L’article de « Rue89 » revient sur la couverture de la revue « Média » consacrée aux journalistes Francs-Maçons en titrant « Où se cachent les journalistes francs-maçons«
L’article est signé Augustin Scalbert est pointe très parfaitement le lien qu’entretiennent les médias avec la franc-maçonnerie, sujet préférée, marronniers, poules aux œufs d’or des journalistes… Mais pas toujours apparemment et la revue Média l’a testé..Source : http://www.rue89.com/2009/12/21/journalistes-et-francs-macons-le-scoop-de-medias-se-degonfle-130872
C’est un des marronniers préférés de la presse magazine. Chaque année, les couvertures consacrées au « pouvoir des franc-maçons » investissent les marchands de journaux et se vendent avec des accroches parfois un peu vantardes.
La sérieuse revue Médias entend elle s’intéresser à un aspect peu abordé du phénomène : les francs-maçons parmi les journalistes.
Mais ça commence mal, puisque la méthode de Médias est la même :
on couvre les parois des kiosques avec une couverture en grand format, nantie d’un titre accrocheur : « Où se cachent les journalistes franc-maçons ? » La réponse se trouve juste au-dessus : « TF1, L’Express, France Télévisions, Le Point, l’AFP, Le Canard Enchaîné, Le Figaro, Le Parisien… »
Médias, une revue trimestrielle dirigée par l’ancien secrétaire général de Reporters sans frontières, Robert Ménard, propose de « lire entre les lignes ».
Un magazine de décryptage des médias survend sa couverture
Attendu comme une enquête, car présenté comme des « révélations » sur un « tabou », l’article consacré aux journalistes francs-maçons est une interview de « deux des meilleurs connaisseurs de la franc-maçonnerie », Sophie Coignard et François Koch. Respectivement journalistes au Point et à L’Express, ils ont chacun sorti un livre sur leur sujet de prédilection cette année (chez Albin Michel et L’Express-Roularta).
Coignard signe une couverture annuelle sur les « frères », « qui fait une des cinq meilleures ventes sur Point chaque année », dit-elle à Médias. Koch, lui, n’est pas sur un rythme annuel, mais s’est fait remarquer en révélant l’appartenance à la franc-maçonnerie d’un de ses confrères de L’Express, Eric Marquis, en 2008.
En ouvrant Médias, on s’attend à voir quels services des médias cités en couverture sont liés à la franc-maçonnerie et, faits à l’appui, en quoi cela provoque des conflits d’intérêt et nuit à l’indépendance éditoriale. Seul affirmation concrète : un dignitaire maçon lié à Eric Marquis a poursuivi L’Express pour un article de 2006 en utilisant des informations « manifestement » données par le journaliste, dont il partage l’avocat. L’Express a été relaxé.
Comment fonctionne le « pouvoir médiatico-maçonnique » ?
Soulignant la difficulté d’enquêter dans ce milieu secret et dans leur propre profession, Coignard et Koch citent deux autres journalistes déjà révélés (l’ancien PDG de l’AFP Jean Miot et l’animateur Serge Moati). L’appartenance présumée de l’ancienne direction de la rédaction du Parisien avait déjà été évoquée par Le Point.
Les autres noms ou fonctions cités (Patrick Le Lay, Yves de Chaisemartin, les techniciens de France Télévisions, Me Jean-Paul Lévy, avocat de Libération et d’Eric Marquis) ne concernent pas des journalistes.
On reste donc un peu sur sa faim en terme de « révélations ». Ce qui pèche, c’est l’absence d’exemples d’influence éditoriale des journalistes « frères » : censures, silences sur des « affaires » ou promotions injustifiées. Le terme de « pouvoir médiatico-maçonnique » est employé, mais pas démontré sur l’éditorial.
Le journaliste de L’Express raconte avoir reçu des « menaces » d’une éventuelle intervention auprès du maçon Serge Dassault, alors propriétaire de l’hebdo. Sa consoeur les qualifie de « chantage » et de « méthodes mafieuses ». Soit, mais ont-elles été suivies d’effet, ce qui prouverait la réalité de ce « pouvoir médiatico-maçonnique » ? Non.
Un article sur les frères connu d’eux avant son impression…
Seul exemple édifiant, un article de François Koch connu du conseil de l’Ordre du grand orient de France avant même son impression, grâce à une fuite interne…
Sinon, « certains médias ne parlent jamais de maçonnerie ». Anciennement Le Point, et « Le Canard Enchaîné, il me semble », selon François Koch, qui ne donne pas d’autre nom. L’AFP et France Télévisions « sont de grandes pépinières maçonniques » car proches « du service public et de l’Etat ». On ne sait pas ce qu’il en est de TF1 depuis le départ de Le Lay.
De la loge Spartacus qui, « il y a trois ou quatre ans », rassemblait journalistes, patrons et producteurs, un de ses ex-membres a confié à Sophie Coignard que c’était « vraiment trop chiant ».
« Il y en a dans toutes les rédactions »
On veut bien croire que la franc-maçonnerie, dont les dérives ont défrayé la chronique, peut nuire la qualité de l’information, et que des frères journalistes privilégient leur appartenance plutôt que leur déontologie professionnelle.
Mais Médias ne le prouve pas, malgré ses promesses de couverture. Comme le souligne la journaliste du Point en expliquant la pratique du marronnier, « c’est un sujet qui intéresse les lecteurs », y compris dans la profession…
Ultime précision : des franc-maçons, « il y en a dans toutes les rédactions », affirme Sophie Coignard. A Rue89, on aimerait bien savoir qui « en » est, car on n’a pas encore trouvé.