Jack Chaboub nous propose une note de lecture pour un nouvel ouvrage du frère Hervé Mestron, qui passe du roman policier le plus noir à la musique la plus lumineuse, car la musique est toujours une grande partie de sa vie.
Magique ! La flûte enchantée. 83 pages. Hervé Mestron. Editions du Borrego. 12,50 euros.
Un petit ouvrage tout en finesse : ni critique musicale, mais œuvre de musicien, ni planche maçonnique, mais écrits d’un initié. Après tant de livres parus sur le chef d’œuvre de Mozart, Hervé Mestron fait tout d’abord remarquer que la flûte, si elle est un instrument magique, ne peut être qualifiée d’enchantée, car elle n’est pas un instrument de malédiction. Elle appartient simplement, pour une part, au monde sacré des féeries, mais elle trouve aussi ses racines dans deux thèmes d’inspirations complémentaires : la lumière prodiguée par la maçonnerie naissante dans l’esprit anglais, et la passion du merveilleux née de la connaissance par Mozart du « Sethos » de Jean Terrasson, puits de fantasmes autour des mystères égyptiens, bien avant la découverte des hiéroglyphes et la naissance du rite de Memphis Misraïm. Terrasson fut également un des premiers auteurs à pressentir la relation forte de la musique et de l’histoire dans l’opéra, ce qu’illustrent si parfaitement Schikaneder et Mozart.
Hervé Mestron s’attache enfin à définir l’équilibre de la séduction de l’œuvre d’art et de la tentation d’asséner une « tenue sur scène », qui ne laisserait pas aux spectateurs la liberté d’écouter et de voir en fonction de ce qu’ils sont. Selon lui, c’est là ce qu’on voulu les auteurs de cette « Magique, Flûte enchantée », œuvre sans prosélytisme, opérative pour profanes et spéculatives pour initiés.
Jack Chaboud