MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard
En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.
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Chronique 04 – 1580 avant J.-C. – Le village de Deir el-Medineh
Implanté depuis plus de trois millénaires en Haute Égypte, non loin de Louxor (Thèbes) et de la Vallée des Rois, le village de Deir el-Medineh n’a jamais eu aucun lien, tant en matière de temps que de lieu, avec la Franc-Maçonnerie spéculative contemporaine ou opérative d’antan.
Il est pourtant cité dans bon nombre d’écrits ayant pour vocation de déterminer les origines du Métier ; à seule fin de prouver que les groupements d’ouvriers, remontant aux temps les plus reculés, contenaient déjà les germes des confréries et guildes du futur.
Car le village égyptien a une particularité évidente, celle d’avoir été édifié pour héberger, dans un cadre très élaboré, les artisans et les ouvriers affectés à la construction des temples funéraires des pharaons et de leurs proches.
Les habitants de Deir el-Medineh sont à l’origine d’une grande partie des tombes et des temples relevant des règnes des Amenhotep, des Thoutmôsis, des Ramsès et de Toutânkhamon ; sans oublier la construction du temple de la reine Hatchepsout – soit pendant une période s’étalant tout au long du Moyen Empire égyptien, de la 18e à la 20e dynastie (années -1550/-1069).
A son apogée, le village était long d’une centaine de mètres et large d’une cinquantaine. Ceint d’un mur, haut de cinq mètres, il ne comportait qu’une seule porte gardée de jour comme de nuit. À l’intérieur, réparties de part et d’autre d’une rue centrale, se dressaient soixante-huit maisons individuelles de briques crues.
Les travailleurs étaient répartis en deux équipes égales, assurant chacune un travail continu de huit journées. Leur salaire, bien plus élevé que celui pratiqué dans les autres régions d’Égypte, était versé en nature.