« Je créerai le trèfle. Il aura trois feuilles et trois feuilles seulement. Il se multipliera sur toute la planète et ma bénédiction s’étendra sur lui et sur ses descendants, si nombreux soient-ils. »
Et ainsi en fut-il selon la parole de l’Eternel.
Dans la prairie verte, un petit peuple de trèfles chantait sa joie: qui peut-être aussi heureux que nous les trèfles ?
Nous recueillons les rayons du soleil à son lever par notre feuille de l’Est à midi, par notre feuille du Sud et à son coucher, par notre feuille de l’Ouest : Qui pourrait imaginer une vie aussi merveilleuse ?
« Peut-être dit un petit trèfle malin mais nous n’avons pas de feuille tournée vers le Nord donc nous manquons un quart d’horizon de la planète. Je ne demande pas à avoir autant de feuilles qu’une marguerite mais une de plus afin que notre tour soit complet. Comment peut-il exister quelque chose d’aussi ridicule que ces trois feuilles bancales ! »
Justement le diable des Trèfles, caché sous une pomme de terre, écoutait ce discours avec ravissement.
Il s’approcha de ce mécontent et lui dit:
« Le monde a bien de la chance de recéler des esprits comme le tien, des esprits supérieurs qui voient les choses comme elles sont, qui ne se contentent pas de bénir bêtement leur état, des êtres d’élite nés pour reformer l’Univers et l’ouvrir enfin au bonheur qu’il devrait avoir et dont il ne se doute même pas.
C’est évident ! 4 feuilles sont nécessaires à l’épanouissement des trèfles et nous trouverons bien ensemble un moyen … » poursuivit le Diable des Trèfles.
Il fallut finalement peu de temps à ce jeune génie pour tuer un de ses voisins et pour s’approprier une de ses feuilles et fièrement se présenter devant sa mère qui se tordit de désespoir: « Qu’as-tu fait, mon fils ! Comment as-tu pu défier notre loi ? »
Oublie ces vieilles sornettes, ma mère.
Pour ma gloire j’ai créé une nouvelle manière d’être trèfle, une manière moderne et qui nous ouvrira les secrets de l’Univers ».
Tiens, fit un jeune gamin, un trèfle à 4 feuilles ! je n’en avais encore jamais vu ! c’est si rare ! je vais le ramener chez moi, cela portera bonheur à toute la famille.
L’histoire du trèfle à 4 feuilles n’est pas terminée, parce que d’autres trèfles ont voulu à leur tour tenter la même aventure qui a fini de la même façon.
Vous le savez très bien: quand vous apercevez un trèfle à 4 feuilles, que faites-vous?
Tout comme Einstein qui se posait la question : est-ce moi ou les autres qui sont fous ?
La lecture de ce conte me paraît plutôt négative et réductrice par sa dichotomie du bien et du mal, de l’éternel et du diable, de la tradition et du progrès, même si symboliquement il suggère le pavé mosaïque.
Une approche fascisante et religieuse qui me paraît, en figeant le ternaire du trèfle, interdire l’évolution et dénier la différence dont St Ex encensait la richesse.
Pourquoi ne pas réécrire ce conte avec le graphite qui n’aurait jamais dû devenir diamant ?
Mais je rigole !
Superbe hymne au conformisme !