L’éditorial « L’Alsace » publie aujourd’hui 4 articles sur la présence maçonnique à Strasbourg au travers notamment de la Grande Loge Mixte de France : la loge Rouget-de-Lisle de la GLMF de Strasbourg et du Grand Maître de cette obédience Bruno Plancade.
Plusieurs thèmes récurrents sur la franc-maçonnerie sont abordés au travers notamment d’entretiens avec Bruno Plancade.
– Les loges des temples de la rue du Maréchal-Joffre à Strasbourg
– Franc-maçonnerie : une porte entrouverte aux profanes
– « Un lieu de rencontre entre des gens d’horizons très différents »
– Repères
Source : http://www.lalsace.fr/fr/region/colmar/article/2777458,208/Les-loges-des-temples-de-la-rue-du-Marechal-Joffre-a-Strasbourg.html
L’immeuble qui appartient au Grand Orient de France abrite deux temples où se réunissent des loges strasbourgeoises.
Chaque étage de cet immeuble de la période allemande abrite un temple. La loge Rouget-de-Lisle de la GLMF organise ses « tenues » (ou réunions) au temple du 1 er étage, baptisé Frédéric-Piton ; « La Nouvelle Concorde » occupe le temple Jean-Macé du rez-de-chaussée (notre photo).
« Les fenêtres sont occultées pour que chacun, symboliquement, se coupe de l’extérieur en y pénétrant », explique un maître franc-maçon femme de la loge Rouget-de-Lisle. Comme tous les temples maçonniques, le plateau (ou pupitre) du « vénérable maître » qui préside la loge se tient à l’orient, avec à ses côtés celui de l’orateur faisant face à celui du secrétaire. Deux autres plateaux accueillent les deux surveillants.
Voûte étoilée
Quatre autres chaises accueillent l’« hospitalier » (chargé de faire le lien entre les membres de la loge en dehors des tenues), le trésorier, l’« expert » et le maître de cérémonie. Suivant les rites, il y a une 5 e chaise, celle de l’« architecte ». Le « couvreur », dont la chaise fait face au « vénérable maître », tient les non-membres hors du temple et ferme la porte pendant la tenue.
Sous la voûte étoilée, une chaîne court tout autour du temple, dont chaque maillon symbolise un franc-maçon. Des rangées de chaises (les « colonnes ») sont réparties sur chaque longueur du temple. « Au septentrion, se tiennent les apprentis, tandis que les compagnons s’asseyent au midi, les maîtres se plaçant où ils le souhaitent », poursuit-elle.
« Les tenues se déroulent deux fois par mois et l’assiduité est la règle. On y aborde un thème symbolique, maçonnique ou social, présenté par un membre qui effectue sur le sujet une ‘’planche’’ — un terme qui a donné l’expression, courante aujourd’hui, de ‘’plancher’’ », explique-t-elle. Une fois la « planche » lue, le « débat » s’instaure, mais la règle veut qu’on n’intervienne qu’après avoir demandé et obtenu la parole : « On ne coupe pas la parole. Le temps de latence entre la demande de parole et l’intervention permet de faire retomber d’éventuelles pressions : les débats sont moins vifs. Les apprentis n’ont pas le droit d’intervenir », détaille-t-elle. Ces derniers pourront se rattraper lors des « agapes » (repas), qui suivent immédiatement la tenue dans la salle humide voisine.
Boules blanches et noires
On entre en maçonnerie par cooptation, soit en postulant (lire ci-dessus), soit en étant parrainé par un maître. Chaque postulant rencontre le Vénérable Maître. Puis a lieu le passage sous le bandeau : « Le profane entre les yeux bandés, pour ne pas reconnaître les francs-maçons s’il est blackboulé », c’est-à-dire si le nombre de boules noires (votes contre) est supérieur à celui des boules blanches (en faveur de son admission dans la loge).
Un repas rituel se tient une fois par an, dont la terminologie est empruntée à la marine : un « canon » désigne par exemple un verre…
Source : http://www.lalsace.fr/fr/region/colmar/article/2777453/Franc-maconnerie-une-porte-entrouverte-aux-profanes.html
Comment devient-on franc-maçon ? En quoi consistent les réunions ? Pourquoi ce culte du secret ? Le grand maître de la GLMF a répondu à ces questions samedi, à Strasbourg.
La salle était comble samedi après-midi, au Cercle Goethe de Strasbourg, pour la conférence de Bruno Plancade (lire ci-contre). Le grand maître de la GMLF (Grande loge mixte de France), a expliqué, souvent avec une pointe d’humour, à un public de « profanes », mais aussi à des « frères et sœurs » — ainsi que s’appellent entre eux les maçons — en quoi consiste le travail en loge, dans une intervention intitulée : « La Maçonnerie pour les nuls ».
Puis il a longuement répondu aux interrogations du public, devançant la première : « La franc-maçonnerie n’est pas une secte, car contrairement à cette dernière, il est très difficile d’y entrer et très facile d’en sortir. Le grand maître n’est pas un gourou, mais un président d’association type loi 1901. » Un maçon qui quitte une loge peut d’ailleurs revenir à la maçonnerie, dans la même loge, dans la même obédience ou dans une autre, avec le grade qui était le sien.
Initiation après enquête
Comment devient-on franc-maçon ? « Il suffit de nous écrire : un tiers des 150 000 francs-maçons français, sur les deux millions de maçons à travers le monde, sont entrés de cette manière », a-t-il noté. Les autres le sont devenus parce qu’un de leurs proches leur a dit un jour « qu’il est franc-maçon et qu’il ne le regrette pas ». Mais le chemin est long, a-t-il prévenu, puisque cela prend près d’un an et demi pour être initié. Bruno Plancade a glissé en passant que « le profane n’est pas un terme péjoratif, car cela vient de pro fanum, ce qui signifie qu’il se tient devant le temple ».
Il a ensuite parlé des trois enquêtes que trois maîtres font sur le candidat : leurs comptes rendus sont lus lors de « la séance du passage sous le bandeau » (avant l’initiation éventuelle), où le candidat « se tient au milieu du temple, face à lui-même les yeux bandés ». Bruno Plancade a avoué que « les agriculteurs et les ouvriers sont sous-représentés dans les loges, où il y a une sur-représentation des fonctionnaires et notamment des enseignants » , estimant à 10 % les maçons au sein de la représentation nationale.
Il a expliqué qu’une « tenue » (une séance, lire repères) débute « à 20 h 15 avec le compte rendu de la tenue précédente, car les maçons sont censés ne pas parler des travaux à l’extérieur ». Il y a ensuite parfois une initiation ou un passage de grade, ou « une planche, c’est-à-dire une présentation avec les tripes, avec beaucoup d’humain » du sujet à l’ordre du jour, suivie « des contributions des compagnons et des maîtres, car il n’y a pas de débats dans les loges ». Les maçons — « les fils de la lumière », d’où le terme d’Orient — terminent leurs interventions, sans jamais être coupés, par un « J’ai dit », comme il l’a fait lui-même à l’issue de sa conférence.
Source : http://www.lalsace.fr/fr/region/colmar/article/2777455/Un-lieu-de-rencontre-entre-des-gens-d-horizons-tres-differents.html
Les francs-maçons veulent « bâtir des passerelles de dialogue », explique le grand maître de La GLMF.
« Avec la disparition du service militaire, la franc-maçonnerie reste le seul endroit où peuvent se rencontrer des gens issus d’horizons divers, alors que dans notre vie quotidienne, professionnelle ou familiale, nous côtoyons des personnes aux parcours analogues, de niveaux sociaux ou culturels voisins », constate Bruno Plancade, grand maître de la GLMF (Grande loge mixte de France). Il estime qu’on devient franc-maçon et qu’on le reste « pour jeter des ponts, des passerelles de dialogue, en assumant nos différences. Cela permet une construction intellectuelle réciproque ».
Le secret
Interrogé sur le secret dont s’entoure la franc-maçonnerie, il confie qu’il s’agit de « respecter le parcours initiatique, de préserver le plaisir qu’éprouvera le profane lorsqu’il sera initié », mais aussi « pour une raison plus triste et plus banale : les francs-maçons ont fini dans des camps de concentration dont ils ne sont pas revenus »… De nos jours encore, constate-t-il, « des personnes bêtes ou mal informées peuvent nuire à la carrière professionnelle d’un franc-maçon ».
Cadre bancaire discret aux portes de la cinquantaine, Bruno Plancade insiste sur le parcours très formateur de « l’apprenti, privé de paroles durant un an à un an et demi, avant de devenir un compagnon, pour la même période, puis un maître reconnu — mais pas accompli, ce qu’on n’est jamais ».
Il ajoute : « Le silence permet d’apprendre à maîtriser la parole, à ne pas couper les autres Cela permet à chacun d’aller au bout de sa pensée. De même, avant de prendre la parole, l’apprenti a dû forcément écouter ses prédécesseurs, il reformule ainsi sa pensée. Nous sommes dans un processus de co-construction mutuelle : l’échange nous enrichit. »
Bruno Plancade constate que dans les discussions de la vie quotidienne, comme les débats des cafés de commerce (lire aussi ci-contre) « ce ne sont pas des opinions qui s’imposent, mais des personnalités, des ego. Les idées des timides ne font pas le poids face aux personnalités charismatiques » — contrairement à la franc-maçonnerie, où le contenu primerait sur la forme ou sur la qualité de l’émetteur.
Les femmes
En France, 80 % des loges organisent des tenues (ou réunions dans les temples maçonniques) uniquement entre hommes ou entre femmes, et seulement 20 % dépassent « cette ultime étrangeté, la différence avec l’autre sexe », souligne Bruno Plancade, tout en acceptant et comprenant la position du Grand Orient de France, qui souhaite ne pas ouvrir les loges aux femmes, car « certains maçons n’arrivent à s’exprimer qu’entre hommes ou qu’entre femmes », admet-il.
Quant à ceux qui quittent la franc-maçonnerie, il remarque qu’il s’agit de ceux qui se lassent parce que leur loge vieillit comme eux-mêmes vieillissent… Selon lui, les affairistes s’aperçoivent que ce n’est pas un lieu propice pour échanger des cartes de visite, même si « les francs-maçons sont réputés pour se soutenir mutuellement en cas d’accident de la vie profane ».
Source : http://www.lalsace.fr/fr/permalien/article/2777450/Reperes.html
La franc-maçonnerie est organisée en loges, comprenant chacune quelques dizaines de membres, elles-mêmes fédérées au sein d’obédiences.
Le Grand Orient de France est la principale obédience du mouvement (47 000 membres, exclusivement des hommes) en France.
La grande loge nationale française (31 000 maçons) est la seule reconnue par le monde maçonnique anglo-saxon. Elle a fait scission en 1913 avec la précédente sur le sujet de la croyance en Dieu, obligatoire dans les loges anglo-saxonnes, facultatives dans d’autres, qui font parfois référence à « un grand ordonnateur » ou « un grand architecte de l’univers ». Parfois, aucune référence à un créateur n’est mentionnée.
Les rites (écossais rectifié, écossais ancien et accepté, français, égyptien…) recouvrent les différentes conventions qui régissent les « tenues » (ou réunions). Ils définissent l’ordre dans lequel s’asseyent les officiers, les décors…
La loge bleue est la loge qui n’accueille que les trois premiers grades ou degrés de la franc-maçonnerie : apprenti, compagnon et maître, à l’instar de la loge Rouget-de-Lisle de la GLMF de Strasbourg. D’autres accueillent les hauts grades ou ateliers supérieurs, qui sont parfois quelques dizaines.