Un texte publié en septembre 2010, mais qui sonne toujours !!!
Dans son beau poème, « Ma Loge mère », Rudyard Kipling évoque la composition de cette Loge, imaginaire ou réelle : tous les métiers y sont représentés, des plus humbles aux cossus, toutes les religions et toutes les races. « Mais – conclut-il – nous connaissions les anciens landmarks et les observions scrupuleusement ».
Est-ce la voie à suivre ?
La diversité sociologique dans les Loges est un facteur essentiel d’identité pour la franc-maçonnerie. En effet si nous ne recrutions que parmi l’élite sociale, rien ne nous différencierait vraiment des Clubs-service, Rotary, Lions-Club, etc., ni la bienfaisance, ni le réseau relationnel et l’initiation n’aurait d’autre attrait que la curiosité. D’ailleurs s’il s’agissait d’une élite financière très vite les accusations d’affairisme viendraient salir une institution que l’on ne se prive pas d’attaquer.
Devons-nous être, alors, une élite intellectuelle ? S’il en était ainsi, cela reviendrait à lier l’initiation au quotient intellectuel. Or nous savons bien que tout le monde n’est pas initiable, intellectuel ou pas. Pour l’être il faut avoir en soi une aspiration, une attente.
L’écrivain Paul Valéry en définit la portée dans cette pensée inscrite au frontispice du Palais de Chaillot :
« II dépend de celui qui passe, que je sois tombe ou trésor, que je parle ou me taise ; ceci ne tient qu’à toi.
Ami, n’entre pas sans désir. »
En fait l’élitisme est consubstantiel de l’initiation ; tout initié se sent légitimement membre d’une élite, car l’initiation singularise, rend différent. Aujourd’hui les personnes se sentent de plus en plus massifiées, changées en numéros, en foule, et recherchent une identité à travers les tatouages, le piercing, des habillements extravagants ou des coiffures improbables… Or se sentir initié donne du sens à sa vie, offre précisément au moi la possibilité d’être, révèle en soi la personne. Car pour devenir un être à part entière il faut d’abord apprendre à s’aimer, ni trop – et l’égoïsme se développe – ni trop peu ou mal dans nos sociétés où l’apparente extérieure d’un individu entraîne un jugement définitif sur ce qu’il est… Aimer son prochain, c’est commencer par s’aimer soi-même, voilà ce que nous enseigne la fraternité maçonnique.
Dans cette perspective nous proposons, à la G.L.N.F., un très grand nombre de Rites où les Frères peuvent se retrouver eux-mêmes en fonction de leur personnalité. La grande majorité a choisi des Rites où l’on présente des travaux en Loge, des « planches », sur des sujets symboliques ou directement liés à la maçonnerie. C’est une incitation, chez soi et en Loge, au travail et à l’approfondissement, cela permet à chacun de s’exprimer en fonction de son histoire personnelle, de son métier et de sa culture. Car l’enrichissement de tous vient de ce que l’on est au moins autant, et probablement plus, que de ce que l’on sait.
Max Weber, puis Marcel Gauchet, ont mis l’accent sur « le désenchantement du monde » résultant de la perte d’influence des religions dans notre monde occidental. Ainsi, nous trouvons-nous confrontés à l’absence de transmission par la famille de toute culture religieuse, à l’athéisme, à l’individualisme, au déclin du patriotisme, à l’éclatement des valeurs en raison des particularismes culturels, à une civilisation, en somme, en pleine crise d’identité. Si la franc-maçonnerie ne relève pas ce défi elle disparaîtra. Or nous avons une réponse claire : offrir une spiritualité qui apportera de l’esprit à un monde matérialiste.
Source : http://www.glnf.fr
Pour remercier le travail de Rudyard Kipling et saluer sa mémoire voici quelques mots :
Entre notre entrée et notre sortie sur terre nous voilà dans le grand voyage de la vie.
Saurons-nous comprendre, admettre que la grande connaissance se fait dans la grande humilité?.
FRATERNITE
« Devons-nous être, alors, une élite intellectuelle ? S’il en était ainsi, cela reviendrait à lier l’initiation au quotient intellectuel. Or nous savons bien que tout le monde n’est pas initiable, intellectuel ou pas. »
Je ne comprends pas: en quoi le fait que d’aucuns soient « non-initiables » fait de la maçonnerie une institution qui ne serait pas réservée à une « élite intellectuelle »?
Je ne prétends pas ici que c’est le cas. Simplement, je ne comprends pas l’argument utilisé pour expliquer le propos.
A la GLNF ne fait-on pas justement de l’élitisme inter-obédientiel et ne pratique-t-on trop souvent une forme de discrimination par le statut social et professionnel ?
…
Henri
ancien TVF de la GLNF