Dans le cadre du Le Centenaire de la Loge Le Devoir Social à Mont-de-Marsan, deux frères de la loge affiliée au Grand Orient de France (GODF) ont été interviewé par l’éditorial « Sud-Ouest« .
A noter que Grand Maître du Grand Orient de France, donnera une conférence le 8 samedi février 2014 à 20h30.
Voir le programme complet du centenaire ci-dessous :
Site du centenaire de la Loge Devoir Social à Mont-de-Marsan
Article « Le devoir social, maçon depuis cent ans » de Sud-Ouest
Elle s’appelle Le Devoir social. Elle est née petitement en 1914 mais est toujours là 100 ans après. Rencontre avec deux frères.
« Sud Ouest ». Le thème de la conférence d’ouverture était la maçonnerie montoise sous l’Occupation, sa persécution…
Daniel Teboulle et Alain Pécastaing. C’est un épisode important. Pétain considérait les francs-maçons comme appartenant à l’anti-France. La loi les réprimant à l’été 1940 est antérieure à celles contre les juifs. À Mont-de-Marsan, les locaux de la loge ont été réquisitionnés, l’immeuble confisqué, tout l’argent volé. Des listes de francs-maçons fonctionnaires sont dressées, tous ceux qui occupent dans la loge une fonction même peu importante sont renvoyés. À l’époque, il y a entre 150 et 200 frères ici, plus peut-être 50 autres dans les Landes.
Qui sont ces francs-maçons?
Des petits fonctionnaires, des petits bourgeois, pas des grands. D’ailleurs une partie de l’administration a traîné des pieds pour aller au bout de la persécution. Ils ne cachaient pas leur appartenance. Ce qui s’est passé sous l’Occupation explique pourquoi ils sont restés discrets depuis.
Comment est née la loge Le Devoir social?
La Concorde, la première loge montoise, est créée en 1888. C’est elle qui mène la lutte contre les cléricaux, contre la droite. Millès-Lacroix, Louties puis Bézos ou Lalanne, tous les hommes politiques landais étaient francs-maçons. Après 1905 notamment, il y a eu divergence entre ceux qui voulaient aller plus loin sur le plan social et les partisans des possédants. En 1914, cela s’est traduit par une scission. Les seconds ont été dans la Grande loge de France, considérée comme plus modérée, les premiers, une poignée, sont restés au Grand Orient et ont créé le Devoir social. En 1916, dans l’idée de lutter contre la hausse des prix initiée par les commerçants qui spéculent, la loge initie la création d’une coopérative la Ligue des consommateurs. Le succès dépasse les espérances. Les francs-maçons organisaient des manifestations pour collecter des fonds afin de venir en aide aux déshérités. C’est de la philanthropie, une solidarité laïque dont deux bons exemples sont Emile Gobert, maire de Mont-de-Marsan à la fin du XIXe siècle, qui crée un bureau de bienfaisance ou Ferdinand de Candau, qui lègue tous ses biens à la loge. Son testament sera attaqué par sa famille.
Que représente la franc-maçonnerie aujourd’hui ?
Daniel Keller, Grand maître du Grand Orient de France, viendra en parler samedi soir. Pourquoi être franc-maçon aujourd’hui ? C’est essayer de faire en sorte que la société aille mieux, frotter ses idées, travailler ensemble, s’éclairer les uns les autres, faire l’apprentissage de la tolérance. »
Vous êtes partie prenante des luttes sociétales du moment ?
Bien sûr. Davantage que pour le mariage pour tous qui ne fait pas consensus chez nous, c’est pour la possibilité de mourir dans la dignité que nous nous battons.
Que pèse Le Devoir social 100 ans après?
Nous sommes 65 en 2014. Avec Dax et Capbreton, nous sommes entre 400 et 500 francs-maçons dans les Landes. Le poids politique de la franc-maçonnerie jusqu’en 1905 et même 1940 a disparu. Le fantasme sur la malignité de la franc-maçonnerie, la caricature de la pieuvre, ça existe toujours. Nous faisons partie du grand complot judéo-maçonnique dont la dénonciation a refait irruption dans l’actualité.
On entend ces derniers temps des slogans odieux contre les juifs moins contre les francs maçons…
Daniel Teboulle.Ça reste toujours la théorie du complot judéo-maçonnique.
Source : Publié par JEAN-FRANÇOIS RENAUT