Dimanche 6 décembre 2015 à 16 heures et à 19 heures 30 à Schaerbeek (Bruxelles) deux loges bruxelloises s’associent pour offrir un double concert original, « La Flûte Enchantée – Mozart à la Loge » dont les bénéfices seront récoltés en faveur des personnes sans-abris de la région bruxelloise.
Une adaptation originale de l’opéra, présentée dans un temple maçonnique bruxellois.
Un spectacle ouvert à tous les membres de la Franc-Maçonnerie, ainsi qu’à leur entourage familial et amical.
Redécouvrez l’oeuvre initiatique de quatre franc-maçons, à travers une version scénique pour quatre chanteurs, accompagnés de six musiciens sur des instruments à vent.
L’Ensemble Quartz (flûte, hautbois, clarinettes, cor et basson) se produira en compagnie d’Aurélie Moreels (dans les rôles de la Reine de la Nuit et de Papagena), de Sabine Conzen (dans le rôle de Pamina), de Vincent Lesage (dans le rôle de Tamino, le Prince), et de Kobe Baeyens (dans le rôle de Papageno, l’oiseleur royal).
L’arrangement musical a été élaboré par Gérard Noack, d’après l’œuvre originale « Die Zauberflöte » de Wolgang Amadeus Mozart.
L’adaptation du livret et la mise en scène sont réalisés par Sabine Conzen, sous une forme qui plaira certainement beaucoup, en particulier au jeune public.
A l’occasion de la Fête de Saint-Nicolas, les enfants de moins de 12 ans pourront assister gratuitement à ce spectacle. De plus, un goûter (10 euros) suivra la représentation de 16 heures. Ce sera l’occasion pour une visite de ce personnage traditionnel…
Après la représentation de 19 heures 30, un buffet dînatoire (15 euros) sera proposé.
Renseignements et réservations par courrier électronique : mozartalaloge@gmail.com.
Les paiements doivent être effectués sur le compte bancaire n° BE91 0010 8284 7776, au plus tard le 27 novembre 2015 pour les commandes des repas.
L’entrée du concert est fixée à 25 euros pour les adultes et à 15 euros pour les adolescents de 12 à 18 ans.
Un opéra initiatique et maçonnique
Mozart avait été initié comme franc-maçon le 14 décembre 1784 à la loge viennoise «La Bienfaisance», dont la vocation était l’action caritative et la mise en pratique des idées de «I’Aufklärung», c’est-à-dire l’élévation vers la lumière, qui brille dans les ténèbres…
Sur le plan musical, à contre-courant de la mode, Mozart défend le «singspiel», l’opéra comique allemand, écrit dans une langue intelligible par tous et s’adressant à toutes les classes sociales. C’est un mélange de genres, évoquant à la fois l’opéra «buffa» et l’opéra «seria», la comédie et la tragédie, le chant populaire et le chant religieux, sur fond de bonne grosse farce à la sauce germanique, le tout assorti d’effets spéciaux et de techniques d’illusionnisme, pour renforcer l’aspect magique. Cette position fait fuir le public aristocratique…
Mozart travaille donc à la composition de «La Flûte enchantée» pour un auditoire de banlieue, bien loin des préoccupations ésotériques de la noblesse et de la haute société viennoises ; il recherche l’audience la plus large pour une œuvre porteuse de paix, d’amour et de fraternité. Grâce à la maîtrise accomplie de son art musical, il ne composera toutefois pas une œuvre en forme de bric-à-brac, mais un ensemble savamment organisé, quoique sur base d’une intrigue complexe, présentant de nombreux rebondissements, et dont le caractère hétéroclite ou éclectique peut déconcerter au premier abord.
Au niveau symbolique, Mozart semble également adopter, dans son opéra, une position originale et courageuse, en prenant le parti de réhabiliter la femme par la voie de l’initiation du couple, dans la plus haute acception du terme. Aussi les amants sont-ils compris à cette époque comme ceux qui aiment et sont pareillement aimés en retour. D’ailleurs, l’amour ne permet-il pas de surmonter les épreuves initiatiques les plus difficiles de l’existence ? Dès lors, le scénario de l’oeuvre n’est pas sans évoquer certaines cérémonies de réception dans la Franc-Maçonnerie.
Tamino ne sera pas seul pour affronter les différents dangers qu’il rencontrera dans sa recherche de Pamina, prisonnière de sa mère, la Reine de la Nuit, dans un temple gardé par un serpent : il pourra compter sur l’aide de son nouvel ami, Papageno, en quête, quant à lui, de Papagena. Ils recevront chacun un instrument de musique aux pouvoirs magiques, qui les aidera à trouver leur chemin jusqu’à la porte du temple. Tamino ne pourra y entrer qu’avec la main de son amante, pour y former des liens éternels. Sa flûte lui permettra d’en franchir les portes et, par son union avec Pamina, de mettre fin au règne de la Reine de la Nuit. Cet instrument à vent n’a-t-il pas été fabriqué sous la pluie, au bruit du tonnerre et à la lueur des éclairs ? Papageno et Pamina devront, de leur côté, affronter le serpent de la Reine de la Nuit. En jouant de son glockenspiel, Papageno pourra ensuite retrouver Papagena, qui, dans un dernier duo amoureux, acceptera de devenir son épouse. En définitive, la force du couple aura vaincu les obstacles, la beauté et la sagesse seront couronnées pour l’éternité, tandis que la terre deviendra un royaume céleste où les mortels seront semblables aux dieux.
Cette oeuvre lumineuse, épousant l’esthétique du merveilleux, repose sur un livret résultant du travail collectif de quatre francs-maçons aux personnalités fort différentes. Son auteur principal, Emmanuel Schikaneder, tenait aussi le rôle comique de Papageno, fait à sa mesure. Participèrent avec lui à la création de l’opéra Johann Metzler, juriste, minéralogiste, auteur et interprète sous le nom de Giesecke, et le baron Ignaz von Born, juriste, philosophe et minéralogiste. Ce dernier était l’un des piliers de «I’Aufklärung» et le secrétaire de la Grande Loge d’Autriche ; il participait à chaque fois aux souscriptions destinées à financer les œuvres de Mozart. Ce dernier fut le ciment des talents variés de cette équipe, qu’il parvint à marier harmonieusement.
C’est dans les faubourgs populaires de la capitale autrichienne, sur les planches du théâtre de bois d’Emmanuel Schikaneder, sous l’enseigne «Auf den Linden», que l’opéra a été présenté pour la première fois le 30 septembre 1791.
Mozart participe aux répétitions, dirige la première représentation, puis la seconde ; il assiste à plusieurs autres au cours du mois d’octobre, avant de sombrer dans la maladie et de mourir, le 5 décembre suivant, laissant par ailleurs son requiem inachevé. Dans les derniers jours de sa vie, selon son épouse, il suivait chaque soir dans son lit le déroulement de l’opéra, montre en main, fredonnant chaque air l’un après l’autre. « Die Zauberflöte » est resté à l’affiche pendant plusieurs années après qu’il soit passé à l’Orient éternel…