L’éditorial « Sud-Ouest » a publié un article sur la vie de Joseph-Alexandre Guillotin, malheureusement trop connu pour connu pour avoir fait adopter, à la Révolution française, la guillotine comme mode unique d’exécution capitale.
Mais cet article permet à tous de découvrir une autre facette de cet homme, de ce franc-maçon également …
Source : http://www.sudouest.fr/2010/10/25/un-philanthrope-incompris-221368-2780.php
Un philanthrope incompris
Joseph-Alexandre Guillotin, avocat à Bordeaux, fut prolifique : 13 enfants ! L’un d’eux, Joseph-Ignace (Saintes 1738-Paris 1814) brillant élève, se destine à la prêtrise et entreprend, à Bordeaux, durant sept ans des études théologiques au Noviciat des jésuites, il reçoit le 4 avril 1756 la tonsure et les quatre ordres mineurs. Il fut également professeur au Collège des Irlandais, 3 rue du Hâ.
Signe du destin ?
Quelques années après, le plus proche voisin, mitoyen du collège des Irlandais, au 5 de la même rue, sera Jean-Baptiste Lacombe de sinistre mémoire, prêtre défroqué, président de la Commission miliaire de Bordeaux sous la Terreur.
En 1763, Joseph-Ignace, lui aussi, abandonne la soutane et se tourne vers une nouvelle vocation, la médecine. Il obtiendra son diplôme en 1770. Séduit par l’esprit de liberté et de progrès, il s’engage dans un parcours maçonnique très actif. Initié en 1772, à la loge la Parfaite union d’Angoulême il est deux ans plus tard Vénérable de la loge La Concorde fraternelle à l’Orient de Paris et en 1778 et sera membre affilié à celle des Neuf sœurs, dans laquelle travaillaient également Voltaire, les peintres Greuze et Vernet, le duc d’Orléans le duc de Chartres… Il a, par ailleurs, joué un rôle prépondérant dans la formation du Grand Orient de France.
Élu député du Tiers état aux États généraux de 1789, notre Bordelais propose la mémorable réunion dans la salle du Jeu de paume (immortalisée par le peintre David), lorsque, à Versailles, les députés trouvèrent leur salle de réunion habituelle fermée.
Humaniste sincère, imprégné du Siècle des Lumières, marqué par les valeurs maçonniques, il demande en séance du 1er décembre 1789 à l’Assemblée nationale constituante que « La loi, soit qu’elle punisse, soit qu’elle protège, doit être égale pour tous les citoyens, sans aucune exception. » Et que « Les délits du même genre seront punis du même genre de supplice, quels que soient le rang et l’état du coupable ; dans tous les cas où la loi prononcera la peine de mort, le supplice sera le même (décollation) et l’exécution se fera par un simple mécanisme. »
En effet, sous l’Ancien régime, la décollation au sabre était réservée à l’aristocratie, le voleur de grand chemin, lui, était roué en place publique, le régicide et le criminel écartelés, le faux-monnayeur bouilli vif, l’hérétique brûlé et le voleur pendus.
«La tache» Guillotine
Guillotin espérait instaurer une exécution plus humaine et moins douloureuse, rendre les mises à mort de criminels moins barbares et écourter autant que possible leur souffrance. Son idée est adoptée en 1791 et l’appareil mis au point en 1792 par son confrère Antoine Louis. Appelée initialement Louisette, en référence à son inventeur, elle se voit rapidement nommée guillotine, au grand désespoir du docteur Guillotin : « la tache involontaire de ma vie ».
Le 25 mars 1792 Louis XVI signe la loi faisant adopter la machine à trancher la tête des condamnés.
La première exécution a lieu le 27 avril 1792. Une foule considérable se presse vers la place de Grève à Paris pour assister à la première décollation mécanique, celle d’un voleur criminel : Nicolas-Jacques Pelletier. La foule, déçue de la rapidité de l’exécution, conspua le bourreau. En France, la dernière exécution, celle de Christian Ranucci, remonte au 10 septembre 1977.
Le 9 octobre 1981, à l’initiative du ministre de la justice Robert Badinter, « La justice française n’est plus une justice qui tue », la peine de mort est abolie.
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