Après un tome 7 à la veille de la Révolution française et célébrant les Lumières, retour aux sources, ou presque, du mythe avec ce huitième tome qui ramène donc « en Orient », En Égypte, sur les traces des fameuses trois pierres du Temple de Salomon, bâti par le légendaire architecte Hiram et base originelle de la franc-maçonnerie. Il sera ici question plus particulièrement du troisième fragment, celui « au croissant », pas encore évoqué dans les précédents épisodes.
Source : La franc-maçonnerie sous Napoléon Ier, un rêve d’orient qui empire – Le Courrier Picard du 25/04/2023
Encore adolescent, Napoléon Bonaparte, a eu vent de son existence en 1770, captant une conversation entre son père et un autre frère de la loge revenant, mourant, d’Égypte. Une vingtaine d’années plus tard, lors de la campagne qui l’amènera jusqu’aux Pyramides et lui apportera la notoriété, le général Bonaparte va entrer en possession de cette fameuse pierre, après une rencontre étrange, presque onirique. Une relique dans laquelle il voit la source de tous ses succès futurs. Auparavant, il aura été invité par Kléber à se joindre à leurs travaux de la première loge maçonnique fondée en Égypte. Lui dont tous ses frères et son épouse, Joséphine de Beauharnais, ont été initiés.
Et déjà, Napoléon perce sous Bonaparte, du coup d’État du 18 brumaire jusqu’à son sacre comme empereur en 1804. Ignorant l’avertissement de son frère, Lucien Bonaparte qui lui rappelle la légende du meurtre d’Hiram et d’un des trois mauvais compagnons qui symbolisait l’ambition, « une ambition démesurée, de celles qui conduisent au fanatisme ». Lucien et Joséphine vont alors tenter de récupérer la pierre, afin de la remettre auprès de « frères et de sœurs fidèles à l’idéal maçonnique, humaniste et républicain ».
Associant toujours aussi brillamment la fiction et la grande Histoire, ce Rêve d’Orient est l’occasion d’éclairer le rôle de la franc-maçonnerie sous le Ier Empire et de montrer une famille Bonaparte particulièrement au fait de ses rites. Parvenant habilement à réintégrer la légende des pierres – fil rouge de la série – dans l’épopée napoléonienne, l’album donne aussi le beau rôle à Joséphine de Beauharnais, qui joue ici un rôle décisif « dans l’ombre de petits hommes qui rêvent de devenir des géants ». Si graphiquement, le style du dessin est nettement plus efficace qu’esthétique – notamment s’agissant des visages des personnages – le découpage est bien rythmé, donnant de la fluidité à un récit dense et bien maîtrisé.
Le dossier historique concluant l’album, comme les précédents, s’avère également très intéressant, évoquant une franc-maçonnerie totalement liée au pouvoir – tandis que tous les dirigeants ou presque sont alors francs-maçons – mais aussi la naissance de la « maçonnerie égyptienne », suite à l’égyptomanie déclenchée après la campagne d’Égypte. Et un article revient sur la question, encore mystérieuse, de savoir si Napoléon lui-même a été franc-maçon. À Sainte-Hélène, comme le rappelle Jean-Laurent Turbet, auteur du dossier, il évoquait ses possibles « frères » comme « un tas d’imbéciles qui s’assemblent pour faire bonne chère et exécuter quelques folies ridicules, mais qui, néanmoins font de temps à autre quelques bonnes actions ».
À noter que ce tome fait écho, dans son message d’alerte sur la recherche folle du pouvoir, à la toute récente adaptation de L’homme qui voulut être roi. Un avertissement toujours d’actualité.
Le prochain tome de la série, Destruction, abordera un épisode peut-être plus glorieux de la franc-maçonnerie française, lors de la Commune de Paris.
L’Egypte, le berceau de l’alchimie
D’où vient la lumière mystique initiale et initiatique
L’héritage est lourd mais combien important
FRATERNITE