La dénommée « veuve » est omniprésente en franc-maçonnerie. Chaque initié est censé être l’un de ses enfants. On fait souvent remonter cette tradition à l’ancienne Egypte. Il y est question du récit mythique d’Isis et d’Osiris, la première étant à la fois l’épouse et la soeur du second. Considéré d’essence divine, le couple gouverne leur royaume dans la justice et la paix.
Source : Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) – Le Tronc de la Veuve, des origines jusqu’à nos jours – Février 2016
Jaloux, avide de puissance, le frère d’Osiris prénommé Seth trame l’assassinat du roi. Le fratricide renvoie à ceux de Caïn contre Abel, de Romulus contre Rémus et à combien d’autres motivés par la course au pouvoir et la préséance personnelle. Son forfait accompli, le meurtrier cache le corps d’Osiris et sa veuve n’aura de cesse de le rechercher. Elle y parviendra, mais Seth remettra la main sur le cadavre, ayant soin cette fois de le découper en menus morceaux afin qu’il ne soit plus possible de le reconstituer dans son intégrité. Macabre opération, s’il en est. Isis réussira néanmoins non seulement à récupérer les restes de son époux, elle va encore le remembrer littéralement des pieds à la tête. Elle le restaure, pièce par pièce, sans oublier le membre reproducteur puisqu’ils donneront naissance à Horus, futur pharaon et continuateur de leur règne avisé. Le Musée du Caire expose un bronze montrant Isis allaitant son fils, scène préfigurant celle de la « Vierge à l’enfant » si souvent représentée dès le XIe siècle de notre ère.
Dans ce processus de remise en place d’éléments éparpillés aux quatre vents on peut voir une illustration de la devise maçonnique consistant à « réunir ce qui est épars », ou de l’atomisation des Frères dans toutes les parties du globe et qu’il importe de rassembler sous un même idéal et vers un objectif commun.
Reprendre force et vigueur
Ainsi va la légende, ainsi se déroule la saga héroïque du couple royal avec les péripéties surnaturelles qui leur sont associées au gré de l’imaginaire fertile des Anciens. On en connaît désormais plusieurs versions, les unes et les autres se complètent ou se contredisent suivant les interprétations que l’on peut en faire.
Toujours est-il que la première quête d’Isis, partie à la recherche de la dépouille d’Osiris, est couronnée de succès car elle finit par la découvrir dans le tronc creux d’un vénérable tamaris, acacia ou sycomore, selon les cas. Telle est l’origine du Tronc de la Veuve. C’est précisément là, dans l’espace exigu de cet « arbre de vie », qu’a lieu un miracle avant la lettre. Le défunt reprend force et vigueur grâce aux soins attentionnés de la femme providentielle. De substantielles nourritures alliées au réconfort moral et certainement à l’intervention favorable des dieux permettent au malheureux de reprendre pied parmi les vivants. Le don généreux sauve des situations au départ perdues.
Le tronc de l’arbre de vie est devenu la bourse des aumônes dans la loge…