parvenu au bout du chemin, la vie me rappelle très vite que celui-ci ne fait jamais que commencer… Bel enseignement d’humilité… et de beauté intérieure aussi. Et plus je tendrai la main à mon semblable qui chemine sur la voie, plus il me sera facile de cheminer à mon tour en empruntant la voie qu’ont ouverte ceux qui y sont passés avant moi.
Il n’est pas beaucoup de convictions. Mais cette simple conviction de fraternité solidaire donne une force considérable ! C’est à la fois un principe et une réalité. Et s’il vous arrive d’être déçus par les franc-maçons, car nous ne sommes jamais que des êtres humains, la franc-maçonnerie en revanche ne vous décevra jamais. Elle est une fraternité… et bien plus encore ; une règle de vie.
Je crois aussi que, mener ce travail personnel et collectif au sein d’une société aux traditions séculaires, évite de se faire berner par des marchands de bonheur, qui n’ont de cesse que d’étourdir leurs victimes, pour mieux leur voler leur âme tout en vidant leur compte en banque.
Si on vous propose de payer très cher pour rencontrer quelqu’un qui vous dira enfin qui vous êtes, Fuyez ! Sauvez-vous à toutes jambes ! Personne au monde ne sait mieux qui vous êtes que vous-même. Et le seul véritable bonheur de l’être accompli est celui dont il récolte les fruits après un travail en profondeur sur lui-même et la maîtrise de ses pulsions… travail qu’il poursuit, tout au long de sa vie, sans jamais relâcher son attention.
Celui qui prétendra vous connaître mieux que vous ne vous connaissez vous-même ne peut être qu’un charlatan. Seul celui qui ouvre une voie et montre un chemin, en vous mettant des outils dans les mains, a quelque grâce à mes yeux. C’est pour cela aussi que nous ne sommes pas infaillibles ; car au sein de la fraternité, chacun mène son travail personnel, chacun taille sa pierre, au maximum de ses possibilités, avec pour seul matériau brut sa propre personnalité, la richesse de son être tout entier. Ce qui est beau, c’est de prendre toutes les pierres et de les assembler pour faire un édifice partagé… regarder le monde comme un temple… aux lignes épurées.
« Ne donnes pas du poisson à ton fils, apprends-lui à pêcher » dit le proverbe chinois. Et l’amour qui brille dans les yeux du père lorsqu’il tend la canne à pêche à son fils, lui transmet une force capable de lui faire gravir des montagnes, pour trouver la rivière la plus pure ou s’ébattent par milliers les poissons les plus divers, aux écailles chatoyantes.
Et quand il escalade la montagne, à la recherche de cette rivière, accompagné de son grand-frère et des cadets de la famille, la force commune, l’espoir partagé, leur donne à tous les outils nécessaires pour affronter avec efficacité les embûches du chemin… ensemble, et dans la fraternité.
Marianne Blancherie
- Marianne Blancherie
Née à la GLMMM en 2006, Marianne Blancherie est la directrice de rédaction de la Planche à Tracer, magazine pluriel d’expression maçonnique sans attache obédientielle, ayant pour unique limite éditoriale la quête de sens de nos contemporains. Elle est Écrivain et auteur du blogwww.spiritualites.fr, Marianne Blancherie étudie en profondeur depuis de nombreuses années l’approche symbolique et initiatique des courants spirituels. Au 21ème siècle, la quête spirituelle de nos contemporains se fait de plus en plus intense. Nous sommes tous aujourd’hui dans une quête de sens et une recherche intérieure que les approches classiques ne permettent plus de satisfaire. C’est pourquoi au travers de ses écrits Marianne Blancherie explore depuis plusieurs années les différentes voies d’accès à la Lumière.
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