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AMBIVALENCE ET AMBIGUÏTÉ DES RITUELS

 Voici un texte pour notre nouvelle rubrique « loge libre et insoumise »

 


Ambivalence et ambiguïté des rituels

La finalité de l’enseignement initiatique, (est initiatique ce qui associe pédagogie et thérapie) est de permettre à chacun d’agir au lieu de réagir, de créer son espace d’autonomie à l’intérieur duquel il ne peut être mani­pulé. C’est le projet maçonnique de l »Homme libre ». Au commencement, chacun doit reconnaître les ficelles qui le manipulent.

De ce fait, il doit reconnaître l’ambiguïté des rituels : ils libèrent et aliènent. Il libèrent dans la mesure où ils encoura­gent à se distancier relativement aux réflexes et aux tics mentaux, aux habitudes » « profanes » et ils aliènent dans la  mesure où ils invitent à se conformer, â se mouler dans une  forme préétablie, à adhérer sans réserve aux commentaires, à se surveiller pour être reconnu par le groupe, bref, a se justifier et à plaire.

« Pharma-son », remède et poison, tel est le mythe.

Découvrir ce qui est étrange, enchanté, prometteur, dans la réalité, tel est le projet de l’Art Royal. Et déformer la réalité, la fuir et lui substituer une image fantasmatique, s’installer dans la névrose, tel peut être le résultat et tel il est, trop fréquemment. Ce résultat empoisonné est inévitable si l’on regarde les mythes et les rituels qui les portent comme hors de portée pour un débat sur leurs origines et sur leurs fonctions. Le respect  inconditionnel dû aux rituels est exigé par les profanes en tablier qui n’ont pas réussi à se débarras­ser des «métaux» parmi lesquels le plus préjudiciable est l’instinct animal de la domination qui pousse à occuper une place prépondérante dans la horde.

Les systèmes maçonni­ques sont un poison lorsqu’ils servent cet instinct et installent chez les adeptes de l’Art une relation dominants-dominés. Mais ce qui fait du mal peut aussi faire du bien (et inverse­ment…).

Philosopher, c’est critiquer la philosophie. De même, maçonner, c’est critiquer la Franc-Maçonnerie. Critiquer n’est pas démolir, mais questionner, chercher, fouiller, dis­tinguer, vérifier, comparer. Parmi les hommes et les femmes qui pratiquent les rituels dits de « hauts grades », on rencontre aussi bien les victimes du poison que les bénéficiaires du remède et, nous le répétons, c’est la même matière, rituel­ « pharma-son », qui procure les deux.

Les victimes se reconnais­sent au premier coup d’œil : leur comportement est généra­lement psycho-rigide. Elles ont des réponses à toutes les questions. Une seule par question, la seule « vraie ». Elles ont tout compris, même et surtout si elles  avancent des lieux communs sur le thème «nous sommes des éternels apprentis». Elles jugent et condamnent, se montrent bienveillantes à l’égard de qui accepte de se laisser conduire par leur main et malveillantes à l’égard des autres. Dans la cité, elles se comportent comme les dépositaires exclusifs des secrets et des’ formules qui sauveront le monde.

Les seconds écoutent, rayonnent et éveillent sans domi­ner ni conduire. Ils sont ceux qui, dans la cité, savent dire quand il le faut et ne craignent pas de le dire : « le roi est nu ». C’est de ceux-là dont la cité a besoin.

Extrait du livre de Daniel Beresniak  « Rites et symboles de la F.M. »  ( pages 4 et 5 )

 


 

A.S.: