L’article ainsi dénommé est du rédacteur de l’Express, Christophe Barbier, qui décidemment surfe sur le marronnier qu’est « La Franc-maçonnerie«
Dans cet article on tente de nous plonger dans les relations dangereuses de la Franc-Maçonnerie avec le milieu et pouvoir politique…L’article reprend en substance le documentaire diffusé mardi 6 octobre 2009 et paru hier en supplément de l’hebdomadaire…..Avec quelques précisions en plus…
François Koch, journaliste à L’Express, publie Le Vrai Pouvoir des francs-maçons, une enquête portant notamment sur les relations troubles entres les francs-maçons et le monde politique.
C’est le carrefour de tous les fantasmes et de toutes les dénégations : la franc-maçonnerie fascine ou effraie ceux qui n’en sont pas et imaginent une puissante société secrète ; la franc-maçonnerie enferme ses membres sous le lourd couvercle du secret obligatoire. Ce sont là deux périls convergents pour les « fils de la Veuve ». Ceux qui s’illusionnent sur la franc-maçonnerie et sa puissance sont déçus quand ils en constatent la banalité. Ceux qui se soumettent à l’exigence de dissimulation se retrouvent tôt ou tard en porte à faux avec leur entourage privé ou professionnel.
En ce début de XXie siècle, la franc-maçonnerie traverse une crise plus grave qu’elle ne le croit. Certes, elle a fait le ménage dans ses loges et les dérives les plus affairistes ont reculé, mais les fraternelles, ces regroupements de maçons autour d’intérêts de business, existent toujours : sont-elles plus légalistes ou seulement plus discrètes ? Certes, la franc-maçonnerie entrouvre ses portes, mais le Grand Orient a récusé la mixité au début de septembre, en une obstination misogyne hors du temps. Secret, machisme, clientélisme : le mal qui peut asphyxier la franc-maçonnerie, en fait, c’est l’archaïsme. Aucune menace ne justifie plus de telles pratiques, ni l’ambiance paranoïaque qui les entoure.
Ce tropisme d’obsolescence est d’autant plus dommageable que les « frères » souhaitent toujours rester au contact des politiques et influer sur le sort des urnes. Or la classe politique est affamée de modernité – électeurs et médias obligent. Lentement s’opère donc un découplage entre maçons et dirigeants publics. Si les liens demeurent étroits, sont-ils efficaces ? La production législative de la République porte moins que jamais la trace de la « lumière » maçonne. Quand les réseaux comptent plus que l’influence, le déclin est proche.
Dans Le Vrai Pouvoir des francs-maçons, François Koch, journaliste à L’Express, détaille ce qui demeure de l’emprise maçonne sur la société : comment 159 750 personnes oeuvrent et réfléchissent dans leurs loges pour faire avancer leurs idées… et leur pouvoir. Après un septennat d’investigation au sein des obédiences, il présente une sélection des meilleures enquêtes publiée par le journal, et une série d’analyses que lui ont inspirées les évolutions récentes de la franc-maçonnerie. L’Express présente en avant-première les extraits consacrés aux liaisons incestueuses et parfois dangereuses entre politiques et francs-maçons…
François Koch, Le Vrai Pouvoir des francs-maçons, Express-Roularta éditions, 258 p., 15€
Alain Bauer, le « sarko-maçon »
« Combien de ministres fréquentent une loge ? Combien le gouvernement compte-t-il d’anciens maçons ? » Alain Bauer, le plus jeune maçon à avoir été élu grand maître du Grand Orient, s’est toujours amusé à répondre à ces deux questions de journalistes. Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, qu’il a accepté de tutoyer pendant la campagne présidentielle, son compteur de maçons donne des chiffres ridiculement petits. En janvier 2008, l’expert n’en comptait que « deux ou trois ».[…]
[En février 2008], L’Express révèle que, depuis 1995, Xavier Bertrand, le puissant ministre UMP du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité appartient à la loge les Fils d’Isis de Terguier (Aisne) au GO, donc la même obédience que Bauer.
A L’Express, le grand maître de la Grande Loge nationale française (GLNF), François Stifani, confie que Christian Estrosi, alors secrétaire d’Etat UMP chargé de l’Outre-mer, a été exclu de son obédience il y a une vingtaine d’années pour défaut de paiement de capitation (cotisation). Selon Sophie Coignard, dans Un Etat dans l’Etat (Albin Michel), il faut citer aussi le très proche de Sarkozy et nouveau ministre UMP de l’Intérieur, de l’Outre-mer et des Collectivités territoriales, Brice Hortefeux, comme ancien maçon de la GLNF. […] Au printemps 2009, Alain Bauer soutient qu’il y a au gouvernement, après le départ de Xavier Bertrand, toujours un ministre franc-maçon, dans une autre obédience que le GO, et « une demi-douzaine d’anciens maçons« . Alain Bauer connaissait-il l’appartenance au GO de Xavier Bertrand ? Bien sûr que oui. […] [Xavier Bertrand demande conseil à Bauer au sujet de la révélation de L’Express ; réponse de Bauer] : « Il était très embarrassé et je lui ai conseillé d’assumer. »[…]
Avant la conquête de l’Elysée par Sarkozy, les rumeurs sur l’entrée de Bauer au gouvernement étaient permanentes. Celui que Michel Rocard qualifie de « copain, sympathique et chaleureux » s’évertuait à étouffer ce tintamarre : « Il n’en est pas question, ça a cessé de m’intéresser depuis 1994, année où Rocard a été viré du poste de premier secrétaire du PS et où j’ai quitté ce parti », affirme-t-il alors. Pour refuser l’offre du président d’un secrétariat d’Etat à la Sécurité publique, Bauer aurait répondu : « Tu n’auras jamais les moyens de me payer ! » Comprenez qu’en tant que patron d’AB Associates Bauer gagne très très bien sa vie. Le fin gastronome ne cache pourtant pas qu’il aurait pu être tenté par un poste de ministre d’Etat ou de conseiller à l’Elysée. Si cela lui avait été proposé. « Je préfère pouvoir continuer à dire ce que je pense », indique Bauer, qui sait qu’auprès de Sarkozy il a beaucoup plus d’influence qu’un secrétaire d’Etat. Une évidence, puisque ce président, plus encore que ses prédécesseurs, partage peu le pouvoir avec ses ministres.