Quel est le lien entre le Parc de Bruxelles et la franc-maçonnerie ?
Le Parc de Bruxelles (en néerlandais Warandepark) plus couramment appelé Parc royal, est le plus grand parc public urbain du centre de Bruxelles. La superficie de ce parc rectangulaire est de 13,1 ha. Il est entouré par le Palais royal et le Parlement fédéral. Mais ce parc est-il, comme certains l’affirment, bourré de symboles maçonniques, où est-ce pure élucubration ? C’est ce que nous propose de découvrir l’hebdomadaire BRUZZ dans sa rubrique Big City.
- Source : Quel est le lien entre le Parc de Bruxelles et la franc-maçonnerie ? – Un article de Eric Steffens sur https://www.vrt.be/vrtnws/fr/
Dans sa rubrique « Big City », l’hebdomadaire bruxellois BRUZZ – destiné aux Bruxellois néerlandophones (ou lisant le néerlandais) – publie chaque semaine une réponse à une question intéressante d’un lecteur sur la capitale.
Avec ses allées rectilignes, il est sans doute le parc le plus symétrique de la capitale. On le remarque très bien sur la photo aérienne ci-dessus. Certains y voient une patte d’oie : une allée principale et deux allées axiales, mais d’autres quelque chose de plus symbolique. Vues du ciel, les allées du parc ressemblent en effet à un compas qui est l’un des symboles de la franc-maçonnerie. Or ce parc a été aménagé à la fin du 18e siècle, période où la franc-maçonnerie était en plein essor à Bruxelles.
En principe, tout le monde peut faire partie d’une loge maçonnique, mais un nombre important de personnalités ayant exercé de hautes fonctions y ont été représentées dans le passé. Ainsi le roi Léopold Ier, le premier souverain belge, aurait été franc-maçon, bien qu’il ne l’ait pas montré au cours de son règne. Outre le roi, plusieurs bourgmestres bruxellois, tels que Nicolas Rouppe (1768 – 1838), Charles Buls (1837-1914) et Jules Anspach (1829 – 1879), étaient également membres d’une loge maçonnique. Ce nom fait référence au verbe français « maçonner », au sens figuré du terme, car les membres travaillent sur eux-mêmes grâce à leur appartenance et œuvrent au Progrès de l’Humanité. La franc-maçonnerie est, dès le XVIIIe siècle, qualifiée de « spéculative » car elle emploie des symboles du métier de maçon pour nourrir la réflexion de ses membres mais n’exige pas d’eux l’exercice réel de cette profession.
Ainsi, on trouve régulièrement des symboles maçonniques dans l’architecture de la Ville de Bruxelles. Ils sont notamment visibles, pour les observateurs avertis, sur plusieurs bâtiments de l’ULB, sur la Fontaine Anspach au Marché aux poissons ou sur la façade du Palais de justice. Même l’architecte Victor Horta était maçon, il n’est donc pas surprenant que ses bâtiments cachent parfois un symbole.
Les architectes du parc
Reste à présent à savoir si les architectes du parc de Bruxelles étaient aussi francs-maçons ? En 1776, l’Autrichien Joachim Zinner et le Français Barnabé Guimard sont chargés de transformer en un parc public les vestiges des jardins du palais des Ducs de Brabant situé au Coudenberg et qui a été détruit par un incendie en 1731.
Ils s’inspirent de la France, où les formes géométriques sont souvent utilisées dans la conception des parcs. Le plan montre plusieurs axes droits, avec deux cercles sur l’axe central qui sont devenus des fontaines.
Aux extrémités de l’allée centrale se trouve, aujourd’hui, d’un côté le Palais royal, qui symbolise le pouvoir exécutif. À l’autre extrémité se trouve l’entrée du Parlement fédéral symbole du pouvoir législatif. L’allée inclinée vers la gauche a en ligne de mire le Palais de Justice, symbole du pouvoir judiciaire. En raison de la symétrie du plan, une autre allée, en diagonale à droite, s’ouvre sur la rue Ducale où se trouve le Palais des Académies.
C’est le prince de Starhemberg, ministre plénipotentiaire de l’impératrice Marie-Thérèse à Bruxelles qui envisage de remplacer le palais de Charles-Quint incendié en 1731 par un quartier royal digne du prestige des Habsbourg. Or, Starhemberg était franc-maçon. Il a été initié en Saxe à la Loge Minerve aux Trois Palmiers qui deviendra plus tard Minerve au Compas.
D’où vient l’inspiration ?
Mais ce qui ressemble à un compas ouvert à 45 degrés, vu du ciel, pourrait-il avoir une dimension supplémentaire et être une référence symbolique à la franc-maçonnerie ? Cette hypothèse n’a jamais été confirmée. On sait que les architectes et leurs maîtres d’œuvre se rencontraient souvent dans des loges, mais on ne peut pas dire avec certitude s’il en était de même pour ceux qui ont réalisé le Parc de Bruxelles.
C’est toutefois possible, car les architectes de l’époque s’inspiraient souvent des idées maçonniques. Cette hypothèse a donné lieu à des spéculations diverses pendant des années.
Autre spéculation, les lettres V.I.T.R.I.O.L inscrite sur le mur au fond du parc, ne datent que de 1991, mais renforcent évidemment le caractère symbolique de l’endroit puisqu’elles sont l’acronyme latin de la formule alchimique et maçonnique : « Visite l’intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée » (Visita Interiora Terrae, Rectificandoque, Invenies Occultum Lapidem). En bref, « Connais-toi toi-même ». C’est un passage qui intervient lorsqu’un candidat maçon fait ses adieux à la vie profane, pour être initié.
En fin de compte, nous ne saurons probablement jamais s’il existe un lien entre la conception du parc et la franc-maçonnerie, tout comme la franc-maçonnerie elle-même restera toujours un peu secrète pour les non-initiés.
© Sergi Reboredo – creative.belgaimage.be
Waouh c’est édifiant