Jean-Claude Sitbon évoquera la notion plurielle de Grand Architecte de l’Univers dans la franc-maçonnerie aujourd’hui. En guise d’introduction à la conférence, quelques propos de l’auteur – conférencier.
Tel est le thème de deux conférences que Jean-Claude Sitbon, auteur maçonnique, donnera prochainement en loges : à Cannes le 19 octobre, à Toulouse le 18 novembre 2022.
Pour tous renseignements sur les conférences : www.rite-ecossais-rectifie.com
LA QUESTION DU GRAND ARCHITECTE DE L’UNIVERS
Nous savons tous, qu’aujourd’hui, une partie des francs-maçons, dans leurs rituels, font référence au Grand Architecte de l’univers. Beaucoup d’entre eux estiment qu’il s’agit là d’un symbole majeur de la franc-maçonnerie. Ils s’honorent de travailler sous ses auspices et à sa gloire, certaines loges lui adressent une invocation (ou une prière) au début et à la fin de leurs tenues.
En France, cette situation concerne aujourd’hui un peu plus de 60% des francs-maçons et ils sont beaucoup plus nombreux encore au sein du monde anglo-saxon.
Au 21ème siècle, chez les Sœurs et les Frères dont les rituels et les textes utilisent l’expression « Grand Architecte de l’Univers » (dans certains rites égyptiens, on trouve aussi la formule Suprême Architecte des Mondes), il existe des conceptions ou des interprétations différentes et parfois controversées de cette formulation.
Une première approche consiste à considérer que le « Grand Architecte de l’Univers » est clairement le Dieu Créateur de la Bible. Cela peut d’ailleurs paraître assez logique avec le fait que nombre de symboles et enseignements portés par la plupart des rituels maçonniques sont empruntés à une tradition judéo-chrétienne.
En effet, Dieu n’apparaît-il pas déjà dans la Bible comme un architecte lorsque le Livre Exode nous dit qu’il communique à Moïse la structure et les dimensions pour la construction d’un Sanctuaire appelé « Tabernacle » destiné à accueillir la présence divine parmi le peuple hébreu. C’est dans ce Tabernacle, appelé aussi Tente du Rendez-Vous ou Tente de la Réunion, que seront déposées les Tables de la Loi contenues dans l’Arche d’Alliance et qui accompagnera le peuple hébreu tout au long de son exode de quarante années dans le désert du Sinaï.
C’est sur le modèle de ce Sanctuaire du Désert que devait être construit plus tard le temple de Salomon. Le Livre des Rois nous apprend que ce sera encore l’Eternel qui donnera les plans du temple de Jérusalem au roi David qui les communiquera à son fils Salomon.
Puis, il y a un autre courant maçonnique pour lequel l’expression « Grand Architecte de l’Univers » est généralement considérée comme une formulation déiste du XVIIIe S. On peut dire que le DEISME résulte en partie d’une sorte de concession : certes, on ne peut prouver l’existence de Dieu, certes, sa volonté révélée ne peut être connue objectivement, mais enfin, on doit bien affirmer que le monde existe.
Dès lors que l’on n’en veut pas faire du monde l’objet du hasard, il faut trouver une cause à son existence. Faute de connaissances plus précises, on appellera cette cause : Intelligence Suprême, Grand Horloger, Principe Premier ou Grand Architecte.
Cette cause première éternelle et nécessaire équivaut à une force supérieure, une âme ou un moteur du monde, que l’on trouve dans de nombreuses civilisations. Et tout ceci permet d’affronter la fameuse question : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? », en proposant la réponse qui est alors : « il y a quelque chose plutôt que rien parce qu’il y a le Grand Architecte de l’Univers ».
En employant l’expression « Grand Architecte de l’Univers », plutôt que de dire Dieu, le déisme exclue toute formulation métaphysique ; il pose comme seul credo, celui d’un Principe Supérieur et Idéal qui ne retient pas nécessairement la notion du Dieu révélé des diverses religions monothéistes, et écarte ainsi tout dogme. Cette conception exprime la Loi du maçon dans sa liberté de conscience.
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La première expression du grand Architecte utilisée par Desaguliers et qui reflète le « Pantocrator » de Newton est évidemment conforme au déisme newtonien, hérité de Spinoza. La 2ème est apparue en réaction avec la grande loge des anciens en 1751.