MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard
En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.
Chronique 155
1745 – Les Élus Parfaits de Bordeaux
Si les historiens maçonniques se sont complu à relater l’existence et les activités, à Bordeaux, des loges Anglaise (1732), Française (1740) ou de L’Amitié (1746), ils ont souvent laissé dans l’ombre celle qui mérite à plus d’un titre d’être mieux connue, savoir la Loge des Élus Parfaits – la première, ou à tout le moins l’une des premières véritables loges « écossaises » de France.
Elle aurait été fondée, pour les uns, en 1744, pour d’autres en 1745, voire en 1746.
Son fondateur, en l’occurrence Étienne Morin (1717-1771), a toujours donné pour date de fondation le 29 septembre 1745. L’intéressé n’avait guère précédemment manifesté son attachement à l’Ordre maçonnique ; ni même fourni la preuve de ses activités privées.
Si bien que des auteurs modernes l’ont vu créole originaire de la Martinique, marchand de vin ou expatrié français, initié (en 1730 !) à la loge française Prince Eugen’s Head de Londres.
Quoi qu’il en soit, la Loge des Élus Parfaits présentait la singularité d’être un atelier de grade supérieur aux trois grades alors en usage ; pour en être membre, il fallait déjà avoir atteint le degré de maître maçon.
De sa création, on ne relève que ce texte, extrait d’un rituel rédigé par Morin lui-même et son assistant Francken :
« Un gentilhomme écossais vint en France et résida longtemps à Bordeaux.
« Il y fonda une loge et, avec certains membres de cette loge, il établit une loge de perfection en l’année 1744, avec l’assistance d’un gentilhomme français [Morino?] qu’enchantaient les degrés de la Maçonnerie.
« Cette loge exista toujours, de la manière la plus splendide, réunissant des hommes de qualité. Elle se tenait dans la rue Neuve… »
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© Guy Chassagnard – Auteur de :
- La Franc-Maçonnerie en Question (DERVY, 2017),
- –Les Constitutions d’Anderson (1723) et la Maçonnerie disséquée (1730) (DERVY, 2018),
- –Le Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT, 2016).
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Euh Guy?? Si Etienne Morin est né en 1717, il aurait eu 13 ans en 1730. Un peu jeune pour être initié ?
1745 paraît plus plausible pour le début des haut grades: Le système templier de Ramsay baptisé par lui-même « écossais » a été présenté pour la première fois à Londres en 1728 mais fut refusé par la GL des Modernes (Acta Latomorum de Thory).
Le « Kaddosh » mi vengeur mi templier apparaît à Lyon en 1743. C’est « le Conseil des empereurs d’Orient et d’Occident », en marge de la Grande Loge de France qui aurait formalisé en 1762 les « hauts grades » dans son Rite de perfection en 25 grades et qui aurait fondé le chapitre des « Princes du Royal secret » grade sommital du Rite de perfection. C’est de ce chapitre qu’Etienne Morin aurait reçu sa fameuse patente avant de retourner à la Jamaïque.