Voici une très belle histoire intitulée « Le Pavé Mosaïque de l’église » dénichée sur le blog « Hypathie2012 »
Au détour d’un chemin mes pas se sont arrêtés il y a peu dans un petit village du Lot.
Un vieillard chenu à surgit de nul part, son regard était délavé par mille années de vie.
Mille années à contempler à l’ombre de la croix « la Commanderie ».
Sans me connaître il a prit mon bras et m’a dit :
– « Je vous attendais », devant mon air surpris il a poursuivit :
– « vous venez revoir l’église n’est ce pas ? », pensant qu’il m’avait confondu avec une autre personne je lui ai signalé que c’était bien la première fois que mes pas me conduisaient en son village.
Il m’a alors assuré que non, et qu’il y avait bien longtemps j’avais été en ce lieu.
Puis il a disparu dans une petit maison, pour chercher « LA CLE ».
Reprenant mon bras, il m’a guidé vers l’église et en a ouvert la lourde porte.
Au début je n’ai rien vu, car le soleil de cette fin juin avait empli mes yeux de poudre d’été.
Puis j’ai descendu les marches comme on remonte le temps.
Mes pas se sont d’abord arrêtés sur le sol. Un dallage rouge et blanc faisait damier. Un pavé mosaïque bicolore gardien du symbolisme, s’étendait au sol avant que de courir sur les murs peints.
Ici était représenté à n’en pas douter les couleurs des deux œuvres transmutatoires : la blanche marquant la fixation bien avancée de la matière et la rouge, sa fixation parfaite. Ainsi l ‘alchimie servant à fixer, à stabiliser était ; tout comme ce sol, base de ce temple Millénaire.
J’ai posé mes pas sur la pierre froide et douce patinée par les ans.
En cette église ce n’était point le noir et le blanc qui s’opposaient mais le blanc couleur de l’aube et le rouge évoquant la lumière divine, les couleurs n’étaient pas opposées mais complémentaires, évoquant le premier matin du monde et l’action divine le transformant.
Fermant les yeux j’ai sentie la mort et la renaissance, telle la lumière naissant des ténèbres, je baignais dans la lumière créatrice glissant vers l’apaisement qui régénère.
Je n’étais plus dans l’église, mais dans le temple de Salomon; puis en Égypte. Le temps et mes pas glissaient sur l’eau,j’avais atteins « Le Noun ».
Le marais primordial ; à ma droite et à ma gauche des colonnes lotiformes et papyriformes y plongeaient leurs racines mémoriales.
Devant mes yeux la ligne brisée hiéroglyphique symbole de l’énergie,au rythme binaire faite de creux et de bosse ^^^ me ramenait à l’alternance colorée de ce pavement.
Ainsi L’Être que je suis ne sortait pas du néant mais de l’océan des énergies ; des possibles.
Oui ! à cet instant précis je savais que je ne sortais pas du néant, pas de la mort. Je prenais pleinement conscience que la mort ne pouvait exister sans la vie, ni avant celle ci.
Dans cette église j’avais vaincu mes peurs, et mes peines.
Ainsi l’ombre et la lumière n’étaient pas opposées mais naissaient l’une de l’autre, ainsi la dualité est création, n’excluaient pas un aspect pour un autre, poussant à considérer aspect caché et aspect invisible, leur alternance créait le mouvement.
Je pensais alors que c’est en refusant d’exclure mais en tentant a chaque instant de voir ce qui relie des choses nous semblant opposées que nous parvenons à voyager à devenir centre du mouvement.
Cette reliance clé de la pensée ternaire était sous mes yeux sculpté sur l’autel.
Le temple de Salomon et ses fenêtres grillagées peinte sur le mur.
Le vieil homme me regardait en souriant
– « Vous voyez bien que vous êtes déjà venu !!!! »
– « Vous aviez raison, il y a mille ans ».
Ce beau texte me rappelle Jean-Philippe Lauer et son magnifique livre « Je suis né en Egypte il y a 4700 ans ».
La rémanence.
Proposition 22 et 23 de l’éthique de Spinoza.
Proposition 23
L’âme humaine ne peut entièrement périr avec le corps ; il reste quelque chose d’elle, quelque chose d’éternel.