Sur le même arbre se trouvent deux oiseaux, l’un perché tout en haut, l’autre en bas dans les branches. Celui qui est en haut est calme et silencieux, resplendissant d’un merveilleux plumage aux reflets d’or.
Celui d’en bas mange tour à tour les fruits aux brillantes couleurs, soit amers, soit sucrés. Il saute de branche en branche, tantôt heureux, tantôt malheureux.
Lorsqu’il goûte un fruit particulièrement amer, il est très déçu et inconsciemment son regard s’élève vers le faîte de l’arbre où l’éblouissant oiseau ne bouge ni ne mange.
L’oiseau du bas envie cette paix, mais se remet à manger des fruits et oublie l’oiseau du sommet, jusqu’au jour où un fruit vraiment trop amer le fait sombrer dans le désespoir.
Alors de nouveau il lève les yeux, et dans un effort il parvient tout près de l’oiseau magnifique.
Les reflets dorés de son plumage l’enveloppe lui-même dans un flot de lumière, le pénètrent et le dissolvent en une brume diaphane.
Il se sent fondre et disparaître…
Il n’y a toujours eu qu’un seul oiseau, celui du bas n’était que le reflet, le rêve de celui du haut.
Les fruits doux et amers qu’il mangeait, ces joies et ces peines qu’il a vécues tour à tour,
n’étaient que vaines chimères. Le seul oiseau véritable est toujours là, au faite de l’arbre de la Vie, calme et silencieux.
Il est l’Âme humaine au-delà des bonheurs et des peines.
Légende citée par Vivekananda, au siècle dernier.