Voici la question 31 de la Série« MISCELLANEA MACIONICA » (Miscellanées Maçonniques) tenue par Guy Chassagnard, ancien journaliste professionnel qui, parvenu à l’âge de la retraite, a cessé de traiter l’actualité quotidienne, pour s’adonner à l’étude de la Franc-Maçonnerie et de son histoire.
Miscellanea Macionica : Quelle est la signification du labyrinthe ?
La réponse nous est donnée par Marcellin Berthelot (1827-1907), qui fut en son temps chimiste renommé, historien des sciences et ministre de la IIIe République :
As-tu entendu parler, étranger d’un labyrinthe dont Salomon forma le plan dans son esprit, et qu’il fit construire avec des pierres rassemblées en rond ? En voyant ses mille circuits, de l’intérieur à l’extérieur, ses routes sphériques qui reviennent en rond [le labyrinthe a la forme d’un cercle], de çà de là, sur elles-mêmes, apprends le cours circulaire de la vie, te manifestant ainsi les coudes glissants de ses chemins brusquement repliés.
Par ses évolutions sphériques, circulaires, il s’enroule subtilement en cordons composés, de même que le serpent pernicieux, dans ses replis, rampe et se glisse, d’une façon tantôt manifeste et tantôt secrète.
Il a une porte placée obliquement et d’un accès difficile. Plus tu acccours du dehors en voulant t’élancer, plus lui-même, par ses détours subits, t’engage à l’intérieur, vers la profondeur où se trouve la sortie. Il te séduit chaque jour dans tes courses, il se joue et se moque de toi par les retours de l’espérance. Comme un songe qui t’abuse par des visions vaines, jusqu’à ce que le temps qui règle la comédie se soit écoulé ; et que le trépas, hélas ! réglant tout dans l’ombre, t’ait reçu, sans te permettre de réussir à atteindre la sortie.
Le Labyrinthe de Salomon, encore appelé Chemin de Jérusalem, se trouvait jadis figuré dans de nombreuses cathédrales ; il y a été souvent détruit à la fin de l’époque médiévale parce que considéré comme une illustration du mal. Demeurent cependant les labyrinthes de Chartres, long de quelque 235 mètres, et d’Amiens, qui (de forme octogonale) s’inscrit dans un cercle d’une quinzaine de mètres de diamètre.
Symbole de l’unité et de la perfection, le labyrinthe concrétisait l’effort que devait déployer l’homme pour vaincre les épreuves de la vie et parvenir au centre du monde ou à la Jérusalem céleste. Le pèlerin qui ne pouvait se rendre en Terre sainte parcourait son tracé à genoux, plongé dans la prière et l’introspection.
Pour le franc-maçon, le cheminement du labyrinthe, au caractère initiatique par ses détours et ses complications, mène au Grand Architecte de l’Univers et à la réalisation du Moi.
• Pour en savoir plus : Collection des Anciens Alchimistes grecs, en 3 tomes, (Marcellin Berthellot, 1887-1888). Le Symbolisme maçonnique traditionnel (Jean-Pierre Bayard, ABI, 1976).
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