TITRE : Dictionnaire universel de la Franc-Maçonnerie
AUTEURS : Marc de Jode, Monique et Jean Marc Cara
EDITEUR : Larousse (31 août 2011)
RÉSUME : La franc-maçonnerie est-elle une secte ? Une religion ? Un lobby d’affairistes ? Un club de rencontre ? Un groupe de psychothérapie ? Un parti politique ? Une secte ?
La franc-maçonnerie qui pratique des «rites» dans des «temples», dont les membres qui sont des «initiés», peuvent devenir des «Maîtres», voire des «Grands Maîtres»… Autant d’expressions à connotation quelque peu ésotérique, mais suffisent-elles pour la qualifier de «secte» ?
Pour répondre à cette question sans doute faut-il définir ce qu’est réellement une secte.
Le mot «secte» vient du latin secta qui lui-même proviendrait des verbes sequor (suivre) et secare (couper). Une secte serait alors un groupe de personnes suivant un maître, en rupture avec une branche majoritaire. Rien de bien péjoratif.
Mais, aujourd’hui, les critères généralement utilisés par les Renseignements généraux pour définir une secte sont la déstabilisation mentale, des exigences financières exorbitantes, une rupture avec l’environnement d’origine, des atteintes à l’intégrité physique et l’embrigadement des enfants, sans compter le danger pour la collectivité.
Pour l’ADFI (Association de défense des familles et de l’individu), une secte est «un groupe dans lequel on pratique une manipulation mentale qui entraîne endoctrinement, contrôle de la pensée, viol psychique, destruction de la personne et de la famille, voire de la société». Une définition proche de celle de la Commission parlementaire française d’enquête sur les sectes qui parle de «déstabilisation psychologique», d’«allégeance inconditionnelle» et de «dangers» pour les libertés individuelles, la santé, l’éducation, les institutions démocratiques.
Peut-on décemment rapprocher ces définitions de la franc-maçonnerie ? À l’évidence non.
Il est facile d’entrer dans une secte, mais très difficile d’en sortir. En maçonnerie c’est l’inverse, difficile d’y entrer et très facile d’en sortir. La franc-maçonnerie ne pratique pas le prosélytisme, elle considère qu’il est indispensable que chacun décide librement de la rejoindre en fonction de son vécu et de ses recherches personnelles.
D’autre part, il sera bien difficile de trouver un gourou ou un leader charismatique chez les francs-maçons. Pas de maître tout-puissant, organisant la vie et les pensées des adeptes. Le franc-maçon est avant tout un indécrottable libre-penseur s’affirmant comme «un maçon libre dans une loge libre». Impossible de le faire taire, impossible de lui faire réciter une vérité toute faite. La franc-maçonnerie n’enseigne aucune doctrine, aucun catéchisme officiel. Elle propose des outils et des symboles que chacun peut interpréter librement.
Une religion ?
Non, pas plus qu’elle n’est une secte. Certes, la franc-maçonnerie moderne a été instituée par deux pasteurs anglicans dans la mouvance des convictions philosophiques déistes, c’est-à-dire la croyance en un Dieu unique, créateur de l’univers. Mais elle rejette l’idée même de dogme auquel il serait obligatoire de se référer.
Si certaines mouvances demandent de croire en Dieu, d’autres font référence au principe créateur d’un «Grand Architecte de l’Univers». Et nombreuses sont celles qui n’exigent aucune croyance religieuse de leurs membres. Il y a des francs-maçons de toutes religions, des croyants, des agnostiques, des déistes, des athées, des anticléricaux et des membres du clergé. En tout état de cause, s’il y a parfois sentiment religieux, ce n’est jamais envers la franc-maçonnerie mais envers une entité que chacun est libre de définir ou non. La franc-maçonnerie n’enseigne aucune doctrine, juste une tradition.
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